L'ENVERS DE LA MÉDAILLE!
avec Daniel Lequin

jeudi 06 juin 2019

La facture salée !



Pourtant, la veille, je rôtissais, assis au soleil aux abords du petit café la Brûlerie du Quai, situé tout près de la mer.

Et dire que ce matin, j’ouvre les rideaux de ma chambre à l’hôtel et il pleut ! Les puissantes rafales de vent proviennent directement de l’océan et un froid de canard sévit. À nouveau, la force du mental est éprouvée. Un 4e marathon en quatre participations à la mouille s’annonce cette année. Une bonne moyenne au bâton n’est-ce pas ? Et moi qui croyais éviter le pire dans la Baie-des-Chaleurs !

Je ne me plaindrai pas, sachant que certains reposent présentement à l’urgence ce matin ! Il faut nécessairement relativiser dans de telles circonstances.

« Viens courir à l’air salin ! », un slogan authentique pour cette organisation qui prend tout son sens avec une température semblable. À peine quelques mètres après le départ, voilà que la pluie s’installe solidement. Heureusement, on évite le pire car le vent nous propulse. Qu’est-ce que ce sera cependant sur le chemin du retour, sachant qu’il faut bien revenir au point de départ ?

Rapidement, mes vêtements deviennent imbibés. Des souvenirs pas si lointains remontent en surface. Hyannis s’infiltre sournoisement dans mon subconscient. Vous savez, l’aventure de la douche à mi-parcours ? Le danger de me refroidir me hante. J’angoisse déjà et je n’ai même pas cinq kilomètres au compteur. Je trouve le parcours éreintant, rien de plat, mais il y a la mer qui nous guette. Au moindre faux pas, elle intervient en faisant sentir son fameux air salin !

Un répit survient. La pluie cesse mais les nuages menacent toujours. Je crains le pire. Sur le chemin du retour, à ma grande surprise, le vent a diminué. Est-ce un cadeau empoisonné ? Relativement en confort, je vois apparaître deux énormes montées. Je le savais. Je les avais descendues préalablement. Croyant qu’elles allaient disparaître, je devais me rendre à l’évidence du contraire. Ah, ce cerveau, ce qu’il peut arriver à faire en mode d’effort suprême !

Installées au 28e km, un bel endroit pour nous briser les reins ! Je m’étonne à les gravir sans marcher. Aurais-je une agréable surprise pour la suite des choses ? Au loin, j’entends l’animateur de la journée. Sachant qu’il reste 10km à faire, ça devient pénible moralement et disons que depuis le début de la saison, cette facette a été lourdement éprouvée. Ce qui explique que le ciboulot s’écroule à la moindre défaillance.

Histoire de tourner le fer dans la plaie, nous frôlons la ligne d’arrivée et il reste 8 km. On doit contourner le petit fort, me glisse-t-on à l’oreille. Je ne le vois même pas ! Mes jambes s’alourdissent. Je revis les ennuis similaires à Longueuil. La fin s’annonce épouvantable. Le moteur commence à ralentir. S’ajoute cette vilaine blessure à la cheville gauche que je traîne depuis quelques semaines. Elle me gruge de l’énergie.

Alors, je me questionne. Je réalise que l’exagération fait son œuvre. Je comprends que ce marathon est mon 16e en l’espace de 17 mois. Comment expliquer qu’un coureur aussi expérimenté ose s’aventurer dans une zone aussi dangereuse ? Cette quête d’atteindre ce 100e m’impose un rythme effréné, inconfortable et je commence à en payer le prix.

Pasquale m’attend au fil d’arrivée. Tout en me félicitant, elle s’aperçoit de mon état. Vive comme l’éclair, la riposte ne se fait pas attendre. Elle m’indique que je devrai maintenant me reposer. Que je dois penser à me rebâtir, tant physiquement que moralement. L’usure m’anéanti, c’est clair.


C'est la fille du docteur Frappier de Sorel-Tracy qui m'a remis la médaille. Elle réside à Carleton-sur-Mer depuis une trentaine d'années.

Et le bonhomme prend de l’âge même s’il l’admet difficilement. Quand tu commences à être dérangé au moindre détail d’un parcours, il y a de quoi se poser des questions. Je devrai nécessairement réagir.

Une quarantaine de participants et je n’avais jamais vu autant de précautions de la part d’une organisation envers les coureurs. Malade ! Des défibrillateurs installés à chacun des postes de ravitaillement, de nombreux bénévoles qui circulaient à vélo malgré le mauvais temps, sur le qui vive, prêts à intervenir et ajoutez les patrouilles policières qui surveillaient minutieusement les participants.

Que de bons mots envers les responsables qui sur l’aspect de la sécurité et de la planification dans son ensemble, n’ont rien à envier aux grandes épreuves. Une expérience où je me suis senti véritablement en sécurité. Je la recommande à 100% car il n’en demeure pas moins que courir sur le bord de la mer reste une sensation particulière.

Je m’en voudrais de ne pas remercier toutes les personnes qui m’ont salué, ajoutant qu’elles me lisent régulièrement. Une magnifique récompense, surtout quand elle provient d’une région aussi lointaine.

Je dois maintenant me reposer. Même si entre les deux oreilles, j’imagine dur comme fer que j’ai encore trente ans, je constate tout le contraire lorsque j’enfile mes godasses. Mon prochain marathon prévu pour le 8 septembre à Rimouski me permettra de recharger les piles pour attaquer convenablement le dernier droit vers cet objectif que je croyais irréalisable.

L’athée est pris au piège !


RÉSULTATS DU 97e MARATHON


TEMPS : 4H21
CLASSEMENT GÉNÉRAL : 36 SUR 40
CATÉGORIE D’ÂGE : 4 SUR 4

Daniel Lequin
danielmedaille@hotmail.com

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