jeudi 03 mars 2016
Ces mots qui
font peur ou qui dérangent
À l’heure
de l’euphémisation galopante de
notre « parler-ensemble », où il
est devenu interdit, du moins à
l’Assemblée nationale, de
traiter de girouette un élu pas
même fichu de se brancher, l’on
peut se demander jusques à quand
il sera possible d’appeler un
chat… un chat.
Aveugle, sourd,
infirme, plus toute la liste des
propos dits non parlementaires,
voilà autant de mots désormais
frappés d’opprobre, qu’il
convient de laisser dans les
dictionnaires.
Et il n’est pas
jusqu’à l’euthanasie qui ne soit
fort mal reçue dans nos milieux
à l’orthodoxie outrée,
c’est-à-dire obnubilés à l’os
par le « politiquement
correct »; pourtant, celle-ci –
l’EU-thanasie – nous
propose littéralement de BIEN
mourir… Or, à ces termes honnis,
faudra-t-il bientôt ajouter
celui de féministe? Pour le
remplacer par quelque chose de
plus neutre, comme… égalitaire,
tiens donc!
M’est
avis humble que Mmes
Lise Thériault et Stéphanie
Vallée (celle-ci étant la
devancière de celle-là comme
ministre responsable de la
Condition féminine) craignent
peut-être, si elles se disaient
« féministes », d’être
assimilées, ne fût-ce que de
très loin, à ces FEMEN
qui se dépoitraillent « à nichon
que veux-tu » sur la place
publique, devant caméras et
appareils photo.
Il se trouve que
le mot de féministe s’est
beaucoup enrichi et… alourdi… au
fil des ans et au gré des
manifestations. Aux yeux de pas
mal de monde, femmes y compris,
il s’est en effet et hélas
chargé d’une connotation
péjorative. D’où ce mièvre,
tiède, insipide et timoré
« égalitaire »… |