Parlons
hockey – «Olympisation» de la surface de jeu : –
Dites donc, les patinoires de la LNH n'auraient-elles pas rapetissé au
fil des ans? Salut!
chers zamateurs de sport!
Les joueurs tombent comme des mouches, victimes de trop nombreux
contacts violents, la très contagieuse «trappe» à Lemaire sévit à
une échelle inquiétante, la glace devient sables mouvants où le jeu
s'enlise lamentablement…
Le problème, il saute aux yeux : y'a comme un manque d'espace,
non?!
Tous ces gars «gonflés» à bloc plus ou moins naturellement,
avec ou sans créatine, tous ces gars, dis-je, qui se retrouvent «enfermés»
ensemble dans un tout petit rectangle de glace, ça vous bouffe du «cubage»,
surtout quand ça se met à patiner à vive allure dans toutes les
directions, oui Monsieur! Or, ce n'est pas en déplaçant buts et lignes
bleues, ni même en éliminant la ligne rouge ou pointillée dite «centrale»
qu'on va arranger les choses. Une fois qu'ils auront réussi
(?) – Dieu lui-même ne saurait comment! – à créer plus
d'espace à l'intérieur d'une surface déjà circonscrite, «officiellement»
délimitée par une clôture, les bonzes ultraconservateurs de la LNH se
sentiront sans doute le génie voulu pour s'attaquer à la démonstration
de la quadrature du cercle[1]… Tant qu'à y être!
Avez-vous songé que, au regard des normes d'aujourd'hui, le grand
Jean Béliveau, affectueusement surnommé le «Gros Bill», ferait presque
figure d'asperge, oui! de «Grand Slack»… avec ses six pieds, trois
pouces et ses 205 livres des belles années. En fait, même le regretté
Elmer «Moose» Vasko, qui fut longtemps, à 220 livres, l'incontournable
référence en matière de mastodontes, devrait emprunter son surnom à
Russ Courtnall et se faire appeler «Chevreuil… enveloppé»! – Vous
voudrez bien excuser ces poids et mesures livrés «à l'anglaise». À
cette époque vraiment glorieuse,
nul ne pensait ni ne pesait «métrique[2]»;
en effet, les pièces de «bœuf de l'Ouest» qu'on alignait sur la glace
étaient étiquetées exclusivement en
livres et en pouces, et, ma foi, ça continue… À preuve : dans la
section des sports de nos journaux, jamais il n'est fait mention de «créatures»
montées sur patins qui font plus de deux mètres et affichent quelque 110
kilos! Faut-il s'en réjouir ou le déplorer? Respect d'une espèce de «tradition»
ou simple paresse? À moins qu'il ne s'agisse d'une nostalgie entretenue
par nos vieilles et très précieuses cartes de hockey, au dos desquelles
figurent les impressionnantes (?) «statistiques vitales» de nos héros
d'antan – Bobby Orr, 5'11", 185 lb…
Holà! trêve de «patinage de fantaisie»! C'est que j'ai la
digression longuette, moi-là! J'ai parfois tendance à m'écarter un peu
trop de mon sujet principal. Que voulez-vous, c'est plus fort que moi. En
effet, j'ai toujours eu du mal à résister aux arguments
de poids ayant tant soit peu «rapport» : dès qu'il s'en pointe un
à l'horizon, quel qu'il soit, il me faut le saisir au vol, question de
l'intégrer à mon propos du moment[3].
Maintenant que je me suis contenté, nous pouvons revenir à notre problème
de grandeur de patinoire.
Nous disions donc que nos pros du gouret sont à l'étroit
sur la glace. Pourtant, une des solutions possibles a déjà été évoquée
par celui qu'on appelle le Magnifique, eh oui! le Grand et Super Mario
lui-même (avant de devenir propriétaire d'équipe, cependant), et cela
m'étonne qu'on n'ait point fait davantage écho à ses propos; en effet,
il suffirait de repousser les bandes des quatre côtés, c'est-à-dire d'adopter
les dimensions olympiques, tout simplement! C'en serait fait des goons
et des «piochons» qui ne savent pas patiner! Fini l'âge d'or des «monstres»
qui, à deux, peuvent couvrir leur ligne bleue plus par leur masse[4]
que par leur talent, enfin achevé le règne des «beus» que seuls des «trains»
comme Lindros ou Jagr arrivent à déplacer! Ouais! dehors le «colletaillage»
perpétuel : place au mouvement sans entrave! Exit cette désagréable
impression de sur-place sur glace, et enter le vrai hockey,
qui se veut tout dynamisme, toute fluidité! Avec
de bons joueurs disposant de l'espace voulu pour exploiter à plein leur
créativité, adieu le «dompage de puck»
systématique érigé en technique de base… Ça
ne coûte rien de rêver! Malheureusement, et c'est là le hic, cela coûterait
pas mal plus cher de faire procéder aux transformations nécessaires dans
les amphithéâtres LNHiens (prononcer : ellennachiens),
d'agrandir autrement que «par en dedans», en osant enfin sacrifier
quelques rangées de fauteuils très «payants». Il
faut le dire haut et fort : réduire le nombre de joueurs évoluant en même
temps sur la patinoire, «socceriser»
(lire : «surdimensionner») les filets dans le dessein avoué de
favoriser l'attaque aux dépens de la défense et, partant, d'augmenter à
coup sûr le nombre de buts marqués au cours d'un match – un coup
parti, comme con dit, pourquoi
ne pas carrément retirer les gardiens… en
permanence?! –, eh bien! tout ça, ce ne sont que mesures de «patchage»
qui, en fin de compte, ne pourraient que dénaturer notre beau sport
national, qui l'est d'ailleurs de moins en moins, «nôtre», n'est-ce
pas, M'sieu Bettman[5]?
Que l'on «olympise» la
surface de jeu, et vous verrez bien : le «cheptel» de la Ligue Nashnale
finira par s'épurer, autant en vertu du principe de la sélection
naturelle que par voie de repêchages plus raisonnés. Il faut savoir
qu'au hockey, comme dans toute autre activité d'ailleurs, l'espace
favorise le mouvement, y invite même. On doit permettre au vrai
talent de s'exprimer plus librement, non seulement par de rares bribes
explosives que seul le ralenti des reprises vidéo permet d'apprécier à
leur juste valeur… après coup,
mais aussi par de beaux jeux fignolés, artistement exécutés. Jean-Paul
Lanouette [1] Si ça se trouve, problème encore plus complexe que celui du rond à patiner rectangulaire. [2] Côté contenance, par exemple, le gallon de peinture, impérial ou américain, n'avait pas encore été détrôné par le quatre-litres (trois virgule sept ou huit, en réalité). C'est maintenant chose faite, mais, précisons-le, uniquement sur les étiquettes des fabricants et dans les dépliants publicitaires! Car, il faut bien le dire, dans la vie de tous les jours – n'en déplaise à l'Office québécois de la langue française –, «notre» gallon a la couenne dure : ne fait-il point toujours partie de notre vocabulaire usuel? [3] Et cela, fût-ce au risque d'embrouiller le lecteur ou, à tout le moins, de le lasser, de le faire comme qui dirait «décrocher». Mais, voilà, je me dis : « Qui m'aime me suive, envers et malgré tout! » [4] On aura bien sûr deviné qu'il n'est pas question ici de masse salariale, mais… corporelle. [5] En ce qui regarde la superficie des patinoires, le petit grand boss de la LNH devrait peut-être s'inspirer du grand petit Napoléon qui, lui – l'étendue de ses champs de bataille en fait foi –, savait voir GRAND. samedi 02 novembre 2002
|