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jeudi 22 novembre 2012

Le maire d’Ottawa, le drapeau canadien et les chèques du fédéral

par Robert Barberis-Gervais

Comme disait Réjean Ducharme, l’auteur de l’Avalée des avalés qu’il a écrit en 1964 sur l’île St-Ignace-de-Loyola, roman publié chez le plus prestigieux éditeur français Gallimard, "parlons du Canada, déployons de mornes efforts".

Le maire d’Ottawa Jim Watson a répondu samedi soir sur Twitter à ses détracteurs : il a affirmé qu’il jouit du même droit de parole que n’importe quel citoyen canadien.

Interrogé sur cette question par Radio-Canada, dimanche, il a réitéré ses propos. « Je suis canadien. C’est le discours libre. Je pense que c’est important pour tous les Canadiens de respecter le drapeau canadien. » — Jim Watson, maire d’Ottawa

Jim Watson s’est retrouvé au coeur d’une controverse à la suite d’un message qu’il a lui-même diffusé vendredi dernier sur Twitter à propos de l’intention du Parti québécois de retirer le drapeau canadien du salon rouge à l’Assemblée nationale. Jim Watson a affirmé qu’il était « déçu que le gouvernement du Québec ne croie pas nécessaire d’honorer le drapeau canadien » et que malgré tout « il accepte des chèques où on retrouve ce même symbole ».

Cette dernière remarque que je qualifierais dans la langue de Shakespeare de nasty remark, m’inspire les réflexions suivantes. En adoptant la constitution de Trudeau en 1982, le Canada anglais n’a pas respecté un principe que le Parlement canadien devait accepter plus tard à savoir que "les Québécois forment une nation dans un Canada uni". Comme l’Assemblée nationale du Québec, au nom des Québécois qui forment une nation, n’a jamais accepté de signer la constitution du Canada, comment peut-on dire que le Canada est uni ! Le Canada est profondément désuni et cette désunion n’inquiète pas du tout l’autre nation, celle du Canada anglais. Ce qui montre que le Canada est un simulacre de pays. Un pays anormal qui ne s’est pas encore libéré de son passé colonial.

Par conséquent, le drapeau canadien n’a pas d’affaire à trôner à l’Assemblée nationale du Québec car si tel était le cas ce serait nier la réalité politique divisée du Canada. Ce serait faire comme si cette Constitution de 1982 avait été adoptée par les Québécois qui forment une nation soit par l’Assemblée nationale soit par référendum. Ne pas placer le drapeau du Canada à côté du Président de l’Assemblée nationale du Québec, n’est-ce pas une excellente façon de protester contre le coup de force de Trudeau en 1981-1982 et d’être fidèle à la mémoire de René Lévesque. Nous pourrions honorer le drapeau canadien s’il était honorable mais hélas, il ne l’est pas. A Tout le monde en parle quand l’animateur a demandé à Justin Trudeau récemment ce qu’il pouvait déplorer chez son père Pierre Elliott, il répondit : ne pas avoir gardé son couple uni. Il aurait pu faire une réponse politique : avoir enfoncé dans la gorge des Québécois une constitution, celle de 1982. Ce qui ne se fait pas dans un pays normal qui respecte les nations qui le constituent.

Par ailleurs, la remarque sur l’acceptation des chèques "où on retrouve ce même symbole" me rappelle le fédéralisme rentable de Robert Bourassa. C’est une allusion directe à la péréquation et cela laisse entendre que le Québec est sur le bien-être social (BS) par rapport au Canada. Or, la question des avantages financiers que le Québec tirerait du Canada est hautement controversée. On peut se demander par exemple si le Québec a un avantage à financer sa part des milliards des F-15 qui ne vont faire que la politique étrangère des Etats-Unis.

Hier, à la fin de son discours du budget, le ministre des finances du Québec Nicolas Marceau a affirmé que le Québec ne serait pas coincé comme il l’est s’il bénéficiait des 50 milliards en impôts et taxes que les citoyens du Québec paient à Ottawa. Voici sa conclusion « Nous faisons le maximum avec les moyens qui nous sont impartis, mais nous pourrons aller beaucoup plus loin en disposant de tous les moyens d’un pays souverain. La fiscalité, par exemple, est un outil puissant. En la contrôlant entièrement, nos mesures pour stimuler l’investissement privé seront d’autant plus performantes." (Nicolas Marceau)

Pour revenir au maire d’Ottawa Jim Watson, s’il croit vraiment que le Canada est la vache à lait du Québec, je me demande pourquoi il accepte une telle situation. J’ai même une proposition gagnant-gagnant à lui soumettre, il verra que je suis un homme raisonnable. Pour débarrasser le Canada du boulet que constitue le Québec, il n’a qu’à nous foutre dehors. Fini le bien-être social pour ces fainéants corrompus que nous sommes (ça va faire plaisir à Lucien Bouchard ça), et obligeons tous les parlements provinciaux qui resteront au Canada à se couvrir de drapeaux canadiens. Il va alors être heureux et nous aussi.

A ce moment-là, son Canada pourra se dire vraiment uni. Ce serait une excellente façon d’exercer son discours libre. Qu’il dise ouvertement ce qu’il affirme implicitement : Quebec, out ! et le plus vite possible as soon as possible.

Le Québec pourra alors garder les 50 milliards de taxes et d’impôts qu’il n’enverra plus à Ottawa et le Canada pourra garder ses chèques avec le symbole du drapeau canadien. Le Québec sera un pays à part entière, formera une nation libre sans condition et le Canada enfin uni pourra honorer tous les symboles qu’il voudra y compris bien sûr tous les symboles royaux avec la nostalgie émouvante du défunt empire britannique et du glorieux temps où le Canada était une colonie britannique.

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