mercredi 02 octobre 2019
Ah cette culture Génésissienne!
Photo Courtoisie
Par Roger Pion
Je
veux d’abord être clair et sans prétention.
Vous comprendrez assez rapidement. Je n’en
suis pas à mes premières expériences de
spectateur, du genre Genesis, depuis ce 10
novembre 1973. J’ai effectivement vu
Genesis en spectacle à dix reprises. Et,
au fil des ans, j’ai également vu plusieurs
interprétations du genre. Je pense bien sûr à
toutes ces époques, traverser par le groupe
britannique et repris par le groupe québécois
Musical Box, reproductions qu’il aura accompli
avec panache.
Je pense aussi au groupe italien The Watch,
qui a su à sa façon nous faire rêver, avec ces
mêmes composantes à peine nuancées. Et puis,
bien sûr, il y a eu les autres; Dance On A
Volcano, A Trick Of The Tale et Night Winds.
Mais ils seront aussi plus d’une cinquantaine à
s’approprier plusieurs scènes à travers le
monde, avec cette seule et même idée musicale,
dont Genesis en est le propriétaire. Et, ici, je
ne lance pas de défi à quiconque. Puisqu’il y a
certainement une personne ou deux, quelque part
dans le monde, qui aura été tout aussi polarisé
et emballé que moi, par cette effervescence sans
borne, au point de se présenter à plusieurs de
ces enivrants rendez-vous.
En tout cas, pour moi, ce fut comme ça.
C’est dès l’âge de 14 ans que cette intensité
vînt me chercher pour la vie. C’était le début
de la culture génésissienne et surtout, du rock
progressif !
J’écoute donc du Genesis depuis 1971. Et,
pour tout dire, c’est un de mes oncles qui
m’aura offert mon premier disque. Nursery
Cryme. Il s’agit officiellement du
troisième du groupe. Mais j’appris plus
récemment, de la bouche de Denis Gagné, chanteur
vedette du groupe « Musical Box », que le
deuxième album, dont le titre est Trespass,
passera à deux cheveux de ne jamais faire partie
de cette longue lignée de l’ère Gabriel.
Il s’avère que les chansons à en faire partie
étaient avant tout dédiées à passer aux mains de
plusieurs autres interprètes, emballé par cette
vague. Et Genesis naîtra modestement, mais
véritablement, à partir de celui-ci…
Pour ce qui est de Nursery Cryme, au départ,
j’avoue avoir été très peu enthousiasmé.
Il y avait un petit quelque chose, mais quoi ?
Ce sera par contre dès mon premier spectacle que
cette musique viendra me chercher. Ce fut
une véritable révélation.
Genesis, cet illustre spécimen unique en son
genre, allait créer une retentissante onde de
choc à travers le monde. On peut ne pas
aimer, c’est permis, mais nous serons des
milliers à en vénérer l’existence. Au fil
des ans, plusieurs variantes épouseront le
groupe. Il est d’ailleurs normal qu’après
toutes ces décennies, soit que les idées se
raffineront, soit qu’ils prendront un virage
quelquefois qualifié de drastique et
obligatoire. Changements qui ne feront pas
toujours l’unanimité chez les adeptes de la
première heure, quoi qu’ils soient des milliers
de nouveaux adhérents à combler ce manque à
gagner.
Personnellement, comme probablement plusieurs,
j’ai mes préférences au niveau des époques.
Celle où Peter Gabriel dominait le devant de la
scène était certes celle qui m’aura séduite le
plus. Et puis, par la suite, je dois le
dire, je serai très impressionné par les
changements apporté au groupe. Lorsque
Phil Collins prendra les commandes au chant,
tout en se gardant le choix d’accomplir les
extraordinaires prouesses qu’on lui connaissait
à son instrument. Je le trouverai bien
brave. Ce sera même un véritable tour de
force ! Il y aura par la suite un autre
départ important, celui de Steve Hackett.
Il sera bien de l’album « Wind and Wuthering »,
mais on lui accordera seulement quelques crédits
sur ce dernier. Ce qui allait annoncer la
fin pour cette association qui aura été une des
plus importantes jusqu’à ce jour.
Cela dit, c’est seulement en l’espace de
quelques jours de cette année 2019 que je suis
en mesure de constater, de nouveau, à quel point
Genesis aura été particulièrement important pour
plusieurs générations d’adeptes. La mienne
inclusivement. C’est certain que le temps
passe, quoique toujours étonnant de voir qu’il y
a un marché pour les amateurs qui n’en démordent
pas.
Par exemple; Le groupe québécois Musical Box,
dont la plupart des amateurs connaissent
l’existence depuis 1993, tient bon la rampe et
se balade à travers le monde, avec plusieurs
versions de ce groupe britannique. Mais
tout de même, comment peut-on ne pas épuiser un
tel sujet sans s’essouffler ! Il faut
croire que cette richesse musicale qui en
découle est tout à fait hors du commun.
Étrangement, ce qui a provoqué ce texte hommage,
ce sera ce quasi pèlerinage, qui me permit
d’assister à trois représentations de cette même
lignée musicale, en l’espace de seulement
quelques jours. Un hasard peut-être, mais
bon…
C’est d’abord le spectacle Prog Story qui
retiendra mon attention. Les membres à en
faire partie sont de Québec et sa rive-sud.
Le concept est avant tout de faire un survol de
l’ensemble des groupes rock progressif des
années 1970. Plus souvent qu’autrement
britannique. Ma deuxième présence à une de
ces présentations m’aura convaincu encore une
fois de leur énorme talent respectif.
Suite à une 15e sortie du groupe, depuis octobre
2017, effectuée au Palais Montcalm de la vieille
capitale, Yves Leclerc du Journal de Québec
affirmera; Prog Story : Un hommage de haut
niveau. Qualité d’interprétation et voyage
spatio-temporel fondatrices du rock progressif
des années 1970, Prog Story rend hommage aux
formations fondatrices du rock progressif avec
un spectacle de haut niveau.
Je n’aurais pu dire mieux. Cela résume
parfaitement ce à quoi nous avions droit, lors
de cette autre reprise présentée au Club Soda de
Montréal, en ce 5 septembre 2019. Une fois
de plus, ce tourbillon musical allait nous
prendre aux tripes dès le début. À ce
rythme comment pouvions-nous nous attendre à
tout près de trois longues heures de cette
incomparable constance.
Ce spectacle est un véritable livre
d’histoire, digne de ce qu’a représenté jadis le
rock progressif à une certaine époque.
D’ailleurs, ce sera grâce à ces huit musiciens à
en faire partie que cette richesse musicale
prendra tout son sens. Ils seront tout
aussi impressionnant les uns que les autres.
Je resterai d’ailleurs sans mots lorsque
j’apprendrai que le claviériste, Mathieu Fiset,
s’était joint au groupe depuis seulement deux
mois. Ce poste vacant était tout de même
lourd à relever. C’est à mon avis un exploit
exceptionnel qu’il aura accompli, compte tenu de
l’apprentissage de toutes les pièces qu’il aura
à fignoler en si peu de temps. Nous nous
rendrons compte de cette complexité dès les
premières notes. Comme le dira mon ami
Jean-Pierre; ça commençait fort !
Rien de moins que deux des plus notables pièces
du groupe King Crimson, seront tout au haut de
la liste. Non, il ne s’agissait pas
d’interpréter les plus faciles ! Et ce
sera vrai tout au long de la soirée. Comme plats
d’entrées, les pièces Epitaph et 21st Century
Schizoid Man, de l’album In the Court of The
Crimson King, enregistrées en 1969, furent au
menu. Quoi de plus subtiles pour nous
faire comprendre que tout a commencé là.
Il faut en convenir, ces quelques spécimens
avant-gardistes allaient certainement tracer la
voie. Mais, avant d’y arriver, une
projection sur écran géant allait nous présenter
une analyse justificative, question de lancer
savamment le chapitre de chacune des
interprétations.
Ces présentateurs qui se succèderont, si je peux
le dire ainsi, sont des hommes qui ont marqués
une génération riche en émotion. Qu’ils
s’agissent de journalistes britanniques célèbres
ou encore de musiciens qui ont eux-mêmes faites
partie de l’histoire, exprimaient leur point de
vue. Steve Hackett sera de ceux-là.
Ils viendront nous entretenir tout au long de ce
voyage dans le temps. Pertinent au point
de nous exprimer des détails très intéressants,
avec tellement d’intérêts et de passions.
C’était définitivement un plus. Cela donnait
encore plus de crédibilité au déroulement de la
soirée.
À part Mathieu Fiset, dont j’ai parlé
précédemment; Antoine Baril était à la batterie,
Christian Pacaud à la basse, Gabriel Cyr à la
guitare, Jean-Philippe Major aux voix,
Gabriel-Antoine Vallée aux voix et à la guitare,
Alex Donati aux voix et à la guitare, et Mathieu
Pilote aux voix, flûte et saxophone.
Il est à parier que je serai dans une des salles
qu’ils visiteront prochainement. Bravo à Prog
Story!
Ah oui !Ils auront eux aussi rappelé aux
amateurs que, Genesis fait bien sûr partie de
l’histoire.
Et puis voilà ! Quelques jours plus tard,
soit le 22 septembre 2019, c’est devant le
maître que je m’assois. Oui oui ! Le
grand Steve Hackett en personne. C’est le
40e anniversaire de l’album “SellingEngland By
The Pound” de Genesis, son groupe avec qui il
aura écrit une page importante des annales du
rock progressif. Cette performance sera
accomplie intégralement. Oui monsieur !
Sans toutefois manquer de nous rappeler que sa
carrière solo a été tout aussi importante et il
alla démontrer la richesse du virtuose qu’il
est, avec toute l’assurance qu’on lui connait.
Et nous comprendrons que ce talent est
incomparable, que cela soit aux guitares
acoustiques ou électriques, mais aussi aux
chants.
Comme je le mentionnais avec Prog Story, la
musique de King Crimson a certainement tracée la
marche à suivre. Et la musique de Hackett
en est une preuve vivante. Lorsque le
saxophone de Rob Townsend s’implique dans la
pièce The Angel Of Mons, le lien semble évident.
Et ce sera génial du début à la fin. Je
pense entre autres aux pièces « Firth Of Fifth
et Cinema Show ». Interprété de main de
maître, ce sera littéralement l’explosion à la
fin de chacune d’elle. Dans la salle ce
sera l’euphorie !
Hackett est toujours aussi bien entouré.
Celui qui ne le quitte pas depuis fort
longtemps, le claviériste Roger King, démontre
sans aucun doute toute l’importance de sa
présence au sein du groupe. Il n’en sera
pas moins avec le batteur Craig Blundell et le
bassiste/guitariste Jonas Reingold du groupe
Flower Kings. Nad Sylvan apportera bien sûr sa
touche évidente à la Peter Gabriel, qu’on lui
connait, avec néanmoins sa propre touche.
Si je peux me permettre, j’ajouterai néanmoins
avoir trouvé Sylvan un peu épuisé à la
présentation donné à Montréal, le deuxième soir.
Mais bon…
De ce fait, je crois davantage avoir été le
dénigreur que je n’aime pas être, lors de mon
troisième arrêt, en très peu de temps, dans une
salle de spectacle quelconque. Musical Box
est cette fois la cible… Cela se passait
le 28 septembre 2019. Après toutes ces
années à me repasser ce genre progressif dans
les oreilles, fois après fois, comment ne
puis-je pas remarquer les différences, versus
les versions que j’ai entendues lors des
derniers jours ? En partant, je me dois de le
dire, lorsque l’on parle de la salle
Hector-Charland de L’Assomption, c’est synonyme
de qualité sonore. Elle a d’ailleurs
décroché plusieurs prix, en partie pour cette
raison. Alors on est en droit de
s’attendre au meilleur.
Pourtant, le spectacle de Musical Box commence
de façon très hasardeuse à cet égard. Nous
subissons malheureusement cette évidente
distorsion, quoique subtile. Ça prend du
temps à se fondre dans le meilleur de cette
symphonie d’une autre époque. Difficile
d’en définir la provenance, mais un buzz
persiste. Aussi, peut-être s’agit-il d’une
question de goût, mais les pédales de basse ne
sont pas ce que je suis normalement habitué
d’entendre. Et puis, le son de la guitare
12 cordes est à mon oreille déficiente.
Encore là, de quelle 12 cordes s’agit-il ?
Il en existe plus d’une à la fois sur cette
scène.
En tout cas, ce n’est pas seulement mes
oreilles de technicien qui en sont témoin, mon
ami tout à côté de moi le distingue clairement.
Ainsi il me regarde intuitivement. Je le
précise, nous sommes à l’arrière de la console
de son. Alors si nous l’entendons, le principal
intéressé l’entend aussi. Je le vois agir
et petit à petit c’est mission accompli.
Il faut surtout retenir que la technique du son
est parfois bien difficile à dompter, même après
multiples tests.
Pendant un instant tout va, une seconde plus
tard c’est quelquefois la catastrophe.
Personne ne le souhaite volontairement. Il
m’arrive d’avoir à y faire face. C’est mon
métier.
Bref était-ce une question de perception ?
Il demeure que, rapidement, l’harmonie règne.
Alors…
Le reste demeure la performance de chacun.
La barre est haute. Je l’ai compris !
Musical Box a inclus un vaste répertoire à son
programme. C’est plusieurs années
d’existences avec le groupe Genesis, qui va dans
tous les sens, couvrant ainsi autour de sept
albums. Cinema Show, pour ne parler que de
cette dernière, dont j’entendrai trois versions
plutôt identiques en très peu de temps, soit
lors de mes trois derniers shows, sera un
extraordinaire défi pour chacun. Il s’agit
d’un succès ultime et pas facile à rendre à la
perfection. Je pense surtout à son
ouverture au piano, qui connaîtra à deux
reprises des lacunes très excusables, de la part
des claviéristes. Même Tony Banks a dit un
jour vouloir ne plus la faire en spectacle…
Et, à deux reprises, l’erreur s’entendra
exactement au même endroit. Et pour le
claviériste de Prog Story et celui de Musical
Box. De là l’idée du défi ultime.
Sinon, je crois que les musiciens québécois son
devenu maître dans le divertissement de ce genre
et ce talent n’a rien à envier à personne
ailleurs sur la planète. Dès le début du
spectacle avec Musical Box, les obstacles seront
innombrables. Je comprenais très bien
pourquoi le chanteur Denis Gagné avait mis de
côté la majorité de ses habituels costumes
scéniques. Il fallait cette fois être
prodigieux pour accomplir ce tour de chant.
La pièce Musical Box, également pseudonyme du
groupe, sera davantage l’exception de la soirée.
C’est avec cette robe rouge, dont Gabriel avait
emprunté à sa conjointe à l’époque, et cette
absurde tête de renard qu’il performera,
exhibition qu’il était habitué de faire en final
avec la parodie du vieillard.
Félicitations Denis Gagné ! J’ai bien
aimé ce clin d’œil d’une époque révolue.
Il aura également laissé tomber son accent
anglais, lors de présentations. Nous
avions compris l’astuce déjà. Les autres
excellents musiciens étaient François Gagnon,
Sébastien Lamothe, Ian Benhamou et Bob
St-Laurent. Bravo pour toutes ces
magnifiques années. Ils seront d’ailleurs
plusieurs à y avoir contribué.
Ainsi la musique de Genesis aura passé à travers
le temps de belle façon.
C’est en admirateur passionné par cette musique
que je vous salue tous.
Roger Pion |
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