Les touristes ne sont pas
toujours ceux que l'on croit
Joey Olivier -
Journal La Voix - 8 avril 2006
Paul Arsenault,
directeur du Réseau de veille en tourisme au Québec, était
invité mardi à exposer le contexte touristique au Québec et au
Canada devant les intervenants locaux. Il a donc servi
quelques petites indications qui ne seront certainement pas un
luxe dans la poursuite du
développement touristique régional.
Il a notamment démontré les profils des touristes
d'aujourd'hui qui ne sont plus, selon lui, ceux d'autrefois :
"Les gens ne sont pas naïfs. Le nouveau voyageur est instruit,
il a un revenu généralement élevé. Les voyageurs voyagent
souvent, ils sont curieux et ils sont de fervents utilisateurs
d'Internet", a-t-il expliqué à l'assistance.
Par ailleurs, la ville aura dès juin une exposition virtuelle
sur la région, pilotée par Marc Mineau du Centre
d'interprétation du Patrimoine de Sorel (CIPS) et qui
permettra aux internautes de visiter à distance la région et,
évidemment, d'avoir le goût de venir d'y séjourner.
Quant à l'offre d'activité, M. Arsenault a précisé qu'un
touriste n'a pas un profil stagnant et que les choix
d'activités sont en constantes mutations : "Au cours d'un même
séjour, il peut se muter en touriste culturel parce qu'il
visite un musée et le lendemain en touriste de plein air parce
qu'il fréquente un parc. Est-il une personne différente pour
autant?", a-t-il posé comme question. En fait, un des défis
touristiques du Québec est de réussir à charmer nos voisins du
Sud. "En 2004, les Américains ont massivement repris le chemin
des destinations étrangères, mais ont délaissé le Canada. Le
nombre de touristes internationaux américains a atteint le
total record de 61,8 millions de dollars", a expliqué M.
Arsenault.
Tourisme et immigration
Le spécialiste a également abordé l'effet de l'immigration
au Québec et au Canada sur les habitudes touristiques. On
prévoit qu'en 2010, la proportion de néo-Canadiens dans les
grandes villes sera de 54% à Toronto, 53% à Vancouver et à 28%
à Montréal. "Il s'agit d'une réalité
démographique à laquelle il faut s'adapter. Les motivations de
voyages influencées par la culture d'origine et par l'adoption
de comportements de conformité avec l'ensemble de la
population", a fait valoir M. Arsenault.
Il faudra également considérer le vieillissement de la
population dans les paramètres utilisés pour mettre sur pied
des stratégies touristiques. Plusieurs mythes sont encore à
défaire lorsque l'on fait référence aux touristes plus âgés :
"On croit que les touristes seniors sont "cimentés" à une
marque, affirme M. Arsenault, qu'ils ne sont pas à l'aise avec
la technologie, qu'ils ont besoin d'être structurés, qu'ils
recherchent des activités dédiées aux personnes âgées et
qu'ils sont retraités à 65 ans."
La réalité est toutefois bien différente, selon lui, puisque
les touristes seniors seraient hautement éduqués, autonomes
dans tous les aspects de la vie et qu'ils vivent sans
compromis.
Le touriste n'est pas une chose
Paul Arsenault a fait sourire l'auditoire lorsqu'il a
souligné que, bien souvent, les régions durement frappées sur
le plan économique se tournaient vers le tourisme. Le touriste
n'est cependant pas un objet, a-t-il spécifié, et on ne peut
pas contrôler les gens qui visitent la région : "Les pièges du
tourisme sont de croire que l'avenir est prévisible et qu'il
existe un tourisme en stock : on en veut plus, on en veut
moins, envoyez-en... En vérité, on travaille fort pour que ça
fonctionne, en tant qu'intervenant touristique, mais les
résultats ne sont pas immédiats et il est important de cibler
des groupes spécifiques", a conclu Paul Arsenault.
Les gens peuvent consulter l'évolution des recherches du
Réseau de veille en tourisme au
www.veilletourisme.ca
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