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												Quand la 
												misère s’infiltre…..
 
  
 Le regard au beau fixe, je 
												fixais le néant.
 
 Souvent, je me surprends à 
												jongler avant d’entreprendre un 
												marathon. Les souvenirs des 
												événements antérieurs 
												rejaillissent et je tombe dans 
												mes pensées.
 
 Soudain, je suis réveillé par la 
												présence d’Éric Fleury, l’un des 
												responsables du marathon de 
												Longueuil. Il vient prendre de 
												mes nouvelles. Malgré tout le 
												travail, il s’arrête. À quelques 
												minutes de l’événement, 
												j’imagine que tout est réglé au 
												quart de tour.
 
 Avec Jean Joly, il forme un duo 
												des plus efficaces. Ce qui 
												m’impressionne chez ces deux 
												personnes est le contrôle 
												discret qu’ils exercent sur 
												leurs présentations. Il ne 
												s’affichent pas outre mesure. 
												Lorsqu’ils déploient des 
												efforts, ils vont vers la 
												planification et le reste, ils 
												ne s’en préoccupent jamais.
 
 De ce fait, ils génèrent 
												énormément de respect dans le 
												milieu québécois de la course à 
												pied. Même s’ils œuvrent dans le 
												domaine depuis belle lurette et 
												que leur efficacité se veut 
												légendaire, vous ne les verrez 
												jamais s’afficher. Je les 
												admire. Je les ai surpris dans 
												différentes situations et en 
												aucun temps, ils démontraient 
												une perte de contrôle.
 
 Trois en trois pour moi cette 
												année avec les marathons 
												mouillés ! Après l’enfer de 
												Hyannis, le froid et le vent à 
												Cornwall, voilà qu’il pleut au 
												départ de ce 96e. Décidément, je 
												n’avais pas besoin de ce truc du 
												chapeau !
 
 Je croise Terry Sancartier que 
												j’ai connu à Cornwall. Il 
												m’informe que la pluie devrait 
												cesser d’ici peu, prendre une 
												pause et reprendre plus tard. Je 
												me conditionne à cette 
												information qui devait s’avérer 
												différente puisqu’après les 
												quarante premières minutes, Dame 
												nature nous a fiché la paix afin 
												que nous terminions par une 
												belle humidité mais tout au sec 
												!
 
 Scène de quartier alors que je 
												croise le comédien Luc Picard 
												qui promenait ses chiens et 
												semblait tout surpris de ce 
												défilé de mordus devant sa 
												résidence, si tôt par un 
												dimanche matin tout relax.
 
 À la demie, je suis dans mes 
												temps. Je dois refaire la même 
												boucle. J’imagine que c’est 
												l’âge mais le mental n’a jamais 
												voulu embarquer. Même la musique 
												à CHOM ne pouvait me motiver. 
												Impossible pour moi de retrouver 
												ma concentration qui 
												habituellement, provoque une 
												évasion qui parvient à me faire 
												oublier le même paysage qui 
												revient.
 
 Je me connais. Quand je n’arrive 
												pas à oublier les panneaux qui 
												indiquent les kilométrages, je 
												me retrouve dans une zone à 
												problèmes. Et c’est là que la 
												misère s’infiltre. Je me suis 
												mis à arrêter car mes jambes 
												devenaient de plus en plus 
												lourdes. Et lorsque vous amorcez 
												cette procédure durant un 
												marathon, disons que vous 
												entamez le début de la fin.
 
 
  David 
												Lussier et Martin Dufault, deux 
												gars de Sorel-Tracy qui m'ont 
												beaucoup aidé lors de ce 
												marathon.
 
												Souffrance jusqu’à la fin mais 
												pas question de perdre le 
												sourire et mon sens de l’humour. 
												Avec cinq kilomètres à faire, je 
												rencontre David Lussier, un 
												jeune qui réside dans mon 
												quartier. Sa hanche le fait 
												souffrir. On jase de nos 
												problèmes tout en chassant les 
												mauvaises pensées. Il me tire 
												jusqu’au bout.
 Deux kilomètres plus tard, je 
												vois un petit couple au loin. 
												C’est la fille qui court le 
												marathon et visiblement, elle ne 
												peut plus repartir. Son copain 
												l’enlace dans le cou et il jase 
												en marchant, tout comme s’ils se 
												baladaient dans un parc. Je ne 
												peux me retenir lorsque je les 
												dépasse. « Vous êtes beaux à 
												voir. Tu es chanceuse de 
												bénéficier du support de ton 
												copain. Moi, ma blonde est 
												restée à la maison ! »
 
 Elle s’esclaffe de rire et 
												ajoute : « Ce n’est pas grave, 
												vous allez le terminer quand 
												même ce marathon ! »
 
 Ma plus jeune, Carole-Anne 
												m’attend à l’arrivée. Résidente 
												à Barre dans le Vermont, elle 
												est de passage au Québec. Je 
												suis ravi de la voir.
 
 Alors que je prenais le goûter 
												dans l’enceinte de l’aréna Jean-Béliveau, 
												je vois Jean Joly, qui s’assoit 
												avec des coureurs pour entamer 
												une discussion.
 
 Je vous le disais, deux 
												passionnés, deux organisateurs 
												uniques et expérimentés qui 
												veulent continuellement 
												s’améliorer. Je n’ai entendu 
												aucune critique négative 
												concernant l’événement, comme 
												s’ils avaient tout anticipé.
 
 
 STATISTIQUES DE MON 96e MARATHON
 
 TEMPS : 4h18
 CLASSEMENT GÉNÉRAL : 244 sur 312
 CATÉGORIE D’ÂGE : 20 sur 27
 
 Prochain marathon : 97e à 
												Baie-des-Chaleurs
 
 
												Daniel Lequindanielmedaille@hotmail.com
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