L'ENVERS DE LA MÉDAILLE!
avec Daniel Lequin

mardi 10 juillet 2018

Perte de contrôle : Jadis, je le contrôlais



Je me disais que pour une 4e présence là-bas, l’affaire était ketchup !

Déjà qualifié par les experts comme étant un marathon de fou, cette fois-ci, j’ai dû payer la note. Catastrophique ! J’entendais ma mère me souffler dans mon esprit de ne pas abuser, qu’aujourd’hui, il fallait passer outre.

Comme d’habitude depuis son décès, ma camisole arborait sa photo. J’ai posé ma main dessus et je lui ai dit : «OK maman, tu as raison, je vais prendre les moyens pour contrôler la situation ».

Dans les derniers milles, les jambes ne poussaient plus. Les énormes pentes des Montagnes Vertes, je les regardais avec frayeur. J’ai dû les marcher, pas le choix. Pour descendre, tout allait pour le mieux.

Un marathon de misère et misérable. Mon ami Patrice Albert m’accompagnait. Une première pour lui au Vermont. À mi-parcours, je constatais son surplus d’énergie. Je lui ai dit de partir. Je me sentais mal à l’aise de le ralentir. Hésitant, il a fini par comprendre mon inconfort. Son chrono fut de 20 minutes inférieur au mien ! Combien fier pour Patou !

Ce marathon se veut exceptionnel par sa beauté, ses décors à couper le souffle et bien sûr, son extrême difficulté. Par conséquent, sur 300 inscrits, on constate que les participants arrivent de différents états américains et certains, très lointains.

J’en ai croisé un qui arrivait de l’Oklahoma. Il souffrait le martyre mais savait avant le départ qu’il allait traverser ce genre de passage. Il m’a demandé ce que je pensais de la folie de Trump ? Rapidement, je lui ai répondu que je ne disposais d’aucun commentaire à ce sujet, tout en lui faisant un beau sourire. Il n’a pas insisté.

Honnêtement, je ne me souviens pas d’avoir traversé un 42km aussi ardu. J’ai de nouveau refait connaissance avec l’état de souffrance. Vous savez, quand arrive le temps d’utiliser vos dernières ressources physiques lors d’une telle expérience, votre cerveau s’enligne parfois vers des aspects souvent inexplorés.

Un tel voyage provoque des réflexions et des sensations qui viendront modifier votre vision de la vie et l’être humain. Je vivais ce sentiment une autre fois et je me suis dit que finalement, courir un marathon pouvait me servir à améliorer mon attitude en général après avoir dispensé un effort aussi suprême.

Après quatre présences à Waitsfield, je ne crois plus y retourner. Il vient de me servir toute une leçon et dorénavant, il n’a plus besoin de me revoir. En blague, mon confrère m’a dit une fois que nous reprenions nos esprits après avoir franchi le fil d’arrivée : « Faut vraiment pas avoir beaucoup à faire pour venir courir ici, un dimanche ! »

Difficile de comprendre que peu de Québécois(es) y participent car il est à seulement 2h30 de Montréal ! Le fait qu’il soit en juillet et sa grande difficulté sont certes des éléments qui viennent décourager les adeptes.

Quand Bart Yasso, 62 ans, membre du magazine Runner’s World depuis 1987, termine avec un temps de 5h59 :15, ça vous donne une bonne idée de la complexité du parcours.

En terminant, je dois vous raconter une petite anecdote. Lorsque nous avons mis les pieds dans notre hôtel à Montpelier et que nous avons pris la direction de notre chambre, nous sommes arrivés dans un long couloir recouvert d’un tapis rouge. Immédiatement, j’ai songé au film Shining, l’enfant lumière, vous savez la séquence où l’on aperçoit justement les deux jumelles au fond d’un couloir !

Ce fut l’unique moment de ce séjour où j’ai ressenti un p’tit frisson !

Statistiques de mon 87e marathon


Temps : 4h37 :46
Classement général : 130 sur
Classement catégorie d’âge : 4e sur 10

 

Daniel Lequin
danielmedaille@hotmail.com

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