De la technique
du carton au télétravail
Pour mes sujets de chroniques,
pour me rappeler de faire une
tâche ou simplement pour prendre
des notes, j’ai recours à la
technique du carton; une façon
de faire de vieux. Ainsi, j’ai
toujours sur mon bureau,
pêle-mêle, une pile de cartons
avec mes gribouillis, que je
tripotte continuellement. Alors,
vous serez peut-être surpris
d’apprendre que j’utilise comme
carton depuis août 2017, les
billets non vendus du
moitié-moitié de ce que l’on
appelait alors, le Festival de
la gibelotte. Ex-vendeur de
ceux-ci, j’ai récupéré le tout,
environ 2 à 2 500 billets (en 2
parties = 5 000 cartons) avant
qu’ils ne prennent le chemin du
recyclage. Pourquoi je vous
raconte cette tranche de vie
assez insipide? Pour vous dire
que j’ai fait le ménage dans mes
cartons et voici donc, quelques
sujets en vrac.
Jeune
« Un vieux, c’est un jeune
qui se demande ce qui s'est
passé. » C’est une
adaptation d’une citation d’un
monsieur qui s’appelait
Terry Pratchett (1948-2015).
C’est bon pour l’esprit, l’être
et surtout, l’illusion. Pour le
reste, le physique et l’énergie
vitale, ça ne vaut rien. La
réalité, personne ne souhaite
être vieux et tout le monde
voudrait demeurer jeune. Comme
le dirait Fils à moi quand je me
répète, moqueur : « Une autre
fois popa ! ». Une autre que
je répète souvent : « La vie
est un éternel combat dont
personne ne sort vivant ».
Ce qui fait que le jeunisme
amène des aberrations comme
cette Française de 39 ans qui
gagne le
Prix du meilleur jeune
économiste 2020
du journal Le Monde. Je
regrette, mais à 39 ans, si tu
es encore jeune, c’est que tu
n’es pas mature. À 39 ans, tu es
presque dans le milieu de ta
vie, selon l’espérance de vie
moyenne en Occident qui tourne
autour de 80 ans. La jeunesse,
c’est 30 ans et moins ; après,
c’est une autre étape. Cessons
l’illusion de la jeunesse… sans
pour autant vieillir.
Pourquoi ce commentaire?
Peut-être parce que je suis
jaloux de l’âge de la dame et de
son succès. Peut-être est-ce les
effets du confinement. Allez
dont savoir.
Hedger
Terme anglais qui signifie « couverture
de risque ». Il s’agit
simplement, à l’aide de méthodes
et de calculs souvent complexes
ou de la simple intuition,
d’anticiper le futur pour
minimiser son risque et
maximiser ses profits. À la
bourse par exemple, on appelle
ça : « Vendre au bon moment ».
Ainsi, le duo Legault-Arruda en
matière de déconfinement, de
même que tous les décideurs sur
la planète même inconsciemment,
gèrent le risque et ses impacts
en faisant l’arbitrage entre
la minimisation du nombre de
morts et la maximisation de la
relance de l’économie. On
appelle ça, maximiser sous
contrainte. Soyons réalistes,
restez confinés même si tu es
retraité, c’est l’équivalent à
terme de réduire ton niveau de
vie et à la limite, de crever de
faim. Alors, ne soyons pas
dupes, il y a un fort consensus
social pour affronter la Bête.
Ainsi, quand le bon docteur
Arruda nous autorise des
rencontres extérieures de 10
personnes ou moins, d’un maximum
de 3 familles, il sait très bien
qu’en moyenne, vous allez étirer
l’élastique. C’est dans la
nature des choses. En fait,
comme pour des enfants et bien
des adultes, il nous a donné un
pied (un mètre) sachant que nous
allons en prendre deux. Il a
donc couvert le risque d’une
augmentation de la propagation
de l’épidémie en acceptant une
hausse des cas de celle-ci, mais
à un niveau inférieur du seuil
d’alarme pour reconfiner.
Autrement dit, il a fixé une
limite de déconfinement
inférieur au seuil de
l’obligation de reconfiner.
C’est un jeu d’équilibriste ou
la décision ne s’appuie pas sur
des règles formelles, coulées
dans le béton. Cependant, soyons
conscients que les
médecins-mathématiciens-épidémiologistes
sont à l’œuvre avec graphiques
et tableaux pour traduire le
tout en données pour la prise de
décision. Laquelle est teintée
et influencée par la classe
politique ou les groupes de
pression, comme cela doit être
le cas aujourd’hui même, de la
part des propriétaires de
terrains de camping.
Ce qui fait que dans les courbes
et tableaux de cas confirmés, de
morts, de nombre
d’hospitalisations, de cas de
soin intensif, il y a ce que
l’on appelle des points
d’inflexion qui sont en fait des
moments de ruptures à ne pas
franchir, sous peine de voir le
nombre de décès monter
subitement en flèche.
Autrement dit, en termes de
déconfinement, le duo Legault-Arruda
nous a donné de la corde. Ne
nous pendons pas avec celle-ci
comme semblait vouloir le faire
les gens que j’ai vus ce
dimanche, dans un magasin grande
surface de la ville de Saurel et
à Regard sur le fleuve.
Consolons-nous, les photos
disponibles dans les médias sur
le Memorial Day aux
États-Unis, nous montrent des
plages et autres endroits qui
débordent d’une proximité
humaine pandémique.
Marc Vigneault
Je l’avais oublié celui-là, un
individu qui au demeurant, je
connais peu. Dans une chronique
de décembre 2016 intitulée
Traitons Marc Vigneault comme
nous voudrions être traités,
en réaction au lynchage
médiatique public dont il avait
été la cible, j’avais écrit et
je n’étais pas le seul à le
penser : « ... si les faits
reprochés à M. Vigneault sont
exacts … je suis d’avis que la
sentence de congédiement en
regard de l’offense est
nettement exagérée. Autrement
dit, la Commission scolaire de
Sorel-Tracy a utilisé un canon
pour tuer une mouche. Si les
faits reprochés sont avérés –
Marc Vigneault à l’intention de
les contester – je pense qu’une
simple rétrogradation sur un
poste de moindre portée aurait
été nettement suffisante. À
moins bien sûr, que cette
« sentence de mort » prononcée
contre M. Vigneault cache une
autre raison. »
Je cite le
SorelTracy Magazine
du 21 mai 2020 : « … le
tribunal annule le congédiement
imposé le 29 novembre 2016,
qu’il substitue au congédiement
une suspension d’une durée d’une
semaine, qu’il ordonne à la
Commission scolaire de
Sorel-Tracy de réintégrer Marc
Vigneault dans son emploi avec
tous les droits et privilèges
dans les 30 jours de la présente
décision. »
Quand la rectitude politique,
l’absence d’imputabilité et de
gros bon sens des
administrateurs d’organisme
l’emportent sur le jugement, ça
donne le cas Marc Vigneault.
Bravo M. Vigneault pour votre
persévérance et en espérant que
la suite des choses vous donnera
satisfaction, même si tout
l’argent du monde ne saurait
réparer le préjudice des années
perdues.
Pour la direction de la
Commission scolaire qui je
l’espère, ne fera pas l’erreur
de vouloir corriger une erreur
par une autre erreur en allant
en appel du jugement, c’est tout
un casse-tête de réintégration
ou de prime de départ
volontaire, dans un contexte où
l’argent est rare.
Le télétravail et ses impacts
Nous pouvons affirmer sans
risque de nous tromper que
l’implantation généralisée en
mode accéléré du télétravail se
positionne maintenant, comme un
fait presque acquis qui
normalement, aurait pris des
années à se concrétiser. Parmi
tous les changements durables
que la pandémie induira,
celui-ci sera probablement l’un
des plus importants.
Par exemple, plusieurs
envisagent, sinon la disparition
des centres-villes et de
grands édifices
comme nous les connaissons, du
moins leur métamorphose; vaste
sujet. Mais il ne faut jamais
sous-estimer la capacité des
villes à se réinventer comme
l’ont fait Détroit aux
États-Unis, Montréal au Québec
et dans à une moindre échelle,
Drummondville et même,
Shawinigan et Contrecœur.
On pourra en reparler. Mais,
autre exemple, j’ai l’impression
que c’est la notion de fin de
semaine qui disparaîtra bientôt
avec le télétravail. La semaine
de travail ne sera pas
nécessairement plus longue en
termes de nombre d’heures, mais
celle-ci se fera dorénavant par
fragmentation; pourquoi perdre
un beau vendredi ensoleillé
quand le samedi ou le dimanche
s’annoncent pluvieux?
Jocelyn Daneau,
isolé dans ses cartons,
jocelyndaneau@gmail.com |