jeudi 10 septembre 2020
Journée mondiale de prévention
du suicide
Sept questions
à Marie-Line St-Arnaud, dg de la
Traversée, Centre de crise et de
prévention du suicide à
Sorel-Tracy

Marie-Line
St-Arnaud, directrice générale
du Centre de crise et de
prévention du suicide La
Traversée situé à Sorel-Tracy.
Crédit : Courtoisie

Par Annie Bourque,
jeudi 10 septembre 2020
1.Est-ce que les femmes
sont particulièrement touchées
par le suicide ?
Les hommes sont davantage
représentés dans les
statistiques dans ce qu’on
appelle le passage à l’acte.
Toutefois, on note une hausse
d’hospitalisations en lien avec
les tentatives de suicide chez
les jeunes filles, âgées de 15 à
19 ans. De façon générale,
les femmes font plus de
tentatives de suicide que les
hommes nécessitant des
hospitalisations.
* L’Institut national de la
statistique du Québec rapporte
3900 tentatives par année en
2017 selon INSPQ ou 11 par jour au Québec
chez les jeunes filles de 15 à
19 ans.
2.Qu’est-ce qui explique
cette statistique pour les
jeunes filles ?
En général, elles vivent
beaucoup de pression de la
société et bien souvent, elles
se comparent aux autres et
veulent être parfaites. Elles
vivent la souffrance liée au
stress, à l’anxiété. Ces
tentatives de suicide ne mènent
pas nécessairement à un décès.
La tentative devient un appel à
l’aide.
3. Est-ce que le suicide
touche aussi les agriculteurs ?
Certainement. Ces gens évoluent
dans un secteur où c’est encore
plus difficile de demander de
l’aide parce que c’est un milieu
fermé. Les agriculteurs
affrontent différents problèmes
environnementaux et mondiaux.
Ils ont vécu par exemple la
sécheresse ce printemps. La
globalisation des marchés fait
en sorte que les petits
exploitants subissent beaucoup
de pression.
4. Y a-t-il quelque chose
pour les survivants, soit ceux
et celles qui doivent composer
avec le décès subi d’un proche?
Les endeuillés peuvent toujours
avoir accès à nos services dont
un suivi individuel. Nous avions
auparavant des groupes de deuil
et d’entraide, mais faute de
ressources humaines, nous
n’avons pas pu les maintenir.
Néanmoins, nous travaillons à ce
que ces services puissent être
de nouveau disponibles et
accessibles.
5. Que privilégiez-vous
pour la Journée mondiale de
prévention du suicide ?
Nous avons dû annuler nos
activités publiques parce que
qu’on ne pouvait pas assurer la
sécurité de tous avec les
mesures sanitaires en vigueur.
On propose d’autres activités
comme celle d’allumer une
chandelle en souvenir de l’être
cher qui est décédé ou encore
faire un don à notre organisme.
6. La Covid-19 a-t-elle eu
des répercussions ?
En mars, avril et mai, durant le
confinement, cela a été assez
calme et tranquille. Il y a même
eu une baisse de demandes, un
peu comme si nous étions dans
l’œil de l’ouragan.
Le nombre d'interventions durant
le confinement (mars, avril,
mai) est de 550 interventions pour
chacun des mois. Toutefois, en
mai, juin et juillet, on
rapporte jusqu’à 850 demandes
par mois.
Des gens sollicitent pour
l’hébergement, une rencontre
ponctuelle ou un appel
téléphonique.
7. Quel est le taux de
suicide dans la région ?
Au cours des 9 dernières années,
on rapporte 10 décès en moyenne
liés au suicide dans la MRC
Pierre-de Saurel. C’est très
préoccupant. Des gens vivent des
problèmes de dépression ou
subissent des coups durs de la
vie. Il survient des éléments
fragilisant dans leur vie et
cela les emmène à nous appeler.
De notre côté, on les aide à
clarifier la situation et
surtout, à retrouver l’espoir.
On s’assure d’être présents
malgré notre pénurie de
personnel. Quant au futur,
j’espère que le gouvernement va
pouvoir répondre à nos besoins
de financement pour améliorer
les conditions de nos
travailleurs qui ne sont pas
suffisamment payés pour ce
travail qui est très exigent.
NDLR : Des difficultés à
entrevoir la lumière du tunnel ?
Le personnel du centre est là
pour vous écouter. On appelle au
450-746-0303 ou 1-866-APPELLE
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