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vendredi 11 février 2005

Pas touche à mon VLB!

VLB au pilori, et pourtant… 

Après la volée de bois vert à laquelle Victor-Lévy Beaulieu a eu droit en réaction à sa lettre parue dans La Presse du lundi 7 février, je tiens à livrer quelques impressions, idées et états d'âme qui viendront, je l'espère, faire un peu contrepoids au « char de bêtises » déversé sur le dos du célèbre et controversé auteur. Non que celui-ci ait besoin de qui que ce soit pour le défendre! En effet, il a la plume assez acérée pour s'occuper d'écorcher, « au mérite », celles et ceux qui se risquent à le défriser… « des deux bords »! 

Un ciel moins bleu pour Victor-Lévy Beaulieu...

        D'entrée, j'avoue ne pouvoir me targuer d'objectivité lorsqu'il est question de VLB, car, depuis Race de monde, je suis inconditionnellement accro à la prose télévisuelle du bonhomme. Allez savoir pourquoi! C'est peut-être parce que, mieux que personne, il sait incarner l'imaginaire le plus flyé dans un réel qui se permet d'affecter des airs de quotidien faussement rassurants. Ce qu'il nous offre en partage, c'est une folie – au sens noble du terme – qu'on peut presque toucher du doigt tant elle caracole à hauteur d'âme. 

Devant nos yeux souvent ébahis et parfois incrédules, il réussit à faire vivre à ses personnages de fugaces et fulgurantes parcelles d'éternité, tout comme de larges pans d'existence erratiques, autant de « mises au monde » uniques qui, autrement, seraient restées de drôles d'idées condamnées à macérer un certain temps, et en pure perte, dans un cerveau en perpétuelle ébullition, pour finalement se dissoudre jusqu'à l'oubli. Aux êtres peuplant les mondes parallèles qu'il met en scène dans ses téléromans, VLB fait dire des choses qui transcendent la plate et ô combien prévisible normalité, seul état bien reçu dans la bonne société qui, on le sait, se méfie de la marge, craignant sans doute de s'y retrouver autrement qu'au seul titre de spectateur voyeur. 

Ce n'est donc pas un hasard si nos plus belles « bêtes de scène » (de Gilles Pelletier à Jean-Louis Millette, en passant par Paul Hébert, Michel Dumont, Gisèle Schmidt, Nathalie Gascon, Gilles Renaud, Monique Miller, Gérard Poirier, Yves Desgagnés, etc.) en ont littéralement « mangé », du VLB, trop heureux de pouvoir évoluer, s'exprimer – s'investir comme acteurs, tout en s'éclatant, quoi! – dans un véritable univers-théâtre créé sur mesure pour les passionnés qu'ils sont! En d'autres termes, les « lignes » véelbéennes étalées sous leur nez, c'était et ça demeure du stuff de pro, pas de la grenaille alimentaire pour perroquet savant! 

Au sein de la gent comédienne, donc, ça s'est toujours bousculé au portillon pour aller « jouer » dans les œuvres – lâchons le mot – « spéciales » de VLB, auxquelles d'aucuns prêtent d'indéniables vertus cathartiques (lire : « défoulatoires »). Les téléspectateurs ont toujours suivi, rarement en nombre suffisant au goût du diffuseur, mais pas mal sont encore là – fidèles au « poste », comme on dit –, à la fois babas et déçus qu'on vienne de la sorte leur « obscurcir le ciel ». 

Un ciel plus sombre, ou les « bleus » de VLB 

En passant, à l'heure où Le Bleu du ciel subit à son tour le traitement « dégommage » réservé naguère au Volcan tranquille de Pierre Gauvreau, peut-être est-il de mise de se demander si le silence de tous les « porte-verbe » de VLB rime davantage avec convergence qu'avec impuissance… 

Cher Victor-Lévy, je vous le demande : où diable vais-je donc pouvoir trouver « une bolée d'air frais » dans toute cette téléréalité insipide que je refuse de me taper? Quand le reflet est plus fidèle que l'original et me renvoie l'image trop nette[1] d'une tribu de « chromés » dont les ânonnements et borborygmes sont à prendre au premier degré, je décroche. Cet étalage monocorde et monochrome qu'on nous propose, ça nous change un peu trop radicalement de vos élucubrations les moins douces. De quoi s'ennuyer de votre style souvent taxé de tarabiscoté… Voilà!  

Pour le reste, dans la « réaction » de VLB, je ne vois pas tant un dépit d'enfant gâté à qui l'on vient de retirer sa « bébelle » qu'une immense et très amère déception à l'égard de « notre » télévision publique. Rien qu'à voir les décisions et les orientations ou virages à 180 degrés qu'elle a pris et continue de prendre ces derniers temps, la Société Radio-Canada, hélas, ne fait pas que s'écarter de son mandat premier, elle s'en détourne résolument, s'en éloigne de façon inexorable. Un TVA et un TQS, c'était pourtant déjà « ben en masse », non?!  

Quant à la sortie pas très politically correct de VLB contre Tout le monde en parle, disons que c'est son avis… et que je le partage à 110 % (excusez-la!). Selon moi, pour un débat d'idées digne de ce nom, il nous suffit d'oublier la soirée du dimanche servie ad nauseam par Ti-Guy A. pour regarder plutôt du côté de ma'me Bazzo, le vendredi à Télé-Québec… C'était ma plug du jour! 

En terminant, histoire de bien montrer que, même privés d'une grosse partie de notre ration de « tivi » intelligente, il ne faut jamais désespérer ni cesser de rêver en couleurs, je crie urbi et orbi : à quand une télé publique sans pub… comme la radio de Joël et de René[2]?!? 


 

[1] On ne parle plus que de « haute définition numérique », que d'écrans panoramiques de format 16:9… Et le contenu, lui?! N'est-il point en train de se voir proprement évacuer? Désolé, mais la technique à elle seule ne saurait meubler le vide, encore moins lui conférer de la substance, et cela, si grands et si « performants » que soient les écrans dernier cri. Alors, s'il vous plaît, moins de look, plus de feeling… Devant ma télé, je ne suis pas qu'en mode « regarde » : j'ai aussi un mode « écoute »!

[2] Vous aurez bien sûr reconnu nos morning men adorés de la Première Chaîne radio-canadienne : Joël Le Bigot et René Homier-Roy.

 

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