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mercredi 08 septembre 2004

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Steve Hackett, une vingtaine de disque plus tard
-Entrevue réalisé par Michel Bilodeau du magazine Terra Incognita

Particulièrement actif ces dernières années, que l'on songe par exemple à la publication de ses deux coffrets en concert et à ce disque inédit « Feedback 86 », Steve Hackett est revenu à la charge avec « To watch the storms », son premier disque rock studio depuis « Darktown» (1999).  Un disque électrique (et moins noir que son prédécesseur) qui de toute évidence comble l'ex Genesis qui estime-t-il, vit vit une des plus belles périodes de sa longue saga de musicien.

STEVE HACKETT : «Je suis particulièrement fier de To Watch The Storms.  Je n'irais pas jusqu'à dire que c'est mon disque le plus solide mais c'est assurément un de mes plus solides.  Je serais tenté d'ajouter un des plus solides en incluant ceux réalisés avec Genesis.  Evidemment à chaque fois que je m'installe en studio j'essaie de me surpasser. À mon humble avis j'y suis parvenu avec celui-là.  J'ai l'impression que c'est la somme de ce que j'ai accompli ces dernières années.  C'est très agréable comme feeling.  C'est mon disque rock le mieux produit, le plus varié et je pense que mon groupe et moi n'avons jamais atteint un tel niveau de précision.  Il y a sur «To Watch The Storms» des pièces qui techniquement sont très exigeantes comme par exemple «Mechanical Bride».  Une pièce que l'on ne peut pas rendre sur scène si on n'a pas un groupe rôdé et solide.  Je m'estime chanceux de pouvoir travailler avec un tel groupe. En fait, je suis en amour avec mon groupe.  Je veux me retrouver sur scène le plus souvent possible et présenter un maximum de concerts pour promouvoir ce cd. Je pense que ça serait dommage de ne pas le pousser»

T.I. : Est-ce que vous profitez de vos tournées pour assister à des concerts d'autres artistes?

S.H. : Pas autant que je le souhaiterais.  L'année dernière lorsqu'on s'est produit à Québec j'ai été voir quelques concerts.  La dernière fois que j ai été à la Nouvelle-Orléans j'ai assisté à énormément de spectacles.

T.I.: Ces concerts peuvent-ils vous inspirer en tant que musicien?

S.H.: Tout ce que j'entend peut m'inspirer. Mais, pour moi, ce n'est pas la seule source d'inspiration et peut être même pas la principale. Je lis beaucoup de livres et je pense que ces livres m'inspirent tout autant et parfois plus que les concerts auxquels j'assiste et les disques que j'écoute. Un livre c'est une conversation silencieuse. Un monde parallèle.  Des émotions qui naissent des mots.  Les auteurs s'inspirent de leur propre vie ou alors de celles de gens qui les entourent ou qu'ils observent.  Ce qui fait que parfois le lecteur est la troisième personne dans la chaîne.  Nous sommes tous prisonnier de nous-mêmes.  C'est fascinant lorsque quelqu'un te fait partager son expérience ou celle d'une autre personne selon son point de vue d'observateur.  Une perspective en circonvolution.  Ce qui m'intéresse, entres autres, c'est d'apprendre comment les gens vivaient à d'autres époques. Comment ils envisageaient la vie.

T.l.: Comme par exemple pour la pièce «Rebecca» que l'on retrouve sur «To Watch The Storms»?

S.H.: Exactement. C'est vraiment la lecture de ce livre de Daphné du Maurïer qui m'a inspiré «Rebccca»

T.I.: Cett année vous avez publié sur votre étiquette le disque «Genesis for Two Pianos» de Yngve Guddal et Roger T.Matte.  Est-ce que c'est vous qui avez pris la décision de publier ce disque?

S.H.: C' est une décision de mon gérant et moi. Lorsque nous avons écouté les bandes, nous avons trouvé que c'était vraiment du beau boulot.  Les versions sont personnelles et elles font la démonstration que la musique de Genesis a de bonnes assises classiques.  Ils ont amené ces pièces au niveau de compositions classiques.

T.l. Avez vous d'autres projets de ce style dans vos tiroirs?

S.H.: Pour ce qui est d'offrir des contrats à d'autres artistes la réponse est non.  Je ne pense pas que l'on pousse l'expérience beaucoup plus loin.  J'ai avant tout fondé ma maison de disques, Camino Records, pour m'assurer de la diffusion de mon propre matériel et c'est toujours sa principale raison d'être.  Nous ne sommes pas en position pour supporter de nombreux projets. Si nous commençons à signer d'autres artistes nous n'aurons sûrement pas les moyens financiers de tout promouvoir et on se retrouvera avec des musiciens frustrés dont fort probablement moi (rires)

T.l.: Mais vous avez assurément des projets en chantier?

S.H.: Oui, quelques-uns en effet.  Je travaille présentement sur de nouvelles compositions classiques et d'autres rock.  Du moins le classique et le rock vu par Steve Hackett!  Lorsque je parle de compositions rock, elles peuvent inclure des éléments de jazz, de pop et, même si je dois avouer que je n'aime pas trop l'étiquette, aussi des éléments de musiques du monde.  Je pense que c'est une étiquette qui aujourd'hui a perdu tout son sens.  C'est aussi le cas de l'étiquette rock progressif qui, à mon avis, est devenu un handicap plus qu'autre chose. C'est très limitatif.  Plusieurs amateurs s'attendent systématiquement à entendre de longues pièces.  Une longue pièce n'est pas nécessairement bonne seulement parce qu'elle est longue.  Il y a des pièces qui peuvent être très courtes et être progressives.  Je pense qu'il faut que la musique soit plus libre que cela.  Ma vision du progressif englobe tout aussi bien des éléments de flamenco, de rock et de jazz que de musique classique.  Par exemple, pour plusieurs «Horizons», juxtaposée à «Supper's Ready», est une pièce progressive mais elle m'a été complètement inspirée par des musiques remontant à plusieurs siècles.  Je me suis toujours intéressé à d'anciens compositeurs.  C'est ce qui m'a amené à réaliser avec mon frère le disque ponant sur la musique de Erik Satie. Pour moi, sa musique, tout comme celle de Debussy, est un reflet du mouvement impressionniste en peinture. Un reflet de cette époque.

T.l.: Est-ce qu'un nouveau disque de blues figure parmi vos prochains projets?

S.H.: Pas pour le moment.  Cependant je n'écarte pas cette éventualité.  Mais je veux le réaliser en collaboration avec d'autres musiciens et sous un nom de groupe. Je ne veux pas que ce soit un disque de blues de Steve Hackett.

T.I. : Qu'en est-il de votre collaboration avec Evelyn Glennie?

S.H.: Nous avons présenté trois concerts en quatuor.  C'est à dire Roger King et Philip Smith aux claviers, Evelyn Glennie aux percussions et moi-même à la guitare. J' avais composé des pièces pour ces concerts et nous avons énormément improvisé. Nous avons un cd de matériel mais je ne sais pas si nous allons publier ces bandes. Peut être plus tard. Ce n'est pas une priorité pour moi.

T.I.: Vous êtes particulièrement actif ces dernières années.  Vous sentez-vous pressé par le temps qui passe?

S.H.: Pas vraiment.  Je pense qu'il n'y a pas d'âge pour créér.  J'ai franchi le cap de la cinquantaine il y a quelques années et il me reste encore pas mal d'années devant moi. De toute façon je sais que je pourrais toujours réaliser mes projets. J'ai mené de nombreuses recherches et pour moi c'est une évidence qu'après la mort nous continuons à évoluer.

-Michel Bilodeau

Entrevue tirée du magazine Terra Incognita

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