mardi 12 février 2008
The Hot Springs, au Pub O'Callaghan's, le
jeudi 28 février 22h, 3$
Hot Springs ne veut pas être votre ami sur
Facebook. Le groupe de Montréal se fout de votre coupe de
cheveux ou de ce que votre blog a à dire. Hot Springs veut
vous déstabiliser complètement.
Alors que de plus en plus de groupes
essaient de copier-coller les tendances en vogue, Hot Springs
ose amener une nouvelle approche, un nouveau son. Ils laissent
le danse punk et les autres saveurs du jour mordre la
poussière, et se réinventent complètement avec ce premier
album complet : Volcano. Le résultat? Un amalgame de bijoux
pop avec du mordant, d'hymnes rock qui sont tout sauf
primitifs, de ballades qui ne font pas dans la dentelle, des
envolées psychédéliques qui vont certainement laisser leur
marque, et oui, on peut même danser là-dessus! Leur
premier simple, « Headrush » brouille les lieux communs : on y
retrouve autant de sonorités hard rock des années '70 (à la
Heart) que la sueur et le sang qu'on associe généralement aux
Yeah Yeah Yeahs.
Tout ça en restant bien loin de tous ces
groupes qui viennent de découvrir Gang of Four et qui
pullulent sur la blogosphère aujourd'hui.
Chaque pièce de l'album comporte autant de
perles linguistiques que d'harmonies vocales créatives
provenant directement des tripes de la chanteuse Giselle
Webber. Des pièces comme « Tiny Islands » font écho à Black
Mountain pour la nouvelle approche psychédélique, en sortant
du moule facile de « la chanson de deux minutes » et en
s'emportant plutôt dans une mélodie noire et épique.
D'autres chansons, telles « Cellophane » et
« Pink Money » vous frappent au visage comme un bas rempli de
sous noirs et combinent parfaitement dégaine rock et structure
sonore purement pop. Le côté sophistiqué du groupe touche
particulièrement dans la pièce « Fog and the Horn » et
transperce les cours les plus endurcis. Une pièce qui donne la
chair de poule et est certaine de captiver, peu importe qui y
tend l'oreille. Tout comme les Besnard Lakes et Malajube, Hot
Springs trône parmi les groupes les plus excitants de la
deuxième vague de la scène musicale montréalaise.
Volcano domine la houle et se place parmi
les meilleurs albums de 2007.
Hot Springs a fait paraître son premier EP, Rock Partouze, de
façon indépendante en 2005. Cette première parution nous
introduit à cette orgie de genres qui caractérise le groupe,
où la pop règne ici en maître. Le groupe a fait face à
plusieurs changements avant d'en arriver aux joyaux qui se
retrouvent sur leur premier album complet. En 2006, la
batteuse Karine Lauzon a déposé ses baguettes pour se dédier à
sa famille et a cédé sa place à Anne Gauthier, batteuse
aguerrie connue depuis longtemps du milieu musical
montréalais. Elle a tout de suite développé une grande
complicité musicale avec le bassiste du groupe, Frédéric
Sauvé. Paradoxalement, alors que la section rythmique s'est
solidifiée, le guitariste Rémi Nadeau-Aubin a commencé à
développer des arrangements plus aériens. Giselle Webber n'est
pas non plus inconnue à ces changements, puisqu'elle a exploré
un registre beaucoup plus sombre, avec des compositions qui
laissent part au pop, tout en y assénant pas mal de références
coup de poing.
L'album a été réalisé par Jonathan Trimble
Cummins (Bionic, Tricky Woo) et enregistré au studio
Breakglass par le chanteur des Besnard Lakes, Jace Lasek (Wolf
Parade, Land of Talk) et des enregistrements additionnels ont
été effectués par David Bryant (godspeed! You black Emperor,
Jackie O Motherfucker) au studio The Pines. Ensemble, ils ont
produit un album qui oppose un certain nombre d'adjectifs :
léger et noir, épique et concis, diabolique et divin. Pas une
mince affaire si l'on se fie à la plupart de leurs
contemporains, pour qui un album est le fait d'ajouter des
sons entre deux ou trois simples. Mais disons simplement que
les Hot Springs font fi des conventions.
Les dernières prises de son et le mixage
final de l'album ont eu lieu à Farnham dans La Petite Église,
(aussi ancien lieu de culte franc-maçonnique) sous l'oil
bienveillant de Mark Lawson (Arcade Fire, Final Fantasy, The
Unicorns).
L'album est une chose, mais Hot Springs
prouve que ça n'est pas qu'un écran de fumée : le groupe prend
aussi tout son sens en prestation. Si vous ne nous croyez pas,
prenez deux secondes et « googlez » leur nom : vous allez voir
que pas mal de monde écume de la bouche à la simple évocation
de leurs performances. Aucun spectacle n'est similaire à un
autre (parfois ils sont saoûls, parfois non) et le consensus
général est que le groupe semble toujours à deux doigts de
sombrer dans un chaos total, mais réussi toujours brillamment
à maintenir un délire harmonieux. Un scribe du mensuel
torontois Exclaim!, qui les a vus lors de l'édition 2007 du
festival NXNE a été écrit : «Ils ont sans contredit livré la
prestation la plus marquante du festival et sont dorénavant
mon nouveau groupe rock préféré. Leur énergie féroce et leur
performance de feu sont restées sans précédent. » Hot Springs,
live, provoque et choque et la personnalité de Webber, sur
scène, ne fait pas de quartiers. Elle est aux commandes de la
scène, possédée par on ne sait quoi, vous crache les paroles
au visage en martelant les cordes de sa guitare comme si
celles-ci venaient de lui prendre une partie d'elle-même.
Volcano est un volcan qui refuse de se
laisser guider par les palmarès ou les modes vides et
esthétiques. La mission des Hot Springs est simple : ils
veulent apporter ce qui, aujourd'hui, manque terriblement à
l'industrie de la musique. Ils veulent une révolution et ils
resteront en ébullition tant qu'ils ne l'auront pas obtenue.
http://www.hot-springs.ca/main.html