Ma St-Jean,
d’hier à aujourd’hui
« Nous sommes peut-être
quelque chose comme un grand
peuple. Jamais dans ma vie je
n’aurais pensé que je pourrais
être aussi fier d’être Québécois. »
René Lévesque, le 15 novembre
1976, Centre Paul-Sauvé*,
Montréal
J’avais 17 ans en novembre 1976.
Je n’ai donc pas voté aux
élections du 15 novembre 1976,
celle du premier avènement du
parti Québécois. Il y avait
beaucoup d’effervescence
nationaliste à cette époque.
Même si je comprends mieux
aujourd’hui la nature du
nationalisme, à l’époque cela ne
me disait rien.
Ma famille n’était absolument
pas politisée. Encore
aujourd’hui, je considère le
nationalisme comme un concept à
manipuler avec prudence. D’un
autre côté, ambivalence
congénitale, le Canada comme
mariage de raison ne me dit
rien. Sorel-Tracy et Saurel je
l’espère bientôt a toujours été
ma terre, ma maison et le Québec
ma patrie. Les autres sont des
voisins à qui l’on doit un
profond respect et avec
lesquels, il faut entretenir
d’excellentes relations. Des
voisins qu’il faut aider à
l’occasion comme ils nous
aideraient sans que
nécessairement, nous ayions à le
demander. En ce sens, je crois
être un « enfant » de
Réné Lévesque.
Très jeune, la St-Jean-Baptiste,
c’était surtout la fin des
classes et l’époque pré
réchauffement climatique où l’on
pouvait commencer à se baigner.
Mes premiers contacts sérieux
avec la Fête nationale du
Québec, que l’on appelait
simplement à l’époque la
St-Jean-Baptiste, remontent à
1975 ou 1976. Cela fait si
longtemps. Parti de Sorel ou de
Tracy sous l’inspiration du
moment, je m’étais ramassé sur
le Mont-Royal avec ma copine et
des amis. Vous savez, c’était
l’époque des grandes messes
nationalistes sur la montagne.
Il y en a eu deux, deux années
consécutives. Je vous joins deux
liens internet sur le sujet.
1975 :
http://bilan.usherbrooke.ca/bilan/pages/evenements/20258.html
1976 :
http://bilan.usherbrooke.ca/bilan/pages/evenements/20252.html
Je ne me souviens pas à laquelle
j’ai assisté sur ces deux ans.
Ce que je me souviens, c’est
qu’il faisait un peu frisquet,
la foule était immense et il
pleuvait à boire debout, ce que
nous avons fait. À un moment
donné, nous étions imbibés dans
tous les sens du terme. À
l’époque, l’alcool au volant et
les chauffeurs désignés, on ne
connaissait pas. Bien avant la
30, la courbe de Radio-Canada
sur la 3 (maintenant la 132) se
négoçiait sans cerveau et sans
jugement, comme un défi à la
vie. Je me souviens qu’il
faisait soleil quand je suis
revenu.
Si ma mémoire est bonne, c’est
en 1978 que j’ai participé à ma
première fête de rue, justement
dans les Boisés d’Angoulême. Un
24 juin dégueu, froid, venteux
et pluvieux. On avait fermé la
rue pour l’occasion et on
essayait de fêter entre les
gouttes de pluie. Fête froide
mais fervente que le liquide
blond ne parvenait pas à
réchauffer. Il y a même eu un
anti-nationaliste connu qui a
forcé en automobile, notre « barrage ».
Le tout s’est terminé au Centre
culturel de Tracy pour cause de
mauvais temps et ensuite, dans
la piscine d’un des fêtards.
Qu’est-ce qu’on ne ferait pas
pour impressionner la galerie.
Depuis ce temps, sans raison,
l’âge et les responsabilités
parentales à l’époque comme très
très jeune parent, je suis
devenu un « Fête nationale »
passif. Sûrement à cause de mon
ambivalence naturelle vis-à-vis
l’idée de nationalisme. Pendant
des années avec les enfants,
nous avons surtout fait les Feux
d’artifice.
Depuis, j’attends toujours la
Fête nationale avec joie, comme
un extraordinaire congé du début
de l’été. Depuis quelques
années, le nationalisme me
reprend et dépasse même, mon
niveau d’antan. C’est le
contraire avec le liquide blond.
S’il y avait un référendum
demain, ce sont mes enfants qui
décideraient de mon vote. Je
ferais la même suggestion à tous
les adultes, laissez décider vos
enfants. Parce que l’avenir,
c’est eux.
Fêtons-nous, soyons fiers de
nous et ayons confiance en
l’avenir.
Bonne St-Jean-Baptiste / Fête
nationale du Québec
Jocelyn Daneau,
jocelyndaneau@gmail.com
* Le
Centre Paul-Sauvé situé dans
le quartier Rosemont à Montréal
a été démoli en 1996. Je l’ai
visité en 1998 à Delson, lors
d’une visite industrielle. La
structure de Paul-Sauvé avait
été achetée et remontée par
Goodfellow pour servir
d’immense entrepôt.
Jocelyn Daneau
jocelyndaneau@gmail.com
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