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vendredi 04 juin 2004

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« Deux piasses-tu? »

        Au fond, que nous raconte donc cette pub couleurs « pleine page » que, deux jours avant le tout premier tirage du nouveau 6/49, Loto-Québec (L-Q) se payait… et nous matraquait en pleine gueule à l'heure du premier café? Ouais! la chose remplissait la A 3 d'un « grand » quotidien français d'Amérique, La Presse, pour ne pas le nommer! 

Le « téteux » et le « tété »

Voici comment je décode le message massue de L-Q. « Soyez toujours gentils avec ceux qui jouent au nouveau LOTTO 6/49 », que ça nous dit. Voyons voir : un costaud consent, sourire figé aux lèvres, à se faire doucher pour « protéger », de son parapluie déployé, un quasi-avorton présenté comme gagnant « potentiel » (ou réel?) au jeu précité. 

        D'entrée, nous sommes amenés à déduire que celui ou celle qui décroche le gros lot au 6/49 peut s'attendre à voir son entourage (parents, amis, nouveaux ex-collègues et autres « intéressés » de tout poil) se transformer illico presto en une tribu fidèle à souhait et servile tout plein, où le sucré dame le pion résolument au sacré. Heureux (?) nouveau riche, soyez le bienvenu chez les « téteux », qui vous respecteront non pas tant pour ce que vous êtes vraiment que pour ce que (ou plutôt combien) vous « valez » depuis peu! Que voulez-vous, c'est là la rançon de la fortune spontanée… Pas sûr que ça me tente! Et vous? 

        Le « bâti » au parapluie ne sacrifie pas sa coiffure par grandeur d'âme, vous le devinez bien : c'est l'intérêt seul, le vil appât du lucre, oui! le bas espoir de ramasser une portion du pactole, ne fût-ce que des miettes, qui guide le bras « protecteur » du bonhomme. Désolé, messieurs-dames, on ne nage pas ici en pleine noblesse de cœur, loin s'en faut! 

Un 6/49 « enrichi »… pour qui? 

        Passons maintenant au contenu purement informatif ou « factuel » de la méga-annonce : « 1 chance sur 32 de gagner un lot […] gros lot minimum de 4 millions de dollars ». Il manque un seul petit détail : le « nouveau » coût de la mise, qui est passé de 1 $ à 2 $, soit une augmentation de 100 %! Oubli volontaire? Qui est prêt à parier un p'tit deux là-dessus? 

À l'époque de la « loterie du maire » (Drapeau), qu'on avait baptisée « taxe volontaire » pour lui conférer un air de légitimité, on ne faisait pas de secret du prix du billet. « Deux piasses-tu? » qu'on demandait alors de façon peu subtile – mais franche et directe – au « contribuable » visé. Voilà qui tranche avec la nouvelle approche « discrète » de L-Q en ce qui regarde la hauteur minimum de la mise! Autres temps, autre « stratégie »? Sans doute… 

        Si L-Q annonce si gros, c'est qu'elle sait pertinemment qu'elle joue très gros en l'occurrence, vocation qui n'est pourtant pas la sienne. En effet, le risque « à tout prix », n'est-ce point davantage le « lot » de ses acheteurs préférés, à savoir les accros du loto, fer de lance de sa clientèle captive? L-Q joue gros, disais-je, car il faut rappeler que 1 $, ça constitue un seuil psychologique que même les loteries populaires américaines n'ont encore osé faire franchir à leurs chalands (clients). 

        Mais, l'appétit de l'ogre est tel que celui-ci a décidé de foncer tête baissée, envers et malgré tout. À L-Q, serait-on soi-même devenu joueur dans l'âme, jusqu'à l'os? En tout cas, chose certaine, on l'est jusqu'au fond du portefeuille… d'autrui – c'est vous et moi, ça!

Jean-Paul Lanouette

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