Une chronique de
 Jocelyn Daneau

vendredi 15 mai 2020

Confiance régionale post pandémique dans Pierre-De Saurel

 

Vous remarquerez que lorsque la destination est connue et que le chemin est tracé, par exemple, la réalisation du projet du Réseau Express Métropolitain (REM) de la Caisse de dépôt et de placements du Québec, ce sont notamment les comptables et les ingénieurs qui sont aux commandes; des spécialistes des sciences dures.

Quand on nage sous plusieurs aspects en plein inconnu, par exemple, dans un contexte de pandémie avec un adversaire coriace comme le COVID-19, ce sont les médecins, les microbiologistes et les épidémiologistes qui interviennent; des spécialistes et ce n’est pas péjoratif de le dire, des sciences semi-dures (ou semi-molles).

Quand on se questionne à plus long terme sur le Monde post pandémie, tout un chacun à une opinion sur ce que sera fait demain. Mais ce sont alors principalement les philosophes, les historiens, les sociologues et même les économistes et leurs modèles mathématiques qui sont appelés en renfort; des spécialistes des sciences molles, dites humaines; les humains, une espèce avec qui rien n’est simple.

Il y a plusieurs traits communs dans cette séquence, le travail d’équipe en est un, l’absence des politiciens en est un autre. Mais c’est la recherche de certitude qui m’apparaît dominer ceux-ci, avec son corollaire, le besoin humain fondamental d’avoir confiance; confiance en soi, en demain, en son voisin, même en ses politiciens, etc.

Même la monnaie, le dollar, repose exclusivement sur la confiance que nous lui accordons pour obtenir un bien ou un service à la hauteur intuitive de la valeur inscrite sur le billet. La valeur de 1 dollar est essentiellement basée sur ce que mutuellement et collectivement, nous nous accordons à lui donner, sans qu’il soit nécessaire de formellement signer un contrat collectif en ce sens. Bref, pour obtenir 1 dollar de bien ou de service, sur la base de l’échange de monnaie papier ou électronique, la confiance doit y être; l’imaginaire et le désir font le reste.

C’est un long détour pour revenir sur le dépôt récent (7 mai 2020) d’une lettre adressée par une douzaine de citoyens dont moi-même, aux maires de la MRC Pierre-De Saurel et dont le titre était : Développement socio-économique post-pandémie de la MRC Pierre-De Saurel.

Au-delà de son propos, cette lettre posait une question fondamentale à nos dirigeants politiques en exercice : pouvons-nous avoir confiance avec un degré de certitude raisonnable, dans l’avenir socio-économique et écologique de la région de Pierre-De Saurel?

Essentiellement, cette lettre est le fruit des inquiétudes individuelles de quelques citoyens quant à l’avenir de notre région et ils ont courageusement osé l’exprimer publiquement; elle n’est aucunement un geste concernant des intentions politiques cachées à l’approche des élections de novembre 2021. Craintes fondées ou non, chacun jugera, mais ces citoyens signataires ont préféré la prise de parole publique à une sorte de défection définie au sens large, souvent et majoritairement exprimée en privé, entre amis et connaissances, cachés derrière une tasse de café ou un verre de bière. Ceci étant, il faut respecter l’anonymat de ceux et celles qui ont fait ce choix.

Quelques réactions

De façon générale, dans une petite région, lorsque plusieurs citoyens d’horizons divers s’unissent pour adresser une préoccupation précise à leurs dirigeants, ceux-ci sont en droit de s’attendre à une réponse. 

Ainsi, la MRC Pierre-De Saurel a réagi publiquement par la voix d’un laconique communiqué (5 mai 2020), avant même d’avoir reçu officiellement la lettre en question. Ce qui est assez particulier. Disons-le poliment, une réponse moins défensive, plus dynamique et respectueuse de l’implication citoyenne aurait été appréciée, ne serait-ce qu’en faisant l’effort d’essayer de comprendre les fondements de la lettre en question.

La ville de Saurel a aussi réagi par communiqué de presse le 12 mai 2020. Ainsi, plusieurs actions intéressantes ont été mises en place à court terme pour faciliter notre vie collective, en cette période de confinement. À plus long terme, réagissant probablement aux propos des signataires de la lettre qui se questionnaient sur l’efficacité de nos outils de développement économique, Saurel se dit présentement à revoir ses façons de faire du développement économique.

Rappelons que cette orientation (est-ce un engagement?) devenue une nécessité avec le présent contexte de pandémie est le résultat de plusieurs récriminations, privées ou publiques, de la part de nombreux citoyens et observateurs. D’ailleurs, dans le Plan stratégique de la ville de Saurel, 2018-2022 (page 23), on retrouve l’orientation suivante, restée lettre morte : Revoir le modèle de gouvernance de notre développement économique. On ne peut donc qu’encourager la ville de Saurel à prendre cette direction.

S’il y a une chose que la pandémie nous apprend, ce que même en valorisant le fait de s’occuper nous-mêmes de nos affaires, nous ne pouvons plus le faire sans compter sur la collaboration des autres. Par exemple, le « America First » de Donald Trump nous donne le portrait présentement d’un pays de plus en plus isolé, qui s’enfonce dans son égoïsme et dont les autres se moquent. À ce titre, le « Saurel First » auquel on a trop souvent assisté au cours des dernières années par la défiance des autres villes de la MRC Pierre-De Saurel et même de ses propres citoyens doit être mis au rancart. On ne le répétera jamais assez : « Seul on va plus vite. En équipe, on va plus loin ».

La troisième réaction que j’ai retenue concernant la lettre Développement socio-économique post-pandémie de la MRC Pierre-De Saurel nous vient des réseaux sociaux, un endroit on le sait, où le pire côtoie le meilleur. Ainsi, une personne a écrit sur Facebook : « Ça fait 20 ans que je lis ce genre de lettre… ». Je vous laisse le soin de compléter la phrase. Mais la question est de savoir si cette personne à raison? Malheureusement oui.

Sans vouloir tomber dans une orgie de statistiques, j’aimerais rappeler que si nous cherchons une note finale, genre bulletin scolaire, pour traduire la performance de l’économie de la MRC Pierre-De Saurel dans la durée, c’est l’Indice de vitalité économique de l’Institut de la statistique du Québec qu’il faut utiliser.

Notre indice (-3,9) pour 2016 nous place au 74rang sur 104 MRC au Québec. Une note négative indique une performance économique en retrait de la moyenne québécoise. En 2002, la valeur de l’indice était de -4,4. Nous étions alors au 76rang. C’est un piètre résultat, stagnant dans la durée, qui en amène certains à se questionner tant sur leur avenir que celui de la région de Pierre-De Saurel.

La prochaine livraison de l’indice est prévue pour décembre 2020 sur la base des données de 2018. L’examen de la structure de l’indice – niveau d’emplois, hauteur des revenus et évolution de la population - ne laisse pas présager une amélioration, en regard de ce que l’on peut observer de la performance actuelle de notre économie régionale.

Il serait donc grandement temps de se questionner collectivement concernant les causes de ce résultat dans Pierre-De Saurel, depuis plus de 20 ans. Les temps présents nous en donnent plus que l’occasion, ils nous obligent à le faire, collectivement.

Vivre dans Pierre-De Saurel

La qualité de vie est un vaste sujet sur lequel nous reviendrons. Ainsi, ne perdons jamais de vue que le développement économique doit essentiellement être socio-économique. Il ne doit servir qu’une fin, l’amélioration du bien-être de la population c.-à-d. sa qualité de vie. Comme par exemple, la disponibilité en quantité et en qualité de soins de santé de proximité dans une communauté.

En terminant, demain, nous allons encourager un autre restaurateur local et son service de « take-out ». Je vous encourage à faire de même.

Jocelyn Daneau, isolé et tanné, jocelyndaneau@gmail.com

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