mardi 01 juillet 2014
Janette
Bertrand et Léo Bureau-Blouin
tiennent tête à Christiane
Charette
par Robert
Barberis-Gervais
La radio-canadienne Christiane
Charrette anime une émission de
télévision nommée 125,
Marie-Anne à Télé-Québec le
dimanche soir. Je me suis
intéressé au passage de Janette
Bertrand le 15 juin et de Léo
Bureau-Blouin, le 22 juin. A
travers les questions posées, on
découvre une animatrice
anti-charte des valeurs et
anti-péquiste.
Le 15 juin, on voit la petite
nerveuse Christiane Charette
presque hystérique dans son
dialogue avec Janette Bertrand
qui a 89 ans, à propos de son
intervention à la fin de la
campagne électorale.
D’abord l’animatrice aurait
voulu que madame Bertrand dise
qu’elle avait des regrets. Pas
du tout répondit madame Bertrand
à propos de la piscine. J’ai été
maladroite dit-elle. Je ne suis
pas une politicienne qui
calcule. Je vous l’ai dit, je
suis d’une candeur naïve. On a
pris un petit bout de ce que
j’ai dit hors contexte.
Vous rendez-vous compte dit
l’animatrice que ce que vous
avez dit était xénophobe. Voyons
donc répond madame Bertrand.
J’ai voulu aider Pauline Marois
et Djemila (Benhabib). Au
référendum de 1995, j’ai rien
dit et je me suis trouvée lâche.
Je suis intervenu pour donner un
petit coup de main à deux
femmes. Je n’ai peut-être pas
été habile, mais j’ai voulu
qu’on se rende compte que peu à
peu on gruge...
Oui, mais vous qui par toute
votre carrière avez incarné
l’ouverture et l’acceptation de
l’autre tel qu’il est, vous
rendez-vous compte que votre
appui à la Charte contredit tout
ce que vous représentez et que
des Musulmanes ont pu se sentir
rejetées. Vous ne regrettez pas
?
Voici la réponse. Dans le groupe
de 20 femmes des Janettes, il y
avait six musulmanes et une
hassidique pas seulement des «
de souche ». Elles ont vécu des
choses en Algérie et en Tunisie.
Elles nous disent de faire
attention. Le voile musulman est
un symbole de la main-mise
masculine sur les femmes.
Vous pensez vraiment ça, dit
l’animatrice presque scandalisée
dans une attitude typiquement
radio-canadienne à la Anne-Marie
Dussault. Ça vous dérange pas
qu’on dise que vous êtes
xénophobe et que vous manquez
d’ouverture aux autres. Elle le
dit comme si c’était vrai et
qu’ils avaient raison de le
dire. C’est cette attitude que
je trouve hystérique parce
qu'elle nie, comme le font les
inclusifs, qu’il y a un lien
direct entre le voile musulman
et la valeur égalité
homme-femme.
Non, dit Janette Bertrand, c’est
leur problème, pas le mien. J’ai
trouvé Janette Bertrand
irréprochable et cohérente.
Si vous pensez que le débat sur
la Charte est fini, je vous
rappelle que Philippe Couillard
s’est engagé à présenter cet
automne un projet de loi sur les
accommodements raisonnables, la
burka et l’intégrisme. J’ai bien
hâte de voir ce qu’il y aura sur
l’intégrisme.
Est-ce que Philippe Couillard
s'inspirera du projet de loi
contre l'intégrisme présenté par
Fatima Houda-Pépin?
Sachez aussi que s’ouvrait mardi
matin 17 juin au Palais de
justice de Montréal le procès
politique qui va durer des
années que fait la jeune
étudiante en sociologie,
militante de Québec solidaire,
Dalila Awada contre
Poste-de-veille, Louise Mailloux
et la Société des Amis de
Vigile. L’avocate de Dalila
Awada est Anne-France Goldwater
qui a été avocate dans la cause
de Lola contre Eric sur les
droits des conjointes de faits,
cause qu’elle a perdue en Cour
suprême. Je vous invite à faire
une courte visite sur les pages
Facebook de Anne-France
Goldwater et de Dalila Awada.
Elles sont ouvertes au public :
c’est normal puisque chacun sait
que ces deux femmes sont des
extroverties. C’est très
instructif et ça renseigne sur
les enjeux politiques de ce
procès.
Le 22 juin, Christiane Charette
a commencé son entrevue avec Léo
Bureau-Blouin en disant : « Vous
avez été élu par quoi, un comité
? » Au lieu de se choquer, LBB a
répondu avec humour : « Oui, je
suis tout seul à la tête du
comité des jeunes du Parti
québécois ! » C’est un humour
qui répondait à la propagande du
sondage CROP-bidon de « La
Presse » qui répand l’idée que
les jeunes ne s’intéressent pas
à l’indépendance, idée que vient
de reprendre Justin Trudeau.
Rappelons que ce sont surtout
des jeunes qui ont élu Mario
Beaulieu à la tête du Bloc
québécois.
Puis, la conversation s’engagea
sur le comité des jeunes du
Parti québécois. Avec son
élégance habituelle, Léo
Bureau-Blouin expliqua qu’il y
avait beaucoup de travail à
faire auprès des jeunes qui sont
loin des débats qui ont eu lieu
autour du référendum de 1995 et
qui n’ont jamais participé à un
véritable débat sur les raisons
de vouloir faire du Québec un
pays. Pour cela, le Parti
québécois peut être un
instrument pour faire avancer
les choses. Moi, j’essaie de
changer la société à l’intérieur
des institutions et le Parti
québécois en est une.
La couleuvre effrayée lui dit
pour le piquer : "Vous avez la
foi, vous !" Léo Bureau-Blouin
aurait pu et dû lui répliquer :
« Vous, ancienne de
Radio-Canada, croyez-vous à
quelque chose d’autre que vos
papotages plus ou moins mondains
qui encouragent le statu quo ?
Voulez-vous dire que mon
engagement politique ne vaut
rien? » Au lieu de cette
réplique cinglante, sans perdre
son calme qui est devenu
proverbial, il expliqua qu’il
croyait à l’indépendance du
Québec. Mais le climat créée par
l'animatrice était plutôt
hostile ce qui nui au message.
Charette continua en répétant :
« Oui, vous avez la foi dans le
PQ! » mais ce n’était pas de
manière sympathique et elle
ajouta, sans finesse : « Vous,
vous êtes un jeune vieux »
reprenant une attaque sur
Facebook qui vient probablement
d’un étudiant de la CLASSE. Léo
Bureau-Blouin aurait pu
répliquer : « Pour vous, un
jeune est nécessairement
quelqu’un qui a lu le pamphlet
de Victor-Lévy Beaulieu «
Désobéissez ! » et qui veut
détruire le pouvoir bourgeois. »
Au lieu de cette réponse
agressive, il expliqua que
chacun a son style et que le
sien était différent de celui de
Mario Beaulieu, le nouveau chef
du Bloc à propos duquel la
Charette le questionna non sans
auparavant l’avoir enquiquiné
avec Janette Bertrand,
décidément la Charte est son
thème favori pour essayer de
déstabiliser les péquistes.
Imperturbable, Léon
Bureau-Blouin, avec le sourire,
fraternisa avec Mike Ward et
Dany Laferrière qui, avec
sérieux, sentit le besoin de
faire contrepoids aux questions
tendancieuses et antipathiques
de l’animatrice en disant que le
nouveau président du Comité des
jeunes du Parti québécois avait
dit des choses sensées sur
l’existence des partis
politiques comme moyen d’action
pour changer la société et qu’il
respectait son engagement
politique. Ce soir-là, le membre
de l’Académie française qui
vient de recevoir l’Ordre
national du Québec monta dans
notre estime, lui qui parle
toujours avec brio de
littérature et de création
littéraire.
Suite à ces deux entrevues où
une animatrice montre de
l'hostilité à l'égard de ses
invités indépendantistes, j'en
suis arrivé à une conclusion. La
voici. Pour que le thème de
l’indépendance du Québec
devienne d’actualité et soit
respecté dans les médias
québécois, il va falloir que les
porte-parole de cette option
politique ne se laissent plus
baver par la meute des partisans
du statu quo qui n’ont rien
d’autre à proposer que la
continuation du système
politique et économique actuel.
On ne doit plus accepter
passivement qu'on essaye de
rabaisser tous ceux qui ont des
convictions indépendantistes et
qui veulent faire du Québec un
pays. Après tout, la structure
fédérale n'est pas de droit
divin: en démocratie, on a le
droit de la remettre en
question.
Il y a fort à parier que
Philippe Couillard n'osera pas
prendre le risque de perdre un
référendum où il demanderait aux
Québécois de signer la
constitution de 1982 que Trudeau
a imposée au Québec contre sa
volonté avec la complicité du
Canada anglais.
Il faut cesser d’être gentil,
arrêter le rond rond poli d'une
entrevue et demander : «
Pourquoi dites-vous cela qui
remet en question mon engagement
politique comme s’il ne valait
rien et comme s'il était de trop
? »
Vous serez sans doute étonné de
l'exemple suivant. Après son
passage à la Commission
Charbonneau, Nathalie Normandeau
a donné une entrevue à
Anne-Marie Dussault à l'émission
24/ 60. Après quelques minutes,
il était évident que
l'animatrice ne croyait pas du
tout que Nathalie Normandeau
avait érigé un mur éthique entre
elle et les magouilles de son
chef de cabinet Bruno Lortie qui
a fait de la collusion avec le
libéral Marc-Yvan Côté. Nathalie
Normandeau a arrêté l'entrevue
et a dit: " Je trouve que vos
questions sont tendancieuses.
Vous n'êtes pas obligée de me
croire mais vous n'avez pas à
faire mon procès." C'était bien
envoyé.
Avis est donné aux
indépendantistes : il va falloir
remettre à leur place les
Christiane Charette et
Anne-Marie Dussault de ce monde
des médias. Et ça urge. Le
projet de faire du Québec un
pays ne survivra pas au rejet
répété et tendancieux par
certains qui dominent les médias
québécois. Il va falloir trouver
un moyen de les mettre sur la
défensive et de leur faire
ravaler leur arrogance nihiliste
qui est toujours plus grande le
lendemain d'une victoire des
Libéraux provinciaux aux
élections.
Robert Barberis-Gervais,
Vieux-Longueuil,
mardi 01 juillet 2014
barberis@videotron.ca
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