Quand MBA rime avec Caillé
Souvent, pour
ne pas dire toujours, lorsqu'une « nouvelle » nous défrise, qu'elle nous
met littéralement d'la broue dans l'toupet, nous avons cette fâcheuse
tendance à nous en prendre avec vigueur au messager. Réaction presque
normale, ma foi, si ledit messager se trouve être également
l'instigateur principal du « projet » honni, mais attitude plutôt
déplorable si, dans les faits, le bonhomme n'est que le porteur
désigné.
D'où la
question à trois milliards de dollars : dans sa récente allocution
devant l'Association des MBA du Québec, quel chapeau portait
véritablement M. André « vache à lait » Caillé, président de notre
Hydro… de moins en moins chérie et de plus en plus chère? En d'autres
termes, à l'heure où, quelque part en haut lieu, l'on souhaite
manifestement très fort appliquer à notre facture d'électricité le même
traitement que les cols bleus de Montréal ont, eux, si vaillamment
négligé dans le cas des trottoirs du centre-ville – SALER
GÉNÉREUSEMENT –, il convient de se demander à quel titre intervient
l'homme qui a su relancer la mode du col roulé en janvier 1998 :
auteur-créateur, simple porte-parole ou vulgaire lâcheur de ballon
d'essai?
Ne connaissant
point la réponse à cette interrogation, je préfère m'abstenir de tirer à
boulets rouges sur M. Caillé, à qui j'ai toujours – à tort ou à raison?
– reconnu le gros bon sens du fils de noble paysan qu'il est.
Je ne me
priverai cependant pas de houspiller un brin son auditoire.
Malheureusement, il n'a pas été fait état dans les médias de l'accueil
réservé par les MBA aux propos du big boss d'Hydro.
Applaudissements nourris, voire « ovation debout »? Ça se serait su, il
me semble : on en aurait parlé, c'est certain. Alors, réaction glaciale?
Ou encore chahut ponctué de huées? Sûrement pas, car ce n'est pas le
genre de la maison. Et, encore là, ça se serait dit. Il y a donc tout
lieu de croire que M. Caillé a eu droit aux applaudissements polis
d'usage. D'ailleurs, comment un MBA digne de ce titre aurait-il pu
manifester quelque mécontentement ou désaccord à l'égard d'un homme qui
vient de lui affirmer : « Hydro a la possibilité de créer plus de
richesses… »?
Je dirai simplement ceci : des fois, dans le MBO (monde
bassement ordinaire), on se prend à rêver que, un jour, un représentant
de la faune « MBAise » saura voir au-delà de sa « culture des
chiffres avec signe de piastre », s'en extirper un court instant – la
transcender « comme » – pour balancer des « choux » (shoo) bien
gras à la gueule des jongleurs cravatés qui s'amusent à lancer en l'air
de drôles d'idées… tenez, comme celle de filer un électrochoc aux
comptes d'électricité, histoire de les faire grimper en flèche « grâce
à » une multiplication par deux, que dis-je? par trois!
S'il est vrai que « qui ne dit mot
consent », peut-on en déduire que, ce soir-là, MBA (hemme-bi-hé) rimait
hélas avec… Caillé?