Une chronique de
 Jocelyn Daneau

lundi 25 mai 2020

De la technique du carton au télétravail

Pour mes sujets de chroniques, pour me rappeler de faire une tâche ou simplement pour prendre des notes, j’ai recours à la technique du carton; une façon de faire de vieux. Ainsi, j’ai toujours sur mon bureau, pêle-mêle, une pile de cartons avec mes gribouillis, que je tripotte continuellement. Alors, vous serez peut-être surpris d’apprendre que j’utilise comme carton depuis août 2017, les billets non vendus du moitié-moitié de ce que l’on appelait alors, le Festival de la gibelotte. Ex-vendeur de ceux-ci, j’ai récupéré le tout, environ 2 à 2 500 billets (en 2 parties = 5 000 cartons) avant qu’ils ne prennent le chemin du recyclage. Pourquoi je vous raconte cette tranche de vie assez insipide? Pour vous dire que j’ai fait le ménage dans mes cartons et voici donc, quelques sujets en vrac.

 

Jeune

« Un vieux, c’est un jeune qui se demande ce qui s'est passé. » C’est une adaptation d’une citation d’un monsieur qui s’appelait Terry Pratchett (1948-2015). C’est bon pour l’esprit, l’être et surtout, l’illusion. Pour le reste, le physique et l’énergie vitale, ça ne vaut rien. La réalité, personne ne souhaite être vieux et tout le monde voudrait demeurer jeune. Comme le dirait Fils à moi quand je me répète, moqueur : « Une autre fois popa ! ». Une autre que je répète souvent : « La vie est un éternel combat dont personne ne sort vivant ».

Ce qui fait que le jeunisme amène des aberrations comme cette Française de 39 ans qui gagne le Prix du meilleur jeune économiste 2020 du journal Le Monde. Je regrette, mais à 39 ans, si tu es encore jeune, c’est que tu n’es pas mature. À 39 ans, tu es presque dans le milieu de ta vie, selon l’espérance de vie moyenne en Occident qui tourne autour de 80 ans. La jeunesse, c’est 30 ans et moins ; après, c’est une autre étape. Cessons l’illusion de la jeunesse… sans pour autant vieillir.

Pourquoi ce commentaire? Peut-être parce que je suis jaloux de l’âge de la dame et de son succès. Peut-être est-ce les effets du confinement. Allez dont savoir.

Hedger

Terme anglais qui signifie « couverture de risque ». Il s’agit simplement, à l’aide de méthodes et de calculs souvent complexes ou de la simple intuition, d’anticiper le futur pour minimiser son risque et maximiser ses profits. À la bourse par exemple, on appelle ça : « Vendre au bon moment ».

Ainsi, le duo Legault-Arruda en matière de déconfinement, de même que tous les décideurs sur la planète même inconsciemment, gèrent le risque et ses impacts en faisant l’arbitrage entre la minimisation du nombre de morts et la maximisation de la relance de l’économie. On appelle ça, maximiser sous contrainte. Soyons réalistes, restez confinés même si tu es retraité, c’est l’équivalent à terme de réduire ton niveau de vie et à la limite, de crever de faim. Alors, ne soyons pas dupes, il y a un fort consensus social pour affronter la Bête.

Ainsi, quand le bon docteur Arruda nous autorise des rencontres extérieures de 10 personnes ou moins, d’un maximum de 3 familles, il sait très bien qu’en moyenne, vous allez étirer l’élastique. C’est dans la nature des choses. En fait, comme pour des enfants et bien des adultes, il nous a donné un pied (un mètre) sachant que nous allons en prendre deux. Il a donc couvert le risque d’une augmentation de la propagation de l’épidémie en acceptant une hausse des cas de celle-ci, mais à un niveau inférieur du seuil d’alarme pour reconfiner. Autrement dit, il a fixé une limite de déconfinement inférieur au seuil de l’obligation de reconfiner.

C’est un jeu d’équilibriste ou la décision ne s’appuie pas sur des règles formelles, coulées dans le béton. Cependant, soyons conscients que les médecins-mathématiciens-épidémiologistes sont à l’œuvre avec graphiques et tableaux pour traduire le tout en données pour la prise de décision. Laquelle est teintée et influencée par la classe politique ou les groupes de pression, comme cela doit être le cas aujourd’hui même, de la part des propriétaires de terrains de camping.

Ce qui fait que dans les courbes et tableaux de cas confirmés, de morts, de nombre d’hospitalisations, de cas de soin intensif, il y a ce que l’on appelle des points d’inflexion qui sont en fait des moments de ruptures à ne pas franchir, sous peine de voir le nombre de décès monter subitement en flèche.

Autrement dit, en termes de déconfinement, le duo Legault-Arruda nous a donné de la corde. Ne nous pendons pas avec celle-ci comme semblait vouloir le faire les gens que j’ai vus ce dimanche, dans un magasin grande surface de la ville de Saurel et à Regard sur le fleuve. Consolons-nous, les photos disponibles dans les médias sur le Memorial Day aux États-Unis, nous montrent des plages et autres endroits qui débordent d’une proximité humaine pandémique.

Marc Vigneault

Je l’avais oublié celui-là, un individu qui au demeurant, je connais peu. Dans une chronique de décembre 2016 intitulée Traitons Marc Vigneault comme nous voudrions être traités, en réaction au lynchage médiatique public dont il avait été la cible, j’avais écrit et je n’étais pas le seul à le penser : « ... si les faits reprochés à M. Vigneault sont exacts … je suis d’avis que la sentence de congédiement en regard de l’offense est nettement exagérée. Autrement dit, la Commission scolaire de Sorel-Tracy a utilisé un canon pour tuer une mouche. Si les faits reprochés sont avérés – Marc Vigneault à l’intention de les contester – je pense qu’une simple rétrogradation sur un poste de moindre portée aurait été nettement suffisante. À moins bien sûr, que cette « sentence de mort » prononcée contre M. Vigneault cache une autre raison. »

Je cite le SorelTracy Magazine du 21 mai 2020 : « … le tribunal annule le congédiement imposé le 29 novembre 2016, qu’il substitue au congédiement une suspension d’une durée d’une semaine, qu’il ordonne à la Commission scolaire de Sorel-Tracy de réintégrer Marc Vigneault dans son emploi avec tous les droits et privilèges dans les 30 jours de la présente décision. »

Quand la rectitude politique, l’absence d’imputabilité et de gros bon sens des administrateurs d’organisme l’emportent sur le jugement, ça donne le cas Marc Vigneault. Bravo M. Vigneault pour votre persévérance et en espérant que la suite des choses vous donnera satisfaction, même si tout l’argent du monde ne saurait réparer le préjudice des années perdues.

Pour la direction de la Commission scolaire qui je l’espère, ne fera pas l’erreur de vouloir corriger une erreur par une autre erreur en allant en appel du jugement, c’est tout un casse-tête de réintégration ou de prime de départ volontaire, dans un contexte où l’argent est rare.

Le télétravail et ses impacts

Nous pouvons affirmer sans risque de nous tromper que l’implantation généralisée en mode accéléré du télétravail se positionne maintenant, comme un fait presque acquis qui normalement, aurait pris des années à se concrétiser. Parmi tous les changements durables que la pandémie induira, celui-ci sera probablement l’un des plus importants.

Par exemple, plusieurs envisagent, sinon la disparition des centres-villes et de grands édifices comme nous les connaissons, du moins leur métamorphose; vaste sujet. Mais il ne faut jamais sous-estimer la capacité des villes à se réinventer comme l’ont fait Détroit aux États-Unis, Montréal au Québec et dans à une moindre échelle, Drummondville et même, Shawinigan et Contrecœur.

On pourra en reparler. Mais, autre exemple, j’ai l’impression que c’est la notion de fin de semaine qui disparaîtra bientôt avec le télétravail. La semaine de travail ne sera pas nécessairement plus longue en termes de nombre d’heures, mais celle-ci se fera dorénavant par fragmentation; pourquoi perdre un beau vendredi ensoleillé quand le samedi ou le dimanche s’annoncent pluvieux?

Jocelyn Daneau, isolé dans ses cartons, jocelyndaneau@gmail.com

 PUBLICITÉ STM

 
Bookmark and Share

PUBLICITÉ

------------------------

 




 
Le SorelTracy Magazine
une filiale des Productions Kapricom
Tous droits réservés
© 2000-2019