Une chronique de
 Jocelyn Daneau

vendredi 01 mai 2020

La région de Saurel et la docteure Johanne Liu, docilité et maturité

« Alors, si on réussit tout ça, si on est prudents, si on est dociles et si on est disciplinés, on va réussir ce plan de réouverture des régions comme on va réussir les autres plans de réouverture d'autres secteurs du Québec sans relancer la pandémie. » (Verbatim : Geneviève Guilbault, Vice-première ministre, ministre de la Sécurité publique, 29 avril 2020).

Voici la phrase, le mot, qui a fait sursauter une bonne partie des médias après la conférence de presse hebdomadaire du Gouvernement du Québec sur le COVID-19, tenue par Geneviève Guilbault. Disons-le, c’était un mauvais choix de mot. Mais disons-le aussi, il n’y a réellement pas de quoi fouetter un chat, surtout pas d’en faire une entrevue à Paul Arcand au 98,5 FM.

Ainsi, selon Le Petit Robert, docile se défini comme quelqu’un « Qui a de la disposition à céder; à obéir ». Comme pourrait le dire André Comte-Sponville à madame Guilbault, à partir de son célèbre Dictionnaire philosophique (2013), je paraphrase : « Dans un jeu érotique, cela peut se concevoir. De là à en faire une vertu… ».

Lapsus révélateur ou quoi d’autres, le mauvais choix de mot serait selon mon psychologue Google, révélateur de notre état de stress. En réalité, comme un virus, nous en avons tous souffert un jour ou l’autre et nous étions bien contents d’en guérir, c.-à-d. que l’on nous le pardonne. Mais avouons que dans le contexte, cela fait un peu particulier pour une vice-première ministre, détentrice d’une Maîtrise en communication publique de l’Université Laval, avec distinction au Tableau d’honneur.

Peut-être que le tout a été monté en épingle dans le contexte où les médias nous ont rapporté antérieurement que madame Guilbault ne faisait pas dans la dentelle, surtout avec son personnel politique. Comme le disait l’un de mes anciennes collègues : « On dit d’un homme qu’il a du caractère et d’une femme qu’elle a mauvais caractère ».

Concluons que l’un des synonymes de docile, c’est entre autres, discipline; donc, 2 fois la même idée dans la même phrase peut être remplacée par « discipliné ».

Une région de Saurel docile

Ce que j’ai pu observer, c’est que dans la région de Saurel, nous sommes disciplinés. De là vient probablement notre nombre assez faible de cas confirmés au COVID-19; 17 au 29 avril 2020.

Au Métro du secteur Tracy, au IGA du secteur Sorel ou ailleurs (RONA, Patrick Morin, SAQ), l’entrée lors de mes visites se faisait avec discipline. La distanciation sociale est respectée de même que le lavage de mains. Malgré cette contrainte, le tout se déroule avec une relative bonne humeur. De même, nous marchons plus souvent dans les rues de notre quartier et nos marches durent plus longtemps. Ici aussi, le tout se fait dans le respect de tous et tout le monde participe en changeant de côté de la rue.

Par contre, comme souvent c’est le cas, surtout au supermarché ou dans la rue, cela donne lieu à un drôle de ballet urbain où on ne sait pas de quels côtés se garrocher. Mais là aussi, le sourire est généralement de rigueur; généralement, parce qu’il y a toujours au moins un bougonneux.

Nous avons intérêt à améliorer notre performance chorégraphique parce que selon ce qu’il faut comprendre du bon docteur Arruda, la distanciation sociale est encore là pour quelque temps; même si j’ai l’impression qu’il est sur le point de permettre les petits rassemblements dans ce que l’on appelle, les zones froides. On verra et on lui suggère d’examiner le modèle suédois de confinement.

En bout de piste, si j’avais une suggestion de mot pour madame Guilbault, du moins pour qualifier les gens de la région de Saurel : « mature » serait approprié. Je nous trouve collectivement très matures. Et pour la suite des choses, si on en croit les autorités politiques, nous devrons aussi faire preuve de beaucoup de discipline… et de docilité.

À ce titre, il y aura toujours des délinquants sanitaires. Vous savez, ces gens qui ne comprennent pas la situation ou qui, carrément, s’en balance en se disant que le COVID-19, c’est pour les autres. Bref, il y avait un monsieur au comptoir des fromages qui a taponné, le nez collé dedans, une bonne dizaine de morceaux de prix différents. Nous avons tous un budget à respecter. Mais si tu achètes du camembert, j’ose croire que tu n’es pas à la cenne près. Imaginez que vous êtes dans une zone chaude comme Montréal-Nord et que quelqu’un agisse de la sorte? Traumatisant. Non, je n’ai pas averti la personne en question et j’aurais dû.

Docteure Joanne Liu

On le sait en gestion, c’est un cas classique, surtout dans les immenses organisations comme le Ministère de la santé et des Services sociaux, la tête peu bien parler, les bras et les pieds ne sont pas toujours synchronisés.

Il arrive donc souvent qu’en conférence de presse de 13 h 30, le trio Arruda-Legault-McCann nous transmette une information, avec honnêteté et transparence; même si nous savons que le tout a été mâché pour consommation populaire par des « communicants ». Mais qu’à 18 h, les médias nous renvoient une image passablement moins rose de la situation. C’est le cas présentement pour Montréal, dans plusieurs CHSLD et quelques hôpitaux où le feu semble hors de contrôle.

Loin de moi l’idée de vouloir critiquer un domaine — la gestion des soins hospitaliers — où je n’ai aucune compétence. Mais quand le bordel organisationnel semble pogné, surtout dans une crise majeure, tu dois mettre sur la glace tes meilleurs joueurs, tes gestionnaires les plus compétents. À la limite, si tu as des faiblesses, tu tentes de faire un échange, tu vas chercher un agent libre, etc.

Est-ce que vous connaissez la Québécoise de Québec, docteur Johanne Liu? Pédiatre, ex-présidente de Médecins sans frontière, considérée en 2015 par le magazine Times comme l’une des 100 personnalités les plus influentes au monde, ce n’est pas rien. Elle a notamment été confrontée à plusieurs types d’épidémie, dont la très dangereuse Ebola, au Congo. « Une vraie » comme le dirait mon ami Claude F.

Elle a aussi un autre titre, à son corps défendant, celui d’avoir été refusée comme experte-conseil auprès du gouvernement du Québec dans le cadre de la présente pandémie. Cette histoire désolante a récemment fait la une des médias, si vous l’avez raté.

Une histoire d’égo selon les médias. Johanne Liu aurait pu porter ombrage à certains. Femme d’action, elle cadrait mal dans la structure byzantine du ministère de la Santé et des Services sociaux. Est-ce que l’on aurait eu besoin d’une Johanne Liu comme capitaine des pompiers pour combattre l’incendie montréalais? Posez la question, c’est y répondre. C’est d’autant plus regrettable que la situation montréalaise est un frein vers le déconfinement pour l’ensemble des régions du Québec.

Même en tenant compte de l’urgence de la pandémie et comme l’a écrit et postuler le grand philosophe politique Thomas Hobbes (1588-1679) : L’homme est un loup pour l’homme. C’est encore vrai, même dans une ville près de chez vous.

En bout de piste, Johanne Liu a fait preuve d’humilité. Elle travaillerait actuellement dans un CHSLD montréalais. D’une grande maturité, elle a refusé d’aller raconter à Tout le monde en parle, comment elle a été mise de côté par le ministère de la Santé et des Services sociaux et sa ministre titulaire, Danièle McCann.

Disons que lorsque l’heure des bilans sonnera, il faudra mettre cet épisode dans la colonne des erreurs.

Jocelyn Daneau, docilement et humblement isolé, jocelyndaneau@gmail.com

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