Une chronique de
 Jocelyn Daneau

samedi 11 avril 2020

La région de Saurel et Amsterdam : la stratégie du « beigne »

Avec la pandémie et sa conséquence obligée, le confinement, le style vestimentaire « mou » est à l’honneur, surtout la fin de semaine. Pourquoi se mettre sur son 36 quand personne ou presque ne nous regarde. C’est que pour bien des citoyens au chômage forcé, en télétravail, sans oublier les retraités, le « mou » est presque devenu l’équivalent des habits du dimanche. Vous savez, pour les plus vieux, à l’époque des grosses familles, quand votre mère vous habillait avec les vêtements usagés de vos aînées ou ceux élimés de vos cousin(e)s plus âgé(e)s, pour la messe du dimanche ou la visite du curé. Maintenant, même le « mou » doit être griffé et le catholicisme est devenu un truc pour personnes âgées.

À ce sujet, je vous raconte une anecdote sociologique. Récemment, avant le confinement, je participais à une cérémonie religieuse, catholique. À un moment donné, l’assistance a entonné le Notre Père en coeur et compte tenu des circonstances, avec coeur. Près de moi, il y avait 2 très jeunes filles qui nous ont alors regardés, totalement étonnées en pensant probablement qu’il ne devait y avoir qu’une Lady Gaga pour être connu de tous ou les Juifs hassidim pour marmonner ainsi à l’unisson. Vous auriez dû leur voir la binette quand ensuite est arrivé le Je vous salue Marie. Elles n’avaient aucune espèce d’idée de la signification même historique de nos incantations. Deux mondes, deux systèmes de valeurs qui ne connecteront sans doute plus jamais; surtout pas dans le monde post-pandémie qui se dessine.

À ce titre, j’ai un certain malaise. J’écoutais le compte rendu hebdomadaire de François Legault en ce 10 avril 2020, surtout son discours d’ouverture très nationaliste, à la limite de l’indépendantisme. Bon, le premier ministre étant ce qu’il est, y incluant son passé péquiste et malgré sa profession de foi fédéraliste du début de mandat, ne soyons pas étonnés ni dupes. Ceci étant, on discute souvent à cette tribune de 13 h. que l’après-pandémie est en préparation. Cela a du sens et c’est une obligation des leaders de toujours voir plusieurs coups d’avance; quoique les politiciens on le sait, possèdent un penchant inné pour le très court terme électoraliste… parce que souvent, implicitement, c’est ce que nous leur demandons. Là où j’ai de la misère et considérant que l’économie du Québec allait très bien au moment du déclenchement du confinement, c’est que le monde de demain qu’on nous annonce semble se dessiner par ceux et celles qui n’y seront pas.

En effet, je n’ai rien contre François Legault (62 ans), Christian Dubé (63 ans) du Conseil du Trésor ou l’imposant Pierre Fitzgibbon (65 ans), ministre de l’Économie et de l’Innovation et les autres, tous des hommes qui n’ont pas la réputation de se soucier de l’urgent dossier des changements climatiques. Je ne dis pas que ces gens sont dénués d’intelligence et de compétences, mais il ne faudrait pas réinventer le passé. Pour l’instant, l’équipe de choc manque apparemment de jeunes et de femmes. Il semble donc y avoir absence (apparente) dans la prise de décision aujourd’hui concernant l’avenir, de ceux et celles qui seront là, demain. Même le ministre de l’Environnement semble exclu des discussions.

Je sais, il y a le court terme et il est d’une urgence absolue pour la majorité des entreprises et des travailleurs. On ne peut rester confiner éternellement à vivre aux crochets de l’argent public qu’il faudra rembourser un jour. Cependant, la relance économique post-pandémie ne doit pas simplement se réduire à remplir des formulaires pour mettre la main sur un maximum de subvention. Elle doit aussi être réfléchie sur un horizon de très long terme, plus de 25 à 30 ans, l’équivalent d’une génération.

À ce titre, j’invite tous les paliers de gouvernement y incluant les municipalités à interroger dans l’immédiat, les jeunes, notamment les adolescents, pour connaître leur vision de l’avenir relativement au monde dans lequel ils veulent vivre; surtout que les moyens techniques existent pour rapidement le faire.

Des idées pour Saurel, l’exemple d’Amsterdam

Amsterdam que nous avons eu la chance de visiter en 2017 est une ville assez extraordinaire et particulière, ne serait-ce que par les centaines de milliers de cyclistes qui défilent quotidiennement dans ses rues. Je sais, Saurel ce n’est pas Amsterdam même si les 2 villes sont entourées d’eau avec un accès à un port de mer, ce qui n’est pas rien comme avantage stratégique.

Ce qui n’empêche pas une capitale importante comme Amsterdam de réfléchir à son avenir à long terme et à se redéfinir, même en pleine période de pandémie. Ainsi, la capitale néerlandaise vient d’adopter un modèle de développement basé sur l’image du bon vieux beigne que nous connaissons avec “The Doughnut Model”. Ne riez pas, c’est très sérieux comme le rapporte le Courrier international dans son édition française.

Sans entrer dans les détails, le tout est issu des travaux de l’économiste Kate Raworth de l’Université Oxford en Angleterre qui est qualifiée par la presse de John Maynard Keynes du 21siècle. Ce n’est pas rien. En résumé, c’est une façon de voir le développement d’une ville et d’une région en intégrant le volet écologique avec les besoins de l’ensemble des citoyens, dans un tout cohérent et dans sa globalité. Ce qui est souvent une lacune au niveau des villes et des municipalités régionales de comté (les MRC).

Si Amsterdam compte énormément sur la recherche et le développement en écologie de ses entreprises pour son entrée dans l’ère du « Doughnut », un des avantages que nous avons à Saurel, c’est la présence du Centre de Transfert technologique en Écologie industrielle. Ce n’est pas rien. De même, nous pourrions comme ville et région remettre sur les rails, le concept d’Agenda 21 local, un avantage compétitif comme communauté que nous avions et qui est tombé dans l’oubli au cours des dernières années.

Il y a une réflexion à mener à ce niveau en nous associant impérativement notre jeunesse. Si les changements climatiques viennent de prendre une pause salutaire avec la pandémie, ils ne se sont pas disparus pour autant. La remise en marche à court terme du modèle économique libéral capitaliste prépandémie si intéressant soit-il pour notre hédonisme, est aussi le signe du retour des changements climatiques. Il faudra faire des choix pour trouver un meilleur équilibre entre l’un et l’autre, à très court terme. C’est devenu un passage obligé.

Jocelyn Daneau, isolé, jocelyndaneau@gmail.com

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