Une soirée d'adieu pour les Rebelles football
par Jean Doyon pour le SorelTracy Magazine

6 septembre 2006 - C'était une soirée d'adieu mercredi le 30 août dernier au Cégep de Sorel-Tracy, alors que la direction du collège avait invité le personnel et les bénévoles, ayant oeuvré au sein de l'organisation des Rebelles du Cégep de Sorel-Tracy (football collégial AA), au cours des trois dernières années. Une soirée d'adieu, puisqu'on se souviendra qu'il y a environ un mois, le coach Christian Audet annonçait qu'il ne pouvait joindre les rangs de la ligue, en raison du manque de joueurs inscrit à ce programme Sports/Études au Cégep de Sorel-Tracy. C'est donc dire une dizaine de garçons inscrits au Cégep ne joueront pas au football cet automne.

Même en voulant alimenter les discussions calmement, rien n'a pu empêcher les gens de dévier les émotions vers une certaine frustration encore palpable chez les membres de l'organisation. Tout le monde y allait de son petit « inside » en rapport avec les événements qui ont conduit à la fin de cette histoire. Plusieurs ont eu le sentiment de ne pas avoir été supportés dans cette aventure.

Essayons d'y voir clair

Même si ce fut une nouvelle plutôt difficile à avaler pour l'auteur de ces lignes, essayons ensemble d'y voir clair et d'analyser cette situation en toute objectivité.

La première saison fut difficile pour les Rebelles, mais on s'y attendait. Les dix défaites étaient le prix à payer pour une première saison dans une ligue de football compétitive, comme le collégial AA au Québec. Par contre, l'équipe avait énormément progressé au cours de la saison, et malgré les blessures, les Rebelles étaient venus bien près de remporter une première victoire.

L'année suivante fut différente, puisque l'équipe réussissait l'exploit de jouer pour 500, soit 5 victoires et 5 défaites. Extraordinaire !, fantastique !, voilà maintenant que les Rebelles, dirigés par l'entraîneur Audet, voyaient de l'espoir à l'horizon et on se préparait pour la 3e saison, avec en tête l'idée de voir une fiche victorieuse pour l'année 2005. Des victoires, signifient directement le sérieux de l'organisation et la qualité d'enseignement du football, ce qui est recherché aux yeux des joueurs de l'extérieur de la région (et même de la région). Car il ne faut pas oublier que le but premier est d'augmenter la population étudiante du Cégep de Sorel-Tracy, et une bonne équipe de football aurait donné envie à ces joueurs « étrangers » de venir s'inscrire chez nous.

L'imprévisible arriva. L'entraîneur-chef Christian Audet démissionne de son poste (pour des raisons professionnelles et personnelles) au terme de la 2e saison, et c'est carrément la douche froide sur toute la population football. Par la suite, plusieurs événements ont ébranlé les Rebelles, et la critique fit son apparition. Le terrain pas correct, des vestiaires inexistants, et le gros morceau, il fallait remplacer le « coach ». Après trois tentatives, c'est finalement Richard Fecteau qui prendra la charge de l'équipe, tout en avouant trouver le rôle d'entraîneur-chef très lourd, ayant été un coordonnateur dans des fonctions précédentes.

Même avant cette nomination, le départ de Audet s'était fait sentir et plusieurs joueurs hésitaient à s'inscrire au Cégep craignant connaître une autre saison difficile. Ce fut d'ailleurs le cas. Une autre saison de dix défaites, dont plusieurs humiliante. On avait perdu confiance en l'équipe à plusieurs niveaux, et l'entraîneur Fecteau remettait sa démission au cours de l'hiver qui suivit.

Par contre, la direction du Cégep, avec sa DG Fabienne Desroches en tête, ne baisse pas les bras et remue ciel et terre afin de remonter la pente. Si bien, qu'un beau matin on annonce le retour de l'entraîneur Christian Audet (dont l'orientation de carrière venait de changer), qu'on nous informe que le personnel est en place et prêts à redémarrer, les commanditaires sont là, que l'argent est là en fin de compte, et qu'en plus, Madame Desroches est en pourparler pour le financement d'un centre multifonctionnel, au niveau ministériel, à Québec. Ce qui aurait réglé l'histoire du terrain pour de bon. Et pouffff ! Le 4 août dernier, lors d’une réunion des représentants des équipes de la ligue, parrainée par l’Association régionale du sport collégial de l’île de Montréal (ARSCIM), Chritian Audet a dû confirmer que le recrutement de joueurs pour les Rebelles du Cégep de Sorel-Tracy n’avait pas donné les résultats escomptés. À peine 12 joueurs avaient à ce jour confirmé leur intérêt en s’inscrivant au Collège. C'était alors la fin.

Les coupables...!

C'est là que débute un match de baseball « inter rivière », alors que chacun se lance la balle. Le Cégep misait sur la venue des joueurs/élèves des Polypus de l'école secondaire Fernand-Lefebvre, qui se sont inscrits ailleurs finalement. D'un côté, on dit que l'on n’a pas cru au sérieux de la relance du football au Cégep de Sorel-Tracy, en ne faisant pas la promotion des Rebelles aux finissants ou "graduants" des Polypus. Pour sa part, Christian Audet lui, parle plutôt de la disparition du "besoin" de bâtir une équipe de football collégiale, contrairement à il y a environ 5 ans. « Ce besoin est peut-être disparu puisque l'on a toujours cru que les parents des joueurs n'étaient pas prêts à payer tout près de 5000$ pour envoyer leur fils joueur au football à l'extérieur de Sorel-Tracy. »  On dirait que cela a changé puisqu'on apprenait dernièrement que plusieurs joueurs s'étaient inscrits dans des Cégeps à l'extérieur de la région.

De l'autre côté, on dit que les meilleurs joueurs doivent progresser, et s'ils en ont le talent, jouer avec des équipes de premier plan s'ils veulent espérer poursuivre une carrière au football. Il y a aussi le recrutement. Selon une source des Polypus, il ne se passe pas une semaine sans qu'un autre Cégep recrute les meilleurs joueurs des Juvéniles. Certaines organisations déballeraient même le tapis rouge pour une inscription à leur Cégep. « Ce genre de situation ne nous regarde pas, c'est au joueur et aux parents de décider à ce moment-là ! », racontait cette personne.

Finalement, les Rebelles ont payé cher les déboires de la dernière saison en 2005.

Est-ce la fin du football collégial à Sorel-Tracy ?

En tout cas, c'est la 2e fois que cette situation survient, puisqu'en 1986, les Rebelles de cette époque-là avaient cessé leurs activités, à peu près dans les mêmes conditions. Mais, lors de cette réunion d'adieux, mercredi dernier, plusieurs personnes ont manifesté le désir de poursuivre le travail afin de rebâtir une équipe de football au Cégep de Sorel-Tracy, qui pourrait renaître dans 2 ans. La pente sera abrupte, mais pas impossible !

Par contre, la directrice du Cégep tenait à conclure que : « Même si c'est difficile à prendre, je ne veux pas de chicane ! J'étais devenue une "fan" de football et j'y étais très impliqué, c'est donc un peu normal que nous ayons des sentiments. Maintenant, nous avons d'autres sports ici au Cégep, nous avons plusieurs équipes gagnantes dans plusieurs disciplines et nous allons continuer à en faire la promotion. L'expérience football nous a appris beaucoup et nous servira dans l'avenir ! », disait Fabienne Desroches que l'on accusera jamais de ne pas y avoir mis du sien.
Elle y était jusqu'au cou.

Jean Doyon, pour le SorelTracy Magazine.

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