Une chronique de
 Jocelyn Daneau

mardi 05 mai 2020

« N’ayez pas peur », le prix du déconfinement

En 2008-2009, à la veille de ce qui devait être l’épidémie de grippe H1N1, mon employeur — Hydro-Québec — avait mis en branle un imposant plan de contingence, que l’on nous avait présenté en cascade, selon naturellement, notre niveau hiérarchique. J’imagine que ce fut le cas dans le cadre de la présente pandémie; quoique le H1N1 à l’époque avait été annoncé à l’avance contrairement au COVID-19, qui s’est présenté inopinément à partir du 3 décembre 2019; et que nous avons pu commencé en à suivre la progression à partir du 22 janvier 2020, sur le site de référence de l’Université John Hopkins. Toujours est-il qu’en 2008, mes collègues hydroquébécois et auteurs du plan avaient commis une importante erreur dans sa conception (ils n’étaient pas les seuls).

Il posait l’hypothèse que les employés réagiraient de la même façon que 10 ans plutôt, lors de la crise du Verglas de 1998, en se comportant en fonctionnaire docile, dans le respect des façons de faire de l’entreprise. Autrement dit, la composante « peur » était absente des comportements attendus de l’ensemble des employés. Ainsi, nous avions été regroupés en cellule de substitution par fonction. Si l’un d’entre nous tombait au combat, le suivant entrait automatiquement en fonction. Il n’était pas question de masque, de droit de retrait, de télétravail ou ce que vous voulez et encore bien moins d’avoir peur; dans le métro en venant au travail, dans l’ascenseur ou ailleurs. D’ailleurs, on ne parlait aucunement à ce moment-là de fermer les lieux de rassemblement comme les restaurants, les écoles, les entreprises, etc.

Plusieurs de mes collègues dont moi-même avions fait remarquer à la direction, l’absence de considération dans ce plan pour le phénomène de peur et toutes ces implications. Finalement, l’épidémie de H1N1 a passé son chemin.

Sans poser de jugement sur l’époque, comparativement à ce qui fait présentement au Québec, cette période était vraiment la préhistoire en matière de gestion d’épidémie. Aujourd’hui, on peut le dire, la peur du COVID-19 est généralement bien installée au Québec et ailleurs. On le sait, un virus est un ennemi démocratique par définition et celui-ci est implacable, vicieux et invisible.

À ce titre, il est toujours plus facile d’instaurer la peur ne serait-ce que par un abus du principe de précaution, que de la gérer pour en réduire l’impact. Par exemple, l’Ordre des psychologues du Québec suggère d’« Éviter la surexposition aux nouvelles et médias traitant de la COVID-19, car le cerveau surexposé est plus inquiet » et donc peut-être d’arrêter ici la lecture de la présente chronique.

Parce que le dilemme, surtout à l’ère des chaînes d’information continue (RDI, LCN, CNN), c’est une question d’équilibre. Il n’est pas facile de rétropédaler quand au début de la crise, le 13 mars 2020 et les jours suivants, le trio Arruda-Legault-McCann nous a placés littéralement dans un état mental de guerre épidémique et donc, de peur panique. Alors, extraire maintenant le germe de la peur comme par magie, parce que l’on nous dit qu’il y a moins de danger, relève de la pensée magique. La peur est un sentiment qui se contrôle difficilement, une fois installée.

Il ne suffit pas de dire comme Jean-Paul II en octobre 1998, lors de sa messe d’intronisation, l’injonction biblique qu’est le « N’ayez pas peur », pour que le tout rentre dans l’ordre. Les sociétés humaines ne fonctionnent pas de cette façon, surtout à l’ère de l’explosion des opinions et des « Fakes News » véhiculées par les médias sociaux.

Une des caractéristiques de la peur, c’est qu’elle est déterminée par un objet, en l’occurrence le COVID-19, contrairement à l’angoisse dont la source est souvent diffuse. Vous me direz que la différence est mince, souvent une question de perception et donc reliée à notre personnalité; vous avez raison et laissons ce débat aux spécialistes.

Oui, la COVID-19 suscite des angoisses, il n’y a qu’à voir le comportement panique de certaines personnes qui en oublient leur bon jugement. Comme lorsque récemment, je me suis approché de trop près d’une personne à la pharmacie. Je me suis fait crier de m’éloigner.

Ce 4 mai 2020, lors du point de presse du trio Arruda-Legault-McCann, le bon docteur Horacio a parlé de stress et d’anxiété en se disant préoccupé par la santé mentale des Québécois(e)s. Il semblait nous dire que la peur est une réaction normale et légitime et qu’il ne faut pas la garder pour soi. Je rajouterais : pourvu que l’on ait quelqu’un dans notre entourage qui soit disposé à nous tendre l’oreille et ce faisant, apte à dialoguer ou à nous prodiguer de bons conseils.

Certes, il existe des ressources publiques offertes par le ministère de la Santé et des services sociaux ou au privé, notamment par l’Ordre des psychologues du Québec; dans le premier cas, je n’ai pas expérimenté leur niveau de services et dans, l’autre il s’agit de services facturables. Ceci étant, un bref survol des médias permet de comprendre que la santé mentale devient présentement et pour plusieurs années, un enjeu majeur de santé publique.

Un jour, quelqu’un m’a dit : « On a le droit d’avoir peur. On n’a pas le droit d’être lâche ». Cela m’avait marqué. Ceci étant, avant d’émettre un jugement de lâcheté envers quiconque, surtout dans le contexte actuel, je me garde toujours une petite gêne. Je veux m’assurer de parfaitement comprendre le contexte de la situation en cause avant de trancher; sachant fort bien que ce qui m’apparaît comme vrai maintenant, ne le sera peut-être plus demain. C’est un des avantages de l’âge et de ces apprentissages, parmi tous ces désagréments.

Bref, apprendre à vivre avec le COVID-19, c’est aussi apprendre à vivre avec la peur. C’est le prix du déconfinement.

Le COVID-19 dans la région de Saurel

Ce 4 mai 2020, le bon docteur Arruda a déclaré : « … il y a trois Québec. Il y a le Québec des CHSLD, particulièrement de la région de Montréal, il y a le Québec Montréal… puis il y a l'autre Québec, qui, lui, a vraiment atteint tous les critères pour un déconfinement, tel que reconnu par l'Organisation mondiale de la santé… ». Souvenons-nous d’une chronique précédente : « 10 raisons pour déconfiner rapidement la région de Saurel » publié le 17 avril 2020; sans vouloir faire le fin fin, ces raisons sont encore pleinement valides. Alors, je (re)pose la question : « À quand le déconfinement de la région de Saurel… dans le respect des règles et des bonnes pratiques en matière de santé publique? »

Sujet déjà abordé dans cette chronique, la situation financière présente et future des villes en situation de pandémie. C’est d’autant plus d’actualité que La Presse publiait ce 4 mai 2020, un autre article dans la même veine intitulé : « Les grandes villes en surchauffe budgétaire ». Si c’est le cas pour les grandes villes, qu’en est-il pour les villes de plus petite taille? Il serait donc approprié que les villes de la MRC Pierre-De Saurel et la MRC elle-même, nous fasse état de leur situation financière pour 2020 et nous donne une indication de ce que sera 2021.

À ce titre, mon reproche du jour, après consultation des sites internet de nos trois médias locaux : les sujets de nature économique ou financière y sont toujours très peu abordés. Pourtant, en cette période trouble au niveau économique, ça ne doit pas être le matériel qui manque.

Mon bravo du jour, je salue la nomination de M. Dominic Brassard au poste de Chef de division aux communications de la ville de Saurel. J’espère qu’il deviendra un de mes lecteurs assidus.

Jocelyn Daneau, isolé et qui a peur du COVID-19, jocelyndaneau@gmail.com

 PUBLICITÉ STM

 
Bookmark and Share

PUBLICITÉ

------------------------

 




 
Le SorelTracy Magazine
une filiale des Productions Kapricom
Tous droits réservés
© 2000-2019