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												La nuit où 
												j’ai cru que tout était fini !
 
  
 Vous connaissez Valérie Sardin 
												de RDS ?
 
 Pas question de lui refuser une 
												proposition, surtout quand ça 
												concerne la course à pied !
 
 Alors, voilà, elle m’a demandé 
												de vous expliquer le changement 
												que la course à pied a 
												occasionné dans ma vie afin de 
												souligner à ma façon la journée 
												nationale du sport et de 
												l’activité physique. C’est bien 
												simple, ce sport a tout fait 
												basculer en ce qui me concerne.
 
 Impossible d’anticiper 
												correctement les impacts futurs 
												des décisions que nous prenons 
												durant notre vie. Parfois, nous 
												les regretterons mais dans le 
												cas présent, disons que ce fut 
												positif sur toute la ligne et 
												cela même si ce sport aura 
												suscité des bris majeurs durant 
												mon existence. Comme on le dit 
												si bien, la perfection n’existe 
												pas dans ce monde et impossible 
												de ne pas casser des œufs 
												parfois.
 
 Je vous explique.
 
 La famille, les enfants, le 
												travail, différentes 
												préoccupations faisaient en 
												sorte qu’un laisser-aller 
												m’envahissait graduellement et 
												dangereusement sur le plan de la 
												condition physique à une 
												certaine période de ma vie. Peu 
												d’exercice, mauvaise 
												alimentation, je représentais le 
												candidat idéal à encaisser le 
												choc si je ne me ressaisissais 
												pas. Et parfois, il faut des 
												avertissements, un fait qui 
												surviendra pour nous effrayer et 
												susciter une réaction de notre 
												part.
 
 C’est ce qui est arrivé pour moi 
												une certaine nuit printanière où 
												je me suis levé radicalement de 
												mon lit, littéralement en 
												panique, croyant fermement que 
												je vivais mes dernières minutes. 
												Je me devais de prendre l’air. 
												Je suis sorti dehors et après 
												quelques bouffées, je me suis 
												juré que dès le lendemain, 
												j’allais rectifier le tir. J’en 
												tremblais tellement que la peur 
												de quitter cette terre m’avait 
												envahi.
 
 Je me souviens de cette arrivée 
												au gymnase. Je n’en menais pas 
												large. Ébranlé et fragile sur 
												bien des aspects, il fallait me 
												prendre avec douceur et 
												compréhension. Et c’est à ce 
												moment qu’est apparue une 
												personne qui a fait toute la 
												différence. À chaque fois que je 
												la vois d’ailleurs, et ce, 25 
												ans plus tard, je me fais un 
												devoir de lui rappeler que si je 
												cours aujourd’hui, c’est grâce à 
												elle.
 
 Éberluée, elle n’a jamais pu 
												comprendre vraiment le poids de 
												son intervention à ce moment-là. 
												Josée Benoit m’a accueilli comme 
												si elle avait perçu ma détresse 
												à travers mes yeux, mon attitude 
												en général. Son accueil a fait 
												en sorte que j’ai pu m’ouvrir à 
												cette nouvelle facette qui 
												entrait dans ma vie.
 
 Graduellement, j’ai découvert 
												les bienfaits de l’entraînement 
												et quelques semaines plus tard, 
												de la course à pied, cette 
												dernière qui allait devenir une 
												drogue essentielle pour nourrir 
												mon cerveau. J’ai dû patienter 
												trois ans avant de pouvoir me 
												convaincre que je pouvais courir 
												un marathon et encore-là, vous 
												ne pouvez vous imaginer comment 
												ce monstre me faisait peur.
 
 Oui, j’allais le vaincre mais je 
												me souviens que quelques minutes 
												à peine après avoir franchi le 
												fil d’arrivée de mon premier 
												marathon à Québec en 1999, 
												j’avais confié à mon épouse que 
												plus jamais j’allais rééditer 
												pareille expérience, que je 
												l’avais essayé, que je m’étais 
												contenté et que maintenant, 
												j’allais mettre cette réussite 
												de côté.
 
 Or, plus fort que moi, une 
												petite voix incontrôlable 
												m’invitait à revenir à la 
												charge, je ne sais trop 
												pourquoi. Me voilà aujourd’hui 
												avec 100 marathons derrière la 
												cravate, moi qui étais loin de 
												présenter le profil du gars qui 
												allait parvenir à atteindre cet 
												objectif inimaginable dans mon 
												esprit.
 
 La course à pied a eu ses 
												bienfaits mais elle aura 
												également causé des torts 
												irréparables dont certes le plus 
												important, une séparation après 
												34 ans de vie commune avec la 
												mère de mes enfants.
 
 Aujourd’hui, lorsque je jette un 
												coup d’œil au dessus de mon 
												épaule derrière moi, je ne 
												regrette absolument rien car 
												j’estime qu’en quelque sorte, la 
												course à pied m’a sauvé la vie 
												au moment où je me dirigeais 
												allégrement vers un suicide 
												assisté, occasionné par un 
												régime de vie déficient
 
 Sans véritablement le savoir, la 
												course à pied aura permis de 
												prendre ma destinée en mains et 
												de la conduire là où elle devait 
												l’être, j’imagine..
 
												Daniel Lequindanielmedaille@hotmail.com
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