mercredi 10 octobre 2012

Three Friends vs. Gentle Giant… mais aussi Hamadryad

Par Roger Pion

Tout comme le reste de la salle du Théâtre Hector-Charland, je savais à quoi m’attendre avec Three Friends, titre de l’un des plus populaires albums du groupe Gentle Giant. Deux anciens membres en font partie. J’ai nommé le talentueux guitariste Gary Green et le batteur Malcolm Mortimore qui avait été à ce poste, seulement pendant une très courte durée, au tout début de cette formation originale. Ce groupe, le vrai, m’avait lui-même conquis depuis longtemps. C’est toujours revenir loin dans le temps, lorsque l’on assiste à ce genre de spectacle. Que de souvenirs !

GARY GREEN (Membre original)

Il est à n’en pas douter, je n’étais sûrement pas le seul dans ce théâtre de L’Assomption à avoir aussi assisté à l’une ou l’autre de leurs performances, pendant les années 1970. C’était dans des endroits comme « La place des nations », le « Forum de Montréal » et autres salles du Québec à être beaucoup plus vaste. Il faisait pourtant salle comble. À l’époque c’était du bonbon pour celles et ceux qui se plaisaient à écouter cette musique rock qui sortait de l’ordinaire. C’était ce qu’on avait commencé à appeler de la musique rock progressive. Et, un peu comme le groupe Jethro Tull (formation également britannique) se plaisait à le faire, Gentle Giant baignait également dans une forme de folk progressif très articulée. Jadis, tous les membres échangeaient constamment leurs instruments. Nous savions qu’ils faisaient parti d’une race à part. Et avec quelle délicatesse ils le faisaient ! Bref, c’était ça Gentle Giant !

Mon ami Réjean Charbonneau a d’ailleurs la plus belle définition qu’on puisse faire de ce groupe et sa musique;

MALCOLM MORTIMORE (Membre original)

Gentle Giant était un groupe unique et novateur qui, à la façon d'un alchimiste, avait su nous dévoiler avec audace, il y a 42 ans, une toute autre facette de la musique. C’est une musique d'une élégante complexité qui se distingue par une variété impressionnante d'instruments conventionnels ou non, de multiples harmonies vocales, incluant des superpositions et des décalages au niveau du chant, des rythmes saccadés nourris de contre-temps et de syncopes, sans oublier bien sur les effets sonores hallucinants parsemés ici et là. À première écoute cette musique nous semble tout à fait désorganisée voire même cacophonique, improvisée et asynchrone. Cependant après quelques auditions nous en découvrons et apprécions toutes les subtilités et richesses pour finalement en déduire l'indéniable qu'il s'agit là de la désorganisation musicale cacophonique la plus brillamment structuré qui soit et qui une fois assimilé peut même intoxiquer les neurones. J’ajouterai, quoi dire de plus !

MICK WILSON (ancien 10cc)

Hier c’était à peine ça… Bien sûr que les gens ont appréciés ! Three Friends a dû revenir sur scène à deux reprises ! On ne parle cependant pas d’un groupe qui n’a jamais arrêté de se faire valoir. On parle d’un groupe reconstitué qui tentait tant bien que mal d’en jouer le jeu, avec des musiciens définitivement plus statiques. Un jeu quelquefois dangereux, lorsque l’on connaît la profondeur auxquels les « vrais » nous avaient habitués. Mais bon… le plaisir en valait tout de même la chandelle ! L’ex chanteur de 10cc, Mick Wilson, semblait tellement habité par une musique qui n’avait pas toujours été la sienne, que nous étions prêt à lui pardonner ces quelques petits accros, considérant qu’il devait s’efforcer de chanter beaucoup plus haut qu’il semblait en être capable. Était aussi de la partie, l’excellent bassiste Lee Pomeroy autrefois de la formation Archive, et le claviériste Malcolm Sanctuary, qui avait quant à lui, de bien grands souliers à chausser.

Je tiens toutefois à préciser que la présence de d’autres noms avaient aussi été mentionnés, au point de s’y perde. Mais ils n’y étaient pas tous. Et même que le nom de la multi-instrumentiste, Charlotte Glasson, n’était pas prévu au programme. Ça aura pris Réjean (La filière progressive) pour me révéler sa présence. Je dois dire qu’elle s’en est très bien sorti. Je dirais même plus, qu’il s’agissait d’une lourde tâche, considérant qu’ils étaient cinq membres à s’échanger ce genre d’instruments, originalement, alors qu’elle était seule.

Une première partie était aussi au programme ! Le groupe montréalais Hamadryad ! J’apprenais, seulement quelques jours du spectacle, qu’il allait avoir la lourde tâche de conquérir le cœur des disciples « Gentle Giantiens » à envahir cette salle de L’Assomption. Moi j’étais peut-être de la minorité qui souhaitait voir ce groupe depuis longtemps. Qui sait ! En fait, un ami m’avait fait connaître Hamadryad depuis un certain temps, et ce n’est pas la radio « conventionnelle » qui allait me rafraîchir la mémoire sur leur existence. J’étais donc excessivement curieux d’entendre là où ils en étaient rendus. D’abord, permettez-moi, ces gars là débordent d’énergies ! La complicité avec laquelle ils s’exercent nous convainc dès le départ qu’ils n’ont pas de complexe d’infériorité. Et tant mieux, on pouvait passer à autres choses… La musique si bien exprimée était devenu le point d’attraction. Ils semblaient même nous faire accroire que ce métier de musicien, c’est avant tout un jeu. On peut la mimer en s’éclatant, on peut la manipuler comme on le ferait avec une revu, mais il faut avant tout la contrôler parfaitement. Et de ce côté c’était mission accompli. Je veux les revoir ! Je veux pouvoir les apprécier plus qu’à la sauvette! Je veux réentendre la pièce de huit minutes qu’ils ont dû écourter, parce qu’on les avertissait que leur tour était fini. C’est comme ça les ouvertures de show.

Je suis certain, qu’avant longtemps, ce sera leur propre concept que nous pourrons apprécier. Ce sera une performance rôdée d’un bout à l’autre. Pour l’instant, j’écoutais leur dernier CD à tue-tête en me déplaçant dans mon véhicule ce matin. J’vous avais-tu dit que j’avais été conquis par cette musique intelligente et moderne à souhait !

Roger Pion

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