LE SORELTRACY MAGAZINE     *  Dernière mise à jour : mardi 07 juin 2016 10:02

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NÉCROLOGIE

NOUS JOINDRE

L'ENVERS DE LA MÉDAILLE!
avec Daniel Lequin

mardi 07 juin 2016

Steve Charbonneau plaqué par un marathon !

Sur le chemin du retour suite à son marathon à Ottawa, c’est Isabelle (Charest) qui a conduit l’automobile. « Je me sentais exactement comme après un match de football chez les Alouettes, la même sensation. Lorsque nous sommes arrêtés au resto à Vaudreuil, tu aurais dû me voir quand je me suis déplié ! J’ai dit, c’est terminé. »

Ce n’est pas une plaisanterie, ses bras sont plus gros que mes cuisses ! J’ai l’air d’un nain à ses côtés. Steve Charbonneau est un gaillard. Je ne voyais plus ma main lorsqu’il m’a serré la pince pour m’accueillir dans ses quartiers de la Fondation des sports adaptés au Lac Brome.

Soleil radieux, il s’affairait en plein déménagement. Heureusement, les anciens bureaux de la fondation se situent juste de l’autre côté de la rue. « Nous n’aurons pas besoin d’un camion ». Je le crois, juste sa paire de bras fera le boulot !

Au grand jamais je n’aurais imaginé qu’un jour, je m’entretiendrais avec Steve pour parler d’un marathon. À 6’5, 260 lb, on s’accorde pour dire qu’il est loin du physique d’un Kenyan !

« Moi aussi, ça m’a surpris et même si ça semble incroyable, ce ne fut pas si pire. C’est stratégique mon affaire. Je suis gémeau. Il me faut des défis dans la vie sinon, je n’avance pas. » Le pire dans toute cette aventure, c’est qu’il n’a même pas pu courir une seule fois durant les cinq semaines précédentes du marathon.

À Noël dernier, il agaçait son frère Pierre, l’artiste de la famille. Celui-ci voulait perdre du poids. « Nous avions convenu avec mon autre frère que nous allions participer au demi d’Ottawa. Mon frère et moi, on a oublié mais pas Pierre. Quand on a voulu s’inscrire, le demi affichait complet. L’autre alternative qui s’offrait devenait logiquement le marathon. Je me suis dit que pour mes 42 ans (sa fête est le 29 mai), courir 42km s’avérait un bel objectif ! »

À vrai dire, Steve n’a pas éprouvé de plaisir. « À -30 Celsius, je ne cours pas. Je cours quand il fait beau et j’ai compris que pour avoir du plaisir à courir un marathon, on doit s’entraîner. »

Lors des derniers kilomètres, un malaise au genou droit l’a rendu inconfortable. « J’essayais de compenser. Isabelle m’a filmé à un certain moment et je me suis vu tout croche. Tu sais, la plus longue distance que je courais autrefois c’était 40 verges ! Ottawa a donc gagné sur moi. J’étais souriant malgré tout….et je n’ai pas vu une seule tulipe. Elles sont où les tulipes ? », m’a-t-il demandé en riant. Son temps fut de 5h05.

Or, Steve projette déjà d’en courir un autre. Je lui ai suggéré Montréal. Il a regardé au ciel. « Peut-être. Il est plat ? » Je lui ai proposé de l’accompagner. Il va y songer. Il y a de la vie, de l’espoir.

En sa compagnie, impossible de ne pas parler de son implication avec la Fondation des sports adaptés. Père de deux enfants de 10 et 6 ans et sa femme, l’ex-patineuse de vitesse olympienne qui se retrouve impliquée avec les Jeux de Rio, Steve doit trouver du temps pour s’entraîner. Entre la maison et le bureau, il y a 18km. Oui, il y songe de courir en allant travailler.

Depuis le 1er octobre 2014, il occupe la présidence de cette fondation. Il a quitté son poste de directeur des loisirs à Farnham pour prendre la relève du fondateur de la fondation qui éprouvait des ennuis de santé. On l’a embauché sur le champ. Des Steve Charbonneau, on n’en retrouve pas à tous les coins de rue !

Le potentiel d’aider est énorme. Toutefois, la fondation doit financer un budget qui varie entre 250,000 à 300,000$ uniquement par des dons privés. Aucune subvention pour s’occuper des 125 militaires blessés et plus de 250 personnes handicapées, les sortir de leur isolement, leur donner le goût du dépassement et une dose de confiance avec des sports tels le ski alpin et les sports nautiques.

De plus, Steve et son adjointe doivent dénicher des bénévoles. On en retrouve 160 présentement. « Les gens qui décident de s’impliquer réalisent que leur apport est gratifiant. Régulièrement, je dois les ralentir car je ne veux pas qu’ils se brûlent. Je veux qu’ils reviennent pour les futures années. » Un bénévole, c’est précieux.

Toutes les activités se déroulent dehors car Steve est un gars de plein air. « Je suis le même gars qui va mettre de l’essence dans le bateau que celui qui ira solliciter de l’argent. Je peux souder, travailler le bois, je suis habile de mes mains. J’ai même créé le logo de notre fondation ! »

Steve estime qu’il accorde en moyenne 50 heures par semaine à cette responsabilité. L’été, on parle de sept jours sur sept. Il s’était donné deux ans pour combler un budget de 300,000$. Malgré ses efforts, il n’y est pas encore arrivé.

Il admet que parfois, à force de porter plusieurs chapeaux, la pression devient énorme. « Les intervenants politiques devraient comprendre que lorsque nous obtenons la joie de vivre chez un handicapé, c’est tout son entourage qui en profite. Alors, je dis souvent aux gens que s’ils veulent nous aider, ils peuvent poser deux gestes. Soit nous faire un chèque ou nous donner du temps. Assez simple n’est-ce pas ? »

Les témoignages de la part des handicapés à la suite de leur expérience avec la fondation affluent de plus en plus. Il n’est pas rare de lire ou d’entendre qu’ils ont traversé le plus bel été de leur vie ou de belles sensations en ski alpin l’hiver. Les sortir de leur zone de confort dans un climat de sécurité et bien entouré, voilà la mission de Steve. « Je veux que les gens trouvent ça cool de venir faire du sport avec nous. »

Heureusement, la région du Lac Brome regorge de personnes bien nanties qui apportent leur contribution. On a déjà vu une personne payer à elle seule une embarcation nautique évaluée à 80,000$ pour la cause !

Un autre ex-joueur des Alouettes siège sur le conseil d’administration. Il s’agit de Keith Eaman. « Je suis avec la fondation pour y rester. Quand tu as connu la célébrité, tu cherches souvent une opportunité pour faire la différence. Je l’ai trouvée !», m’a expliqué Steve.

Étienne Boulay a publié récemment qu’il allait courir son premier marathon à Montréal en septembre prochain. Si jamais Steve décide de s’inscrire, ils pourraient former le premier duo de l’histoire de cette équipe à participer à un marathon et par surcroît, Étienne pourrait profiter des conseils de son coéquipier.

Une histoire à suivre !

Daniel Lequin
danielmedaille@hotmail.com

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