mardi 19 juillet 2011
Le changement,
en avons-nous peur?
Vous aimez les clichés? Voici un
classique : « Les impôts et
la mort sont les seules
certitudes dans la vie. »
En réalité, ce n’est vrai qu’en
partie. Certains réussissent à
éviter les impôts, mais personne
n’échappe à la mort … et au
changement. À 20 ans, c’est : « Vive
le changement ». À 75, vous
le détestez. À mon âge, on le
redoute.
Le changement, on peut le
pelleter par en avant, il est
toujours là. On peut l’ignorer,
il nous rattrape. Examiner votre
vie, c’est une suite
ininterrompue de changements. Il
vient de tous les côtés et
s’accélère. Vous voudriez
l’arrêter tellement il se
complique? Oubliez ça, c’est
vous créer des problèmes qui
deviennent quelques fois plus
difficiles à résoudre. S’il y a
une chose que j’ai apprise dans
la vie, c’est d’assimiler le
changement et de le gérer au
meilleur de mes capacités.
Comprendre et tenter de
maîtriser le changement a été de
tout temps, l’un des grands
défis de l’Homme.
Si nous voulons gérer le
changement, il est impératif
d’en saisir tant la nature que
la mécanique. Mais comme rien
n’est simple, le changement a
souvent ses secrets, sa logique
et même, ses propres objectifs.
Il est imprévisible, parlez-en à
Gilles Duceppe. Au cours des
dernières décennies, Sorel-Tracy
a connu plusieurs grands
changements. J’en ai retenu
trois à titre illustratif.
La désindustrialisation
de la région (ex. : fermeture de
Marine Industrie) est un
changement de nature économique
qui trouve son origine à
l’extérieur de la région. Nous
ne l’avons pas provoqué, mais
dans certains cas par
aveuglement, nous l’avons
favorisé. En bout de piste, nous
le subissons encore
collectivement. Nous l’avons
géré en saisissant d’autres
opportunités économiques avec ce
que cela amène comme
modification à notre mode de vie
(ex. : un déménagement).
La fusion de Sorel et Tracy
en 2000 a été un changement de
nature sociopolitique. Il trouve
son origine dans la volonté du
gouvernement du Québec avec un
appui de notre population. Cette
fusion n’est pas encore
terminée. Par exemple, les taux
de taxation de l’eau sont
toujours différents entre Sorel
et Tracy. Sur le plan des
valeurs, sommes-nous intégrés?
Personnellement, j’ai quitté
Tracy en 1984 pour revenir à
Sorel-Tracy. Ça s’appelle
comment un résidant de
Sorel-Tracy? Les problèmes
d’identité sont fondamentaux
dans les dynamiques de
changement, notamment dans les
projets d’intégration. Par
exemple, nos voisins du Sud se
définissent systématiquement
comme Américains. Ils ont une
identité forte. Au Québec, nous
sommes Canadiens pour certains
et Québécois pour les autres.
Est-ce que la Grande équipe
des citoyens de Sorel-Tracy
est soudée dans une même
identité? J’aurais de la
difficulté à répondre avec un « oui »
affirmatif.
Le
second mandat de Marcel
Robert (1) a été marqué par
une volonté locale de changer la
culture de la ville de
Sorel-Tracy. Ce sont les
changements les plus difficiles
à implanter. À l’époque,
indifférent à la politique
municipale de Sorel-Tracy, je
comprenais que M. Robert voulait
insuffler une nouvelle dynamique
à notre ville. L’Agenda 21
local, la mise en valeur des
berges de nos cours d'eau
(incluant celle du Quai # 2)
et le projet du Vieux marché ne
sont que quelques-uns des
projets que nous pouvons lui
attribuer, ainsi qu’à son
équipe. Pourquoi malgré ces
bonnes idées, ce changement
a-t-il échoué pour se terminer
par l’éviction de Marcel Robert
et une impression de retour en
arrière?
Essentiellement parce que Marcel
Robert a raté sa gestion du
changement. Pourquoi? Parce
qu’il lui manquait une vision
claire, achevée et maîtrisée de
l’avenir de la ville. Il lui
manquait l’idée maîtresse qui
synthétisait (« qui
ramassait ») tant sa pensée
que l’ensemble des projets qu’il
voulait mettre de l’avant. Par
vision, je pense à une image,
une phrase, un slogan qui aurait
touché le cœur des citoyens et
stimulé leur imaginaire. Il
n’y a rien de mieux que le rêve
pour faire ouvrir un
portefeuille.
Un exemple de vision que
M. Robert aurait pu porter? : « Sorel-Tracy,
pour devenir ensemble, la
première ville postindustrielle
et carboneutre au Canada ».
Notez que « postindustrielle »
ne fait aucunement référence à
l’absence d’industries, mais à
des modes de production en
accord avec le développement
durable (ex. : QIT, AK Steel aux
É.-U.).
Globalement, Marcel Robert n’a
pas su trouver les mots,
l’écoute et l’attitude pour
transmettre sa vision de la
ville. À la place, les citoyens
avaient de puissantes et
persistantes images de folies
des grandeurs et de folles
dépenses. C’est ce que l’on
appelle en matière de gestion du
changement : « Faire de la
résistance ». Le résultat
de l’élection de 2009 en est
l’aboutissement.
Gérer le changement, c’est
aplanir les résistances. Par
exemple, c’est trouver une
solution de compromis dans le
dossier de l’usine SDD/Conporec.
Au lieu de bêtement l’acheter
pour faire taire les résistances
d’une minorité. Gérer le
changement, c’est garder le cap
sur l’essentiel en faisant les
compromis rassembleurs qui
s’imposent. Ceci étant, je vous
rappelle que changer les valeurs
et la culture d’une société
(d’une ville) est une tâche
colossale.
En 2011, on se souvient de René
Lévesque pour Hydro-Québec ou de
Robert Bourassa pour la
Baie-James, de grands
changements qui n’étaient pas
évidents au départ. Dans 50 ans,
on se souviendra peut-être de
Marcel Robert comme étant le
premier à avoir voulu faire
entrer Sorel-Tracy dans l’ère
postindustrielle.
Qu’est-ce que le changement pour
un leader politique?
Essentiellement, c’est la
capacité de maîtriser le présent
pour le faire évoluer vers le
futur avec un minimum d’impacts
(négatifs) pour les citoyens
tout en améliorant leur
bien-être. C’est aussi la
capacité de faire rêver
(voir 2 exemples, notes 2).
Ce que le changement ne doit pas
être pour les citoyens? Revenir
en arrière pour retrouver le bon
vieux temps avec les bonnes
vieilles façons de faire.
Revenir en arrière avec des
politiciens globalement mal
préparés pour affronter les
défis du 21e siècle. Cela ne
fonctionne pas, tout comme
espérer que le problème se règle
de lui-même.
Un exemple d’un changement
nécessaire à Sorel-Tracy, non
géré actuellement et qui
pourrait nous « sauter au
visage »?
Avec le budget 2011, les élus de
Sorel-Tracy ont fait le choix de
se cacher derrière les
modifications aux évaluations
municipales et au fonds de
pension des employées et ce
faisant, de hausser les taxes.
Ils avaient pourtant en début de
mandat, une occasion en or pour
entreprendre des changements aux
façons de faire de la ville e
réduire notre facture. Mais
ils ont préféré envoyer un
message de statu quo tant
à l’appareil municipal qu’aux
citoyens (note 3).
Ce déni de responsabilité s’est
traduit par des hausses de taxes
qui ont des impacts directs sur
chacun de nous. Les élus de la
ville de Sorel-Tracy par leur
absence de vision et donc, leur
incapacité à gérer le changement
ont simplement dit aux
citoyens : « Nous vous
pompons plus d’argent en 2011
parce que nous n’avons pas le
courage nécessaire pour
contrôler et améliorer les
façons de faire de la ville de
2 %, en terme monétaire. Nous
vous transférons donc cette
responsabilité. Vous devrez vous
citoyens, rationaliser
individuellement vos dépenses et
donc, baisser votre niveau de
vie » (note 4). En
fait, je me demande si
globalement, nos élus ne sont
pas les premiers de nos
résistants au changement? Il
y a là, matière à réflexion.
Qu’en pensez-vous?
En cette période où Jean-Paul II
est fait Bienheureux par
l’Église catholique, j’emprunte
une de ses citations les plus
célèbres pour conclure sur le
changement. C’est une image très
forte qui stimule encore
aujourd’hui, les cœurs de
millions d’hommes et de femmes :
« N’ayez pas peur ».
Jocelyn Daneau
Fier citoyen de Sorel-Tracy!
Site internet :
http://jocelyndaneau.com/
Pour commenter directement cette
chronique :
http://wp.me/p1chFg-5t
(1) L’auteur de cette chronique
n’a jamais rencontré Marcel
Robert.
(2) Le « Yes we can » de
Barack Obama pendant sa campagne
électorale de 2008 a été un
moment phare. Ce « Oui nous
le pouvons » est encore
utilisé. De même, dans la
présente édition du prestigieux
hebdomadaire The Economist,
la page couverture fait
référence à la mort d’Oussama
Ben Laden. Son titre est : « Now,
kill his dream ». « Maintenant,
il faut tuer son rêve » chez
ceux qui partageaient son désir
d’anéantir l’Occident,
principalement les États-Unis.
Voir :
http://www.economist.com/.
(3) Des réponses à vos
questions, sous la
signature de monsieur Réjean
Dauplaise, maire de Sorel-Tracy,
La Voix, 11 février 2011, page
8.
Texte intégral : POURQUOI LE
CONSEIL N’A-T-IL PAS FAIT LE
CHOIX DE RÉDUIRE LES DÉPENSES?
Afin de maintenir les services
au niveau actuel, le conseil a
consacré aux dépenses de
fonctionnement une hausse de
2 %, s’approchant de l’indice
des prix à la consommation (IPC
moyen 2010 à 1,8 %). Une
diminution bien que minime,
aurait eu un impact direct dans
la prestation de services aux
citoyens.
(4) DERNIÈRE HEURE : Le conseil
municipal de Sorel-Tracy
(session du 2 mai 2011) envisage
enfin de doter la
ville d’un plan de gestion de
notre dette. C’est une preuve de
plus que le GBS finit toujours
par triompher. J’aimerais
mentionner aux élus qu’un BON
plan de gestion contient
généralement des cibles
quantitatives, c.-à-d. chiffrées
avec des dates de réalisation et
des responsables. Surtout, il
faut un suivi mensuel
RIGOUREUX des résultats.
J’attends donc ce plan avec
impatience.
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