« Rajuste ton
duceppe, mon Ti-PET, pis sers-moi deux bourassas toastés », ou…
… ces p'tits riens capables de vous immortaliser!
Pourquoi pas faire simple?
La meilleure façon d’honorer pour
très, très longtemps la mémoire d’un homme, fût-il politique, ce n’est
point d’en accoler le nom complet (prénom + trait d’union +
patronyme) à un pont ou à un viaduc – d'autant que ça vous a cette
fâcheuse tendance à s’écrouler au bout de 30 ans, ces gros ouvrages-là,
et sans crier gare! D’autre part, les noms de rue sont tous pris, et, on
le constate, les débaptiser n’est pas “a walk in the… parc”; les
oratoires en construction se font rares; on ferme les écoles plutôt que
d’en bâtir; fini les barrages, ou presque : ce sont les éoliennes qui
sont dans le vent, etc. Que faire alors?
Comme disait si bien celui qui
dégomma Dorchester, le repoussant sans ménagement jusqu’aux limites de
Westmount, « c’est pas sorcier! ». Il suffit de « piger » dans le
quotidien, voire le trivial. Pensez-y un peu : prêter son nom à un objet
usuel, c’est s’assurer une place, que dis-je, une présence constante
dans la vie des gens, non seulement les Montréalais et les
Montréalaises, mais encore tous les usagers de la langue de la… nation,
qu’elle soit reconnue ou pas (la nation, pas la langue!) par Mystère
Dion et consorts.
Trêve d’intro, je fonce : au même
titre que tout ce qui s'apparente à un bonnet de douche mérite de
s'appeler un « duceppe », qu’une invitation à manger vous savez quoi
pourrait fort bien, surtout dans la haute, être assimilée à un « trudeau »
(because le fameux fuddle-duddle cavalièrement adressé aux
« gars de Lapalme »), qu’un lancer magistralement raté devrait désormais
se voir décrire comme un « félix-guy-A », ouais! au même titre que tout
ça et bien d'autres choses, le hot-dog, dont la traduction chien-chaud
n’a jamais vraiment passé la rampe, pourrait devenir, du moins chez
nous, au Québec, un… « bourassa »!!! Un bourassa vapeur, un bourassa
relish moutarde, un bourassa bourratif, ça se dit bien, me semb’, sans
être trop long en bouche. Si le mot passait dans l'usage, le nom de
notre ancien premier ministre ne serait jamais oublié, je vous en passe
un papier graisseux! Pérennité assurée…
Surtout, que l’on n’y voie point un
manque de respect de ma part à l’égard de M. Bourassa; il s’agit plutôt
d’un pied de nez à celui qui, du haut de sa superbe, osa traiter ce
dernier de « mangeur de hot-dog ». Et qui sait, tout compte fait, il
vaut p't-êt' mieux donner son nom à un snack prolo très estimé (même
steamé!) qu'à un aéroport de troisième ordre qui fait rager tous les
voyageurs!
Excusez-la!
Jean-Paul Lanouette