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mardi 06 décembre 2005

Une war room en mal de traduction idoine

Ainsi donc, nous apprend le chroniqueur Vincent Marissal, on cherche à La Presse « une traduction correcte et vivante de war room ». C’est avec zèle et empressement qu’à titre de langagier je viens à la rescousse des journalistes de tout poil qui ont à jongler avec cette notion quelque peu…  n’ayons pas peur des mots… envahissante, à tout le moins par les temps qui courent. 

        Ce « centre de crise » que propose l’Office québécois de la langue française pour traduire la réalité war room, eh bien! c’est pas très sexy ni vraiment accrocheur, je vous le concède d’emblée. Qui plus est, ça ne décrit que partiellement et bien imparfaitement le boulot essentiellement « proactif » des heureux (?) mortels qui en font partie. Quant à « cellule de communication », qu’on lit ou entend à l’occasion, ça fait plutôt « drable » pour qualifier queq’ chose d’aussi in, vous ne trouvez pas? 

        Aussi, dans le contexte actuel (élections en plein hiver!), je te me vous traduirais ça par… ROULEMENT DE TAMBOUR « Poudrerie »!?! Avant de me « flusher » dans les limbes d’un simple clic de souris, ouais! avant que de m’expédier cavalièrement et sans appel dans le néant virtuel, voyez plutôt pourquoi et comment j’en suis venu à cette trouvaille presque étrange, même à mes propres yeux, si! si! 

        War room, c’est littéralement parlant, une « salle de guerre ». Or, il faut savoir que « poudrerie », au sens premier et guerrier du terme, c’est une fabrique de poudre. Étant entendu que le rôle premier d’une war room, c’est de jeter de la poudre aux yeux du citoyen votant, il m’apparaît à la fois pertinent et judicieux, dans la langue délatinisée de Bernard Landry, d’appeler « Poudrerie » cette joyeuse troupe de… comment dire?…  « pelleteux de nuages », débiteurs de propos creux, ciseleurs de concepts fumeux, tenants de théories oiseuses, magiciens de l’argument spécieux, chantres aux belles promesses, doreurs de pilule, n’en jetez plus, la room est pleine! En un mot comme en mille, « Poudrerie », ça va comme un gant à cette impressionnante brochette d’experts patentés et « patenteux », passés maîtres dans la manipulation des ingrédients évanescents dont on élabore le bien nommé « écran de fumée », tactique, ou plutôt manœuvre on ne peut plus classique, mais toujours très en vogue dans le beau monde de la politique (avec un « p » minuscule, que dis-je? infinitésimal!).  

        Et puis, fait non négligeable, « poudrerie », dans son sens froidement québécois, c’est une manifestation météo qui nous en met plein la vue… au point de nous aveugler, tout en nous les gelant (ce que vous savez… plus le cerveau). Pour parler d’une bande de « bolés » chargés de gérer cette guéguerre froide que ne sauraient manquer de se révéler les élections « blanches » – c’est-à-dire sans effet – auxquelles nous venons d’être conviés, pour parler de cette caste rapprochée, donc, « Poudrerie », c’est pas mal cool, non? 

        Et en contexte, ç’a vous a d’la gueule, messieurs-dames! Jugez-en plutôt par ce brillant exemple de mon cru : « Selon M. Boisclair, homme politique qui a du nez – disons plutôt du flair dans un souci de rectitude… politique –, la Poudrerie du Bloc à Duceppe sera forcément mieux “inspirée” que celle, pourtant dite libérale, de Mystère Pâle Martine. » 

         En passant, il convient de gratifier de la majuscule le néologisme de sens qu’est « Poudrerie », et cela, histoire de le démarquer des deux autres acceptions du terme, à savoir la guerrière et l’hivernale. Outre qu’elle empêche toute confusion avec lesdites acceptions, la majuscule constitue, ma foi, une bonne façon de souligner l’enflure verbale que pratiquent à grande échelle les très « songés » stratèges de toute Poudrerie digne de ce nom. 

        À la guerre comme à la guerre : vive donc la Poudrerie, mais pas trop longtemps, déjà que tout ça nous laisse pas mal froids, non?! 

Jean-Paul Lanouette,
traducteur forcément agréable, parce que dûment… agréé
  

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