Confiance
régionale post pandémique dans
Pierre-De Saurel
Vous remarquerez que lorsque la
destination est connue et que le
chemin est tracé, par exemple,
la réalisation du projet du
Réseau Express Métropolitain
(REM) de la Caisse de dépôt et
de placements du Québec, ce sont
notamment les comptables et les
ingénieurs qui sont aux
commandes; des spécialistes des
sciences dures.
Quand on nage sous plusieurs
aspects en plein inconnu, par
exemple, dans un contexte de
pandémie avec un adversaire
coriace comme le COVID-19, ce
sont les médecins, les
microbiologistes et les
épidémiologistes qui
interviennent; des spécialistes
et ce n’est pas péjoratif de le
dire, des sciences semi-dures
(ou semi-molles).
Quand on se questionne à plus
long terme sur le Monde post
pandémie, tout un chacun à une
opinion sur ce que sera fait
demain. Mais ce sont alors
principalement les philosophes,
les historiens, les sociologues
et même les économistes et leurs
modèles mathématiques qui sont
appelés en renfort; des
spécialistes des sciences
molles, dites humaines; les
humains, une espèce avec qui
rien n’est simple.
Il y a plusieurs traits communs
dans cette séquence, le travail
d’équipe en est un, l’absence
des politiciens en est un autre.
Mais c’est la recherche de
certitude qui m’apparaît
dominer ceux-ci, avec son
corollaire, le besoin humain
fondamental d’avoir confiance;
confiance en soi, en demain, en
son voisin, même en ses
politiciens, etc.
Même la monnaie, le dollar,
repose exclusivement sur la
confiance que nous lui accordons
pour obtenir un bien ou un
service à la hauteur intuitive
de la valeur inscrite sur le
billet. La valeur de 1 dollar
est essentiellement basée sur ce
que mutuellement et
collectivement, nous nous
accordons à lui donner, sans
qu’il soit nécessaire de
formellement signer un contrat
collectif en ce sens. Bref, pour
obtenir 1 dollar de bien ou de
service, sur la base de
l’échange de monnaie papier ou
électronique, la confiance doit
y être; l’imaginaire et le désir
font le reste.
C’est un long détour pour
revenir sur le dépôt récent
(7 mai 2020) d’une
lettre
adressée par une douzaine de
citoyens dont moi-même, aux
maires de la MRC Pierre-De
Saurel et dont le titre était :
Développement
socio-économique post-pandémie
de la MRC Pierre-De Saurel.
Au-delà de son propos, cette
lettre posait une question
fondamentale à nos dirigeants
politiques en exercice :
pouvons-nous avoir confiance
avec un degré de certitude
raisonnable, dans l’avenir
socio-économique et écologique
de la région de Pierre-De Saurel?
Essentiellement, cette lettre
est le fruit des inquiétudes
individuelles de quelques
citoyens quant à l’avenir de
notre région et ils ont
courageusement osé l’exprimer
publiquement; elle n’est
aucunement un geste concernant
des intentions politiques
cachées à l’approche des
élections de novembre 2021.
Craintes fondées ou non, chacun
jugera, mais ces citoyens
signataires ont préféré la prise
de parole publique à une sorte
de défection définie au sens
large, souvent et
majoritairement exprimée en
privé, entre amis et
connaissances, cachés derrière
une tasse de café ou un verre de
bière. Ceci étant, il faut
respecter l’anonymat de ceux et
celles qui ont fait ce choix.
Quelques réactions
De façon générale, dans une
petite région, lorsque plusieurs
citoyens d’horizons divers
s’unissent pour adresser une
préoccupation précise à leurs
dirigeants,
ceux-ci sont en droit de
s’attendre à une réponse.
Ainsi, la MRC Pierre-De Saurel a
réagi publiquement par la voix
d’un laconique
communiqué
(5 mai 2020), avant même d’avoir
reçu officiellement la lettre en
question. Ce qui est assez
particulier. Disons-le poliment,
une réponse moins défensive,
plus dynamique et respectueuse
de l’implication citoyenne
aurait été appréciée, ne
serait-ce qu’en faisant l’effort
d’essayer de comprendre les
fondements de la
lettre
en question.
La ville de Saurel a aussi réagi
par
communiqué de presse
le 12 mai 2020. Ainsi, plusieurs
actions intéressantes ont été
mises en place à court terme
pour faciliter notre vie
collective, en cette période de
confinement. À plus long terme,
réagissant probablement aux
propos des signataires de la
lettre qui se questionnaient sur
l’efficacité de nos outils de
développement économique, Saurel
se dit présentement à revoir ses
façons de faire du développement
économique.
Rappelons que cette orientation
(est-ce un engagement?) devenue
une nécessité avec le présent
contexte de pandémie est le
résultat de plusieurs
récriminations, privées ou
publiques, de la part de
nombreux citoyens et
observateurs. D’ailleurs, dans
le
Plan stratégique de la ville de
Saurel, 2018-2022
(page 23), on retrouve
l’orientation suivante, restée
lettre morte : Revoir le
modèle de gouvernance de notre
développement économique. On
ne peut donc qu’encourager la
ville de Saurel à prendre cette
direction.
S’il y a une chose que la
pandémie nous apprend, ce que
même en valorisant le fait de
s’occuper nous-mêmes de nos
affaires, nous ne pouvons plus
le faire sans compter sur la
collaboration des autres. Par
exemple, le « America First »
de Donald Trump nous donne le
portrait présentement d’un pays
de plus en plus isolé, qui
s’enfonce dans son égoïsme et
dont les autres se moquent. À ce
titre, le « Saurel First »
auquel on a trop souvent assisté
au cours des dernières années
par la défiance des autres
villes de la MRC Pierre-De
Saurel et même de ses propres
citoyens doit être mis au
rancart. On ne le répétera
jamais assez : « Seul on va
plus vite. En équipe, on va plus
loin ».
La troisième réaction que j’ai
retenue concernant la lettre
Développement socio-économique
post-pandémie de la MRC
Pierre-De Saurel
nous vient des réseaux sociaux,
un endroit on le sait, où le
pire côtoie le meilleur. Ainsi,
une personne a écrit sur
Facebook : « Ça fait
20 ans que je lis ce genre de
lettre… ». Je vous laisse le
soin de compléter la phrase.
Mais la question est de savoir
si cette personne à raison?
Malheureusement oui.
Sans vouloir tomber dans une
orgie de statistiques,
j’aimerais rappeler que si nous
cherchons une note finale, genre
bulletin scolaire, pour traduire
la performance de l’économie de
la MRC Pierre-De Saurel dans la
durée, c’est l’Indice
de vitalité économique de
l’Institut de la statistique du
Québec
qu’il faut utiliser.
Notre indice (-3,9) pour
2016 nous place
au 74e rang
sur 104 MRC au Québec.
Une note négative indique une
performance économique en
retrait de la moyenne
québécoise. En 2002, la valeur
de l’indice était de -4,4.
Nous étions alors au 76e rang.
C’est un piètre résultat,
stagnant dans la durée, qui en
amène certains à se questionner
tant sur leur avenir que celui
de la région de Pierre-De Saurel.
La prochaine livraison de
l’indice est prévue pour
décembre 2020 sur la base des
données de 2018. L’examen de la
structure de l’indice – niveau
d’emplois, hauteur des revenus
et évolution de la population -
ne laisse pas présager une
amélioration, en regard de ce
que l’on peut observer de la
performance actuelle
de notre économie régionale.
Il serait donc grandement temps
de se questionner collectivement
concernant les causes de ce
résultat dans Pierre-De Saurel,
depuis plus de 20 ans. Les temps
présents nous en donnent plus
que l’occasion, ils nous
obligent à le faire,
collectivement.
Vivre dans Pierre-De Saurel
La qualité de vie est un vaste
sujet sur lequel nous
reviendrons. Ainsi, ne perdons
jamais de vue que le
développement économique doit
essentiellement être
socio-économique. Il ne doit
servir qu’une fin,
l’amélioration du bien-être de
la population c.-à-d. sa qualité
de vie. Comme par exemple, la
disponibilité en quantité et en
qualité de soins de santé de
proximité dans une communauté.
En terminant, demain, nous
allons encourager un autre
restaurateur local et son
service de « take-out ». Je vous
encourage à faire de même.
Jocelyn Daneau,
isolé et tanné,
jocelyndaneau@gmail.com |