Une chronique de
 Jocelyn Daneau

dimanche 05 avril 2020

Les sérial-killers et madame la caissière

Lu dans la section « Lettre des lecteurs » du Devoir, une adaptation du terme « Tueur en série » pour désigner ceux et celles qui se préoccupent peu ou pas d’être des vecteurs de dissémination de la COVID-19. Vu sur le boulevard de Tracy, coin Louis-Riel, un hier ensoleillé, 2 ados main dans la main, seul au monde. Peut-on les qualifier de « Sérial-Killers »? Chacun jugera à une époque charnière de l’histoire de l’humanité où les autorités nous implorent à l’extrême prudence, de pratiquer le confinement, notamment la distanciation sociale.

On sait, selon la Direction de santé publique de la Montérégie qu’il n’y a que 5 cas (4 avril 2020) de COVID-19 dans la région de Saurel. Nous sommes chanceux, cela pourrait être pire comme à Montréal, en Estrie ou même New York. N’étirons pas notre chance, surtout que le bon docteur Aruda a déclaré hier que « … la transmission communautaire du coronavirus s’étend désormais à l’ensemble du Québec. » Ce qui implique que le virus se transmet maintenant et potentiellement, par tout un chacun.

À ce titre, la Turquie vient de décréter le confinement obligatoire de tous les citoyens de moins de 20 ans. Je soupçonne qu’Horacio n’hésitera pas une seconde à utiliser ce genre de moyen, pour notre bien collectif; lui qui a spécifiquement demandé aux adolescents d’éviter les « échanges de produits biologiques ». Nous ne sommes pas rendus là au Québec, mais ne défions pas le sort comme souvent les ados le font, en fumant ostensiblement la cigarette, comme un défi à la vie, à la société et surtout aux parents. Nous ne sommes plus dans la même « game ».

Comment pensez-vous que madame la caissière — ou l’emballeur, le boucher, la commis, etc. — du Métro situé à la même intersection aurait réagi en voyant nos amoureux? Elle qui au quotidien, n’a peut-être pas le luxe d’arrêter de travailler ni celui de la distanciation sociale? Elle qui doit affronter chaque jour des clients de plus en plus inquiets, souvent impatients et quelques fois agressifs. Je n’oublie pas ici les milliers de travailleurs et de travailleuses qui chaque matin, doivent se lever en se demandant si l’ennemi invisible qu’est le COVID-19 ne les frappera pas.

Il est assez ironique comme on me le faisait remarquer récemment, que l’un des grands débats de société au Québec en 2018-2019 a été de savoir si oui ou non, nous devions hausser le salaire minimum à 15 $ de l’heure. Économistes, affairistes et autres penseurs de la chose économique ont brûlé publiquement pas mal de « gaz » sur le sujet, avec probablement à la clé, d’intéressants honoraires; sans qu’aucun consensus ne se dégage sur le sujet, jusqu’au début de 2020. Bref, les mieux nantis de la société ont disséqué les classes laborieuses sans une fois de plus, leur apporter de solution. Devinez aujourd’hui qui est le plus utile? Qui a toujours été le plus utile? Madame la caissière, l’infirmier auxiliaire ou Shea Weber et Marc Bergevin?

C’est ce que j’appelle depuis plusieurs années dans le contexte des pénuries de personnels, la revanche des petits salaires; qui est exacerbée actuellement par la pandémie. 

Parce que ne nous cachons pas la tête dans le sable, une très grande partie de la cohésion sociale actuelle est assumée et est de la responsabilité des petits salariés. Ce n’est pas les gens qui manipulent habituellement des symboles sur des écrans (ex. : économistes) qui font quotidiennement avancer la roue du Québec. C’est le personnel des supermarchés, les préposés aux bénéficiaires, les concierges dans les hôpitaux, les camionneurs, les opérateurs d’usine de filtration d’eau, les ouvriers dans les usines d’abattage, les employés de la Laiterie Chalifoux, etc.

Ce sont les bras du Québec qui nous tiennent en vie présentement. Il ne faudrait pas l’oublier le jour où la pandémie au COVID-19 fera son entrée dans les livres d’histoire. Il faudra réserver un immense chapitre au labeur de tous ces gens qui se dévouent actuellement corps et âmes, souvent au risque pour leur propre santé et celle de leur famille.

Meng Wanzhou

J’imagine que d’autres y ont pensé bien avant moi. Mais dans le contexte actuel, ne pourrait-on pas échanger la Chinoise Meng Wanzhou, la directrice financière de Huwei détenue en Colombie-Britannique depuis le 1er décembre 2018 à la demande des Américains, contre des masques et autres matériels.

Je sais. Nous avons des principes au Canada et au Québec. Nous sommes une société de droit. Justin Trudeau est un (trop) bon garçon qui fait son possible chaque matin à 11 h. Mais dans une situation extrême, ne serait-il pas envisageable de piler sur nos principes ne serait-ce qu’une seule fois?

Mettre Meng Wanzhou dans un avion à destination de Pékin aurait plusieurs avantages : améliorer nos approvisionnements en matériel médical, clore un dossier qui empoisonne les relations Canada-Chine depuis trop longtemps, permettre la libération des 2 otages canadiens détenus en Chine relativement à cette affaire. Surtout, cela serait un joli et jouissant pied de nez aux Américains et à leur indigeste président, lui qui n’hésiterait pas une seconde avec ce genre de moyen. Lui qui d’ailleurs et sans état d’âme vient d’interdire la livraison de masques N95 à ses voisins du nord.

Jocelyn Daneau, isolé, jocelyndaneau@gmail.com

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