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dimanche 28 novembre 2004

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L'homme bleu du… dessert

Vasy : « poque » sur le cerveau, ou bleu à l'intelligence!

Vous avez quelque chose à vendre, un produit qui s'avale tout rond  comme une Viagra, se fume comme une Gitane, ou se boit comme une Labatt? À moins qu'il ne s'agisse d'une idée – noble ou pas – à faire avaler à vos concitoyens?  

Je n'ai qu'un mot pour vous : BE-LEU, oui Monsieur, BLEU! En effet, il vous suffit d'associer de quelque façon votre produit – ou votre « belle » idée – à cette couleur, et c'est la réussite assurée, ou presque. C'est vrai, peu de risques d'essuyer un cuisant échec susceptible de vous pousser à en finir en allant vous jeter sous les roues d'« un grand train bleu » (chanson de Gilbert Bécaud) ou à l'eau… dans la grande bleue (la mer Méditerranée), par exemple. Mettez donc toutes les chances de vot' bord : dites-le avec du bleu, faites-le en bleu, empaquetez-le dans du bleu. Ça marche! 

Qui dit bleu veut faire penser qualité. Après tout, sang bleu n'est-il pas synonyme de noble, et cordon-bleu, d'excellent cuisinier? Détenir le ruban bleu, n'est-ce point être « le plusse meilleur » dans sa spécialité ou le mieux conformé parmi les représentants de sa race, que l'on soit chat ou chien? Par ailleurs, pour « faire lever » une fin de soirée plate, rien de mieux que la p'tite pilule bleue de Pfizer, paraîtrait-il. Et enfin, le Touareg, « homme bleu du désert », n'est-il pas enveloppé d'une aura de mystère qui agit comme un puissant aimant sur notre intérêt, à tout le moins sur notre curiosité? Vive donc le bleu

 Le bleu, comme dirait un vendeur de chars, c'est winner au boutte. Répétez après moi, lentement et tout haut : « Bleubleu bleu… » Ne trouvez-vous pas que c'est comme caresse pour les lèvres, en même temps que musique pour les tympans? De fait, le mot roule si bien en bouche que tout plein de paroliers n'ont pas hésité une seconde à en émailler leurs ritournelles qui, sans être des morceaux d'anthologie, ne sont pas nécessairement toutes à classer dans le registre « quétaine » achevé. Rappelez-vous seulement… « Bleu, bleu, l'amour est bleu », chantait Roger Whittaker entre deux longs sifflements à flanquer des complexes aux rossignols. Il y eut aussi « La dame en bleu » roucoulée par le crooner aux trémolos larmoyants, Michel Louvain. Quant à la regrettée Pauline Julien, elle n'est pas en reste : qui ne se souvient que la « lionne » clamait sur scène n'avoir qu'à croquer une coup'e de 222 quand elle avait les bleus

On le voit, on l'entend, le bleu a la cote, et il n'est pas jusqu'aux publicitaires qui n'aient flairé la bonne affaire! On donne dans le bleu à qui mieux mieux, « mur à mur », pour un message qui accroche. « Tout le monde le fait, fais le donc!» Et, n'ayez crainte, vous ne commettrez pas un délit d'initié en vous servant de ce tuyau pour élaborer vos savantes stratégies de vente. 

Le bleu semble in partout, dans tous les secteurs, tous les domaines, et cela, depuis fort longtemps, sauf peut-être en politique, où il n'a pas empêché ses plus gros « porte-étendards » de mordre la poussière aux dernières élections (le démocrate John Kerry aux É.-U., et le conservateur Stephen Harper au Canada). Mais, rassurez-vous, ce sont là de rares exceptions qui ne font que confirmer la règle (le bleu, ça « pogne » en masse), même s'il y en a une autre, d'exception, dont je m'apprête à vous entretenir. Ouais! vous le verrez, il y a des risques de dérapage non contrôlé; un certain Vasy en est la preuve patente, non pas noir sur blanc, mais bleu sur autres couleurs, disons. 

Il importe de se rappeler qu'en général le bleu porte bonheur. Ainsi donc, opter pour cette couleur « à la grandeur », c'est jouer gagnant. Fort de cette quasi-certitude, le gouvernement du Québec lançait le 14 novembre dernier un programme de promotion visant à inciter le bon peuple – c'est nous ça – à adopter de saines habitudes de vie : « Vas-y, fais-le pour toi!» Mais avez-vous vu qui c'est (ou quoi) qu'on a pris comme porte-parole? Un bonhomme bleu de pied en cap! Pas de doute à y avoir : ce Vasy est un néophyte, un… bleu, et son intervention dans nos existences de sédentaires mal nourris tombe à plat, royalement! 

Car, cette fois, hélas! la magie bleue n'a pas opéré, loin s'en faut… Entre vous et moi – sans oublier la fameuse « boîte à bois » –, l'inénarrable Vasy, nouveau personnage virtuel « mis bas » par notre provincial gouvernement, n'est guère convaincant. En effet, cette créature d'aspect « surgelé » pour le moins insolite, fruit indigeste d'un croisement intempestif entre Tintin et Jonathan Bleue, est censée nous inciter, ma famille et moi, à prendre le virage santé en ayant pour mantra : bouger et bien manger.  

Or, avec un teint pareil, qui lui confère l'allure d'un Stchroumph manqué, ledit Vasy, « homme bleu du dessert », ne me donne guère envie de goûter à ce qu'il y a dans son assiette, vous savez, ce que, dans la pub télé, il appelle des… légumes! Pour le look santé, on aurait pu trouver mieux, me semb' : de quoi figer à zéro le désir d'émulation chez tout être « normalement » constitué (ou coloré). Cependant, pour ce qui est de faire bouger les Québécois, c'est aut' chose. L'apparition de ce spectre bleu « électrique » sur l'écran de télé déclenche à coup sûr chez ceux qui y sont exposés  une série de mouvements saccadés et désordonnés, principalement de recul ou de fuite, mouvements réflexes en tout cas irrépressibles, avec un temps de réaction à faire pâlir d'envie les finalistes du 100 mètres d'Athènes. Heureusement, le pouce toujours collé sur la « zapette », le maître ou la maîtresse de la maisonnée aura tôt fait d'évacuer le monstre, de transformer Vasy en Vaten, histoire de mettre un terme au supplice bleu

Pour ainsi passer de l'homme bleu du désert à celui du dessert, il y avait plusieurs marches à descendre, et, en haut lieu, l'on n'a pas su se priver de cet « exercice »… Ce qui fait, Sacrebleu! que nous v'là tous rendus pas mal bas – et l'estomac creux – avec ce Vasy à la drôle de mine qui nous coupe l'appétit.

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Jean-Paul Lanouette
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