Le Marché réajuste son tir afin d'être plus près de gens

Louise Grégoire-Racicot - Journal Les 2 Rives - 12 juin 2007

Ceux qui fréquentent le marché le savaient déjà : après la poissonnerie, la fruiterie et la pâtisserie, voilà que le boucher a quitté son étal laissant tout un pan du marché désert encore pour quelque temps.

Mais le conseil d'administration avait vu venir le coup et planche depuis quelques mois déjà sur deux questions : comment amener les gens à fréquenter ce marché retapé avec goût - et dont certains diraient qu'il est trop beau... ? Et comment attirer des commerces susceptibles de mieux répondre à la demande des résidants du centre-ville, par exemple?

Chose certaine, Julie Salvail (à droite), présidente de la Corporation du marché avouait, en point de presse vendredi, que l'on avait fait fausse route. " De fait, il apparaît clairement, 18 mois après la réouverture du Marché, que la population du Bas-Richelieu ne se reconnaissait pas dans l'offre commerciale qui avait été mise en place." Les administrateurs ont donc fait leurs devoirs, a-t-elle exprimé.

" À l'automne 2006, devant le peu d'achalandage, nous avons commandé la réalisation d'une étude de type " clients mystères " en donnant 100$ à divers clients pour qu'ils viennent magasiner au marché", a expliqué le d.g. de la corporation, Jérémy Parent. "Au lieu de payer pour faire faire un sondage, nous avons retenu ce moyen qui nous a révélé bien des choses."

Ce que les clients veulent
Les réponses à la question "Qu'est-ce qui vous inciterait à aller davantage au Marché?" ont été particulièrement claires.

80% des répondants ont demandé plus de variétés et d'exclusivités, 50 % plus de prêt-à-manger, 40 % des produits régionaux, du terroir et 30 % des produits originaux. De plus, 80 % des répondants ont aussi affirmé que la tenue d'événements aurait un impact majeur sur leur fréquentation, notamment au cours de l'été avec des étals extérieurs (alimentaires ou non). Les gens ont aussi déploré le manque de cachet champêtre du marché.

Des produits frais, de base, et congelés
"Nous sommes en pourparlers très sérieux avec des promoteurs qui y ouvriraient des commerces qui répondraient à ces besoins d'ici à 6 mois", a-t-il ajouté.

Ainsi le marché deviendrait à la fois une épicerie de quartier (incluant un service de traiteur) misant sur un cachet champêtre et chaleureux, à l'intérieur duquel les clients trouveront les produits de base des épiceries, des produits du terroir et des plats fraîchement cuisinés prêts à emporter. Et un espace consacré à plus de 350 produits surgelés (bœuf, porc, volaille, fruits de mer, hors-d'œuvre, légumes, desserts et bien d'autres produits spécialisés).

Neuf maraîchers déjà
De plus, les maraîchers seront de plus en plus présents autour du marché, a promis Corina Bastiani, conseillère municipale et membre du c.a. L'offre du marché extérieur sera florissante en 2007, a-t-elle promis énumérant ceux qu'on y retrouvera : Ferme P. Darsigny de Saint-Damase (fruits et légumes de saison), Vignoble aux Pieds des Noyers de Lanoraie (vins et produits dérivés - gelées, sirop, etc.) Ferme Manon et Michel de Saint-David (fruits et légumes de saison), Serres Gallo de Saint-Louis (ses plants de légumes, paniers suspendus, annuelles, plantes d'accompagnements, vivaces, etc), Joël Cournoyer, Sorel-Tracy (fruits et légumes de saison), Délices Érabeille de Laval (produits dérivés du miel - vinaigrettes, caramel, chutney, gelées, etc.), Ferme Coussard de Saint-Robert (viande de wapiti), Rucher des plaines de Verchères (miel et produits dérivés). Domaine de la fraise et de la framboise, de Contrecoeur (fruits et légumes de saison).

Et de conclure Mme Bastiani : avec le retour du Festival de la gibelotte au centre-ville, et la tenue de la quatrième édition du Vieux-Sorel en fête, la Place du Marché sera animée durant plus de 40 jours pendant les mois de juillet à septembre, lui redonnant ce cachet rassembleur d'antan.

Car pour elle, le marché doit être un levier économique et social, une infrastructure de première importance dans une municipalité, surtout lorsque celui-ci a autant d'histoire. "Ça se doit d'être une attraction pour les villes et villages du Bas-Richelieu. C'est le rôle de la ville centre de répondre aux besoins de ceux-ci, car depuis des siècles, le Vieux-Sorel demeure le centre-ville du Bas-Richelieu. Faire vivre un Marché aux pieds des élévateurs à grains, c'est aussi se réapproprier notre petite et grande histoire."

Des commerçants y restent
Présents au point de presse, les quatre locataires du marché, Alain Bonneville (à droite), le saucissier et fromager, Printemps Langevin et Véronique Coll (plus haut) de La tablée du marché et Richard Pontbriand du Sixième continent étaient tous quatre catégoriques : leur commerce a su traverser des étapes difficiles mais normales pour tout commerce qui démarre en région.

M. Bonneville a rappelé que 70% des nouveaux commerces de détail ferment leurs portes en dedans de deux ans."On n'est pas ici différent des autres régions. Mais monter un commerce demande temps et patience et tu dois souvent accepter au départ de ne pas prendre de salaire. Depuis la réouverture du marché, notre chiffre d'affaires augmente tout le temps mais nous sommes très préoccupés de bien accueillir notre clientèle et de bien connaître les produits que nous lui offrons"

Même son de cloche chez Printemps Langevin et Véronique....."Notre restaurant va super bien. La clientèle augmente et est fidèle au rendez-vous. Nous, on avait choisi d'ouvrir un mois après l'ouverture du marché pour être certains que l'on serait prêt à bien servir les clients qui sont des gens d'affaires le midi et le grand public en soirée. L'ajustement des prix et la promotion de ces derniers a largement favorisé le développement de la clientèle."

Quant à Richard Pontbriand, il a tout de suite su que plusieurs des commerces fermés disparaîtraient. "On doit savoir s'adapter à la clientèle. Nous avons cinq créneaux différents et si notre clientèle a un peu baissé, par contre notre chiffre d'affaires augmente. Actuellement, près de 50 % de notre clientèle vient de l'extérieur de la région, ce qui confirme que le Marché a un potentiel d'attraction au niveau touristique et qu'il se doit d'être un lieu de passage pour les gens de l'extérieur. D'ailleurs quand il y a des activités organisées au marché, notre chiffre d'affaires augmente. Mais le secret est de rester à l'écoute de ses clients."

Ce que les autres qui ont fermé n'ont pas fait remarquent-ils tous quatre. D'autant qu'ils n'étaient pas prêts à ouvrir quand ils l'ont fait.

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