«  En passant... »
Une chronique de Jean-Paul Lanouette
Pour me joindre
mardi 26 avril 2016

Le boisé des Vautours

En ce beau dimanche frisquet et ensoleillé du 24 avril, surlendemain du Jour de la Terre, je me sens doublement interpellé par le saccage projeté – et presque imminent – du joyau naturel qu’est le boisé des Hirondelles, à Saint-Bruno-de-Montarville. Construction de trente maisons de luxe réparties sur une superficie équivalente à neuf terrains de football, voilà « le beau projet » que, depuis quelques années déjà, brûle de réaliser un promoteur qui voit grand. Le problème, c’est l’emplacement choisi par notre fier entrepreneur, M. Paul J. Massicotte, qui, tiens donc, se trouve être sénateur (l’idée d’y voir un quelconque lien de cause à effet pourra paraître outrancière, mais, allez savoir pourquoi, elle nous vient spontanément). L’endroit en question, je viens tout juste d’en parler : le boisé des Hirondelles, véritable écrin recelant une flore unique et menacée, donc à préserver à tout prix, d’après ceux qui « savent », c’est-à-dire les biologistes!

Même sans être un fana fini de la cause environnementale, comment ne point mesurer toute l’ironie de la situation? À l’heure où l’on ne parle que de « sauver la planète », ne voilà-t-il pas que le ministre de l’Environnement, M. David Heurtel, donnerait son aval à un projet allant à l’encontre de toutes les préoccupations actuelles en matière de conservation des milieux naturels reconnus rares et précieux!

Tenez, c’est comme pour les milieux humides sur la Rive-Sud et ailleurs autour de Montréal. Ces fameux milieux humides, pourtant jugés essentiels dans la régulation du climat, continuent d’être ravagés impunément par les « développeurs » à tout crin. En effet, on ne compte plus le nombre de kilomètres carrés irréversiblement asséchés par suite d’un « morcellement domiciliaire raisonné », stratégie censée donner l’illusion d’un souci de préservation. Un p’tit bout par-ci, un autre p’tit bout par-là, et la première chose que l’on sait : hon! y’a plus de milieu humide!

Là où le commun des mortels un tant soit peu conscientisé voit des espaces verts à sauvegarder, le promoteur « normal », lui, entrevoit des billets verts à engranger. Ce que ça me dit, tout ça : bien davantage que les groupes citoyens, les lobbies ont l’oreille du gouvernement Couillard. Faut croire que « la grosse argent », ça parle pas mal plus fort que le gros bon sens…

Dans ces conditions, comment s’étonner qu’un sanctuaire naturel tel que le boisé des Hirondelles puisse se voir envahir par des… vautours?

Bookmark and Share

PUBLICITÉ

Le SorelTracy Magazine
une filiale des Productions Kapricom
Tous droits réservés -
© 2000-2016