Une chronique de
 Jocelyn Daneau

mercredi 29 avril 2020

Déconfinement, ce que François Legault ne nous dit pas

J’ai 61 ans et François Legault, 62.  Ce qui nous oblige comme têtes (quasiment) blanches, à prendre les dispositions appropriées pour ne pas nous exposer inutilement au COVID-19.  Cependant, sans égard à nos qualités personnelles respectives, je ne voudrais pas être à sa place ni dans celle de Horacio Arruda.

C’est un cliché. Mais le propre du décideur, c’est de décider dans un contexte d’information incomplète. Dans le cas du COVID-19, je comprends que l’ennemi est plus implacable, vicieux et imprévisible que ses habituels semblables. Ce faisant, la décision du plan de déconfinement du Québec renferme une bonne partie d’inconnus où la technique du « back-and-forth » sera de rigueur c.-à-d. d’avancer et de reculer presque en simultané. Mais avons-nous le choix collectivement?

C’est donc un nouveau paradigme pour nous citoyen, qui attendons continuellement de nos politiciens des réponses « sûres-dures », sous peine de leur faire savoir rapidement que nous estimons qu’ils ne savent pas où ils vont. Dorénavant, sans tomber dans la complaisance, nous devrons faire preuve de souplesse dans l’évaluation du travail de notre classe politique. Autrement dit, il nous faudra être vigilant pour ne pas nous laisser manipuler par les adeptes de la langue bois et autres « floumounautes », ces grands spécialistes du flou. C’est donc ici que le travail des médias sera des plus importants, même si quelques fois, le non verbal du duo Legault-Arruda aurait le goût de dire : « Ça, c’est une question niaiseuse ».

Ce qui fait que dans son plan de déconfinement, François Legault nous a présenté cinq raisons pour déconfiner le Québec. Mais il en a oublié quelques-unes, moins politiquement correct. En voici 5 que j’ai identifiés.

Oui pour les risques de maladie mentale et de violence faite aux femmes et aux enfants (sous-entendue par des hommes). Mais je dirais que la pression hormonale associée à la venue de la chaleur du printemps et de l’été aurait entraîné une augmentation de la délinquance sanitaire. Il est en effet reconnu qu’il y a une corrélation entre la température clémente et un état d’esprit que l’on pourrait qualifiée de libertaire. Autrement dit, l’animal humain même s’il s’est socialisé et discipliné depuis des millénaires, est un mammifère comme les autres et il n’est pas fait pour vivre en cage. Donc, un déconfinement contrôlé même risqué est préférable au fait de perdre le contrôle et le consensus social, notamment en donnant des tickets.

Seconde raison, l’état des finances publiques qui se dégradent. Mais on ne sait pas pour l’instant jusqu’à quel niveau. D’ailleurs, en conférence de presse (28 avril 2020), François Legault a refusé de répondre à une question spécifique sur le sujet. Mais comme la mentionnée le ministre Pierre Fitzgibbon à ses côtés, il y a présentement au Québec, 1,2 million de chômeurs temporaires. C’est donc de l’argent qui sort en prestation — du Québec et d’Ottawa — sans son corollaire, des entrées d’impôts et de taxes. C’est comme une « game » de 4 points que tu perds. On aura beau dire et faire, il faut remettre les gens au travail ne serait-ce que pour l’argent. Sinon, Québec risque de devenir encore plus dépendant financièrement d’Ottawa et ça, le citoyen québécois le moindrement nationaliste voudra l’éviter à tout pris; surtout François Legault.

Troisième raison, c’est celle du point de rupture économique. Plus le temps passe, plus la structure économique du Québec (et d’ailleurs) risque d’imploser. Suspendre l’activité économique 2 semaines, comme pendant la période de Noël, c’est simplement une pause et c’est vivable. Ensuite, plus le temps passe, plus le système risque de se déliter. C’est un vieux principe, tout ce qui traîne se « morpionne ». Par exemple, il n’y a pas eu à ce jour de faillite d’un géant de l’économie, d’une grande banque ou un bris majeur de la chaîne d’approvisionnement agro-alimentaire. Mais imaginez l’effet de cascade qu’une telle éventualité pourrait entraîner. Bref, personne ne sait présentement où se situe ce point de rupture de l’économie et surtout personne ne veut le savoir, sauf les adeptes de l’effondrement de notre civilisation; les collapsologues.

Pourquoi personne ne veut le savoir? Parce que si la loi de la valeur s’effondre c.-à-d. la loi non écrite qui nous donne confiance dans la monnaie comme moyen de paiement et de réserve (ex. : compte bancaire), alors plus rien de vaudra rien; même pas l’or ou le diamant parce que cela ne se mange pas. Si cela devait arriver, alors la Grande dépression de 1929 aura été comme un club Med.

Oui le milieu économique a fait pression sur François Legault pour rouvrir l’économie. Mais l’enjeu est nettement plus grand que la cupidité de quelques capitalistes. En septembre 2008, la faillite de la banque d’investissements géante Lehman Brothers a failli provoquer l’effondrement du système financier mondial; depuis ce temps, les Étas-Unis impriment mensuellement des milliards de dollars.

Quatrièmement, c’est l’ouverture imprévisible de la frontière américaine, fermée pour l’instant jusqu’au 21 mai 2020, d’après une entente Canada–États-Unis. On le sait, il y a une pression énorme sur les gouverneurs des États américains pour rouvrir l’économie. On le sait aussi, le Président des États-Unis duquel relève la frontière est un personnage puéril, instable et fantasque. De plus, il est présentement en déroute dans les sondages pour sa gestion calamiteuse de la pandémie, notamment avec l’affaire du Lysol. Il a donc besoin d’un coup d’éclat pour l’aider à se remettre en selle et outre ses chevaux de bataille actuels : l’immigration, la Chine et les médias « Fakes News », il pourrait être tenté de rouvrir la frontière. Sachant que 71 % de nos exportations étaient destinées aux États-Unis en 2019 (75 % pour le Canada); sachant aussi que l’industrie manufacturière du Québec rouvre à partir du 11 mai 2020, le Québec veut être prêt si le client américain se pointait par surprise.

Cinquième raison : réduction de nos libertés civiles. Selon le docteur Arruda (28 avril 2020), on parle de faire plus de 20 000 tests par jour contre 4 à 5 000 présentement. C’est selon le gouvernement du Québec, l’un des facteurs clés de succès du déconfinement. Mais on ne peut pas tester plus de 100 000 personnes par semaine sans avoir un système de surveillance conséquent. Comme il l’a été mentionné précédemment dans cette chronique, préparons-nous à faire l’objet de géolocalisation et pour les moins technos, d’un suivi manuel. Soyons conscients qu’un résultat négatif impose un confinement total à contrôler. Le déconfinement, surtout s’il est risqué, impose une réduction de nos libertés civiles et ça, François Legault n’est pas encore prêt pour en parler. C’est un sujet délicat, mais qui n’effraie pas le gouvernement britannique qui s’apprête électroniquement à surveiller ses concitoyens contaminés.

L’école secondaire à Saurel

Pourquoi les écoles secondaires demeureront-elles fermées? Selon François Legault, c’est à cause de la promiscuité dans le transport en commun et le fait que c’est plus facile pour les étudiants du secondaire de suivre des cours à distance.

On me dit que dans la région de Saurel, qu’il est actuellement difficile de rejoindre plus de 20 % ou 30% des étudiants. De plus, compte tenu du faible niveau de revenu des ménages dans la région, beaucoup ne posséderaient pas la technologie adéquate pour suivre une formation à distance, ayant préféré financièrement le téléphone intelligent. Je ne suis pas un spécialiste en pédagogique, mais cela ne m’inspire rien de bon.

Jocelyn Daneau, isolé dans le Tracy de sa jeunesse, jocelyndaneau@gmail.com

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