M'envoyer
en l'air! Joey Olivier - Sortir
en Montérégie - juin 2006
Le vent froid glisse sur ma peau, la peur fusionne avec
l'excitation, je me sens traverser un nuage... comme si je
flottais sur le dos du monde! Le moment précis où mon pied a
quitté l'avion
et celui où s'est ouvert le parachute, en compagnie de
l'instructeur en tandem Gérald Dupont de l'École de
parachutisme de Victoriaville, a sans doute été le plus "multisensoriel"
de ma vie.
Il est difficile lors d'un premier saut de capter toutes les
informations et c'est par ailleurs ce qui explique que
plusieurs initiés reviennent sauter, m'ont confié les
instructeurs. Alors que je descendais dans le ciel à plus de
200 kilomètres à l'heure, j'étais également concentré sur les
directives. Le pouce vers le bas signifie d'arquer davantage
mon dos, les tapes sur les bas de faire l'oiseau et le pouce
en l'air que tout va bien. Ah! oui, j'oubliais, si jamais
Gérald me secoue la main, ceci veut dire de relaxer. Relaxer à
plus de 12 000 pieds du sol, rien de plus facile!
Bref, on aime ou on n'aime pas le parachute, mais un fait
demeure, pour ceux qui aiment, c'est une douce drogue dont on
ne peut se passer une fois qu'on y a goûté. C'est le cas de
Gérald qui a sauté plus de 4200 fois. Rassurant pour moi étant
donné qu'avant le départ, j'apprenais que je l'aurais dans le
dos durant 40 secondes de chute libre!
Il ouvre notre parachute et je ressens l'étrange impression
que mon dîner n'est pas loin. C'est à ce moment que mon corps
absorbe une réduction de vitesse, passant de 200 à 20
kilomètre à l'heure. À déconseiller aux personnes qui ont un
haut-le-cœur lorsqu'ils vont dans les petits
éléphants roses à la Ronde...
Bien que mon cœur soit demeuré en haut après l'ouverture du
parachute, je ne pouvais qu'admirer l'horizon, dans un état
second, et survoler Victoriaville avec ses champs, un petit
cours d'eau et les maisons d'un point de vue...
indescriptible. Les pieds pendant au-dessus du vert de la
terre et la tête sous le bleu du ciel, j'étais à la première
loge. Mal de cœur, oui, dans mon cas, mêlé de peur, mais quel
spectacle!
Pendant que Gérald me demandait si je désirais un sac alors
que nous descendions bien tranquillement vers l'aéroport, je
me suis contenté de répondre "non, ça va, mais reste droit!"
tout en captant ce point de vue unique où j'apercevais même au
loin la pointe du lac Saint-Pierre. Après quelques minutes de
descente, nous étions prêts pour l'atterrissage. Les guides en
mains, nous avons effectué une légère courbe vers la gauche
pour ensuite atterrir tout en douceur devant Luc Carignan,
propriétaire, le caméraman et ma conjointe.
"Tes impressions?", m'ont-ils demandé tous en cœur. Ouf! Je
respire un brin. "Un petit mal de cœur, mais ce fut
sensationnel!", ai-je lancé. Il s'agissait d'une de ces
occasions où peu de mots suffisent pour exprimer qu'on vient
de vivre un moment unique de sa vie. Bien sûr, je savais ce
que signifiait sauter en parachute, mais j'ai réalisé, une
fois au sol, que je ne savais rien du mot adrénaline!
Après avoir repris mes esprits, j'ai discuté quelques instants
avec Gérald. Il a sauté pour la première fois le 7 juin 1992.
À l'École de parachutisme de Victoriaville, 1000 personnes
sautent chaque année pour la première fois tandis que d'autres
suivent des cours privés afin de s'envoyer en l'air en solo.
"95% des gens veulent revenir tandis que les autres sont
contents de leur saut, mais ne souhaitent pas aller plus
loin", a-t-il expliqué. La clientèle est âgée généralement de
20 à 40 ans, mais Gérald a déjà accompagné une dame de 82 ans
et un homme de 85 ans dans un saut en tandem.
Quant à moi, du haut de mes 25 ans, après une heure et demie
d'auto pour le voyage de retour et une fois l'adrénaline
envolée, je suis tombé d'environ deux pieds, dans mon lit,
pour dormir comme un enfant durant deux heures. Wow!
Pour se payer cette sensation, il faut prévoir 260$ les jours
de semaine et 280$ le week-end pour un saut en parachute
accompagné d'un instructeur. Les curieux et les intrépides
peuvent composer le... 1-888-je-saute.
Joey Olivier |
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