LE SORELTRACY MAGAZINE     *  Dernière mise à jour : mercredi 30 juin 2010 09:28

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           Par Hélène Goulet

CHRONIQUE : DE QUOI J'ME MÊLE !
Par Hélène Goulet
 

Hélène-la-gaffe

Mardi 1er juin 2010

Est-ce que ça vous arrive, vous, de dire des niaiseries dans les moments les plus graves de votre existence ?  D’avoir des fous-rires à un enterrement ? De dire « mes félicitations » au lieu de « mes condoléances » ?

Moi, si.

Ça m’est arrivé récemment. Le téléphone sonne. Je sais que la mère de la personne qui me parle est mourante. Et pourtant, un GROS « Comment ça va tout joyeux »  est sorti de ma bouche, comme ça.. ! Oups… petite cloche qui sonne dans ma tête… Je ne devrais pas avoir l’air si joyeux.  Je me reprends, plus sobrement : « À propos, comment va ta mère? »

Pas bien, qu’elle me répond.

En fait, elle appelait pour annoncer son décès.

Ouf… Après le coup de téléphone, je me sens désolée, mais mon chum me répond, ta-ta-ta, ce n’est pas si grave. Tu ne pouvais pas le savoir.

Mais le pire, c’est que ce n’est pas tout.

Le téléphone sonne à nouveau. La même personne. Je veux donc en profiter pour m’excuser. Et là… Je ne vous dis pas, mais je vous l’écris (j’ai encore un coussin sur la tête tellement j’ai eu honte). J’ai voulu lui témoigner ma sympathie :

« Je suis désolée pour tantôt. Je t’offre toutes mes fffff… fél….Merde-de-merde-de-merde, qu’est ce que je suis en train de dire là !  Je cherchais dans ma tête le bon mot, j’avais le cerveau gelé, et je l’imaginais, elle, congelée au bout du fil. 

J’ai fini par le trouver, le foutu mot (condoléances ou sympathies, je ne sais plus), mais j’ai eu l’impression que ça avait duré un siècle.

À côté de moi, mon chum, l’air perplexe, se demandait ce que j’allais sortir de ma bouche.

Coud’onc, faut-il être niaiseuse ! J’ai tellement eu honte, je me cachais la tête derrière le coussin dont je vous ai parlé plus haut.  Je pleurais de honte, j’avoue, j’aurais voulu m’étrangler plutôt que de dire de telles niaiseries.

Ah, le stress, probablement, m’a dit mon chum. Il est donc fin ce gars-là.

Ça m’a rappelé la mort de mon père. Il y a bien des années, au cimetière, j’avais eu un de ces fous-rires nerveux comme ce n’est pas possible. 

Mon père était musicien. Une de mes cousines avait donc envoyé une couronne de fleurs en forme de clé de sol. Mais sur le terrain, la couronne avait été placée en haut de la butte de terre, et la clé de sol était à l’envers.

Connaissant le caractère un peu bougon de mon père, je l’imaginais chialer et dire : Barnak (scusez, mais c’était son expression favorite), c’est qui le tata qui a placé la clé de sol à l’envers ?

En imaginant la scène,  je me suis mise à rire pendant une dizaine de minutes. J’en pleurais, autant de peine que de rire. Plus j’essayais de me retenir, plus je me remettais à rire. J’ai même entraîné ma mère dans mon fou-rire après lui avoir expliqué la situation. Elle aussi, imaginait bien mon père dans ce contexte.

Comme c’était mon père qui était enterré, j’étais en avant, bien en vue, évidemment. Plus niaiseuse que ça, tu MEURS…

…Ah non, pas encore, ce n’est pas le temps ! Ferme-la donc, Hélène-la-gaffe.

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