Une chronique de
 Jocelyn Daneau

lundi 27 avril 2020

Libertés individuelles post-pandémie


 

Le confinement amène les éditorialistes, chroniqueurs et autres analystes à faire encore plus ce qu’ils aiment, écrire et donc, donner leurs opinions à profusion. Cela permet même de susciter de nouvelles vocations et pour d’autres, d’y revenir. L’un des sujets phares traités présentement, outre les CHSLD et le déconfinement, porte sur les lendemains de la pandémie. Sans oublier les changements climatiques que nous devrons bientôt adresser par la force des choses, il semble que demain sera fait d’une nouvelle définition du concept de libertés individuelles. Deux exemples.

 

Dématérialisation

 

Je n’ai pas inventé ce mot. Le phénomène était en cours depuis plusieurs années. La pandémie est simplement en voie de l’introduire définitivement et à grande vitesse dans notre mode de vie. Certains l’appellent : numérisation de l’économie c.-à-d. la substitution du document papier vers son support numérique. Souvenons-nous du passage rapide à la caméra numérique, qui a rendu obsolète en peu de temps, des millions de caméras argentiques avec (malheureusement) la photo papier et entraînée la faillite de Kodak en 2012, après 131 ans d’existence.

 

Ainsi, pour le citoyen ordinaire, l’un des signes tangibles du tout numérique est la disparition graduelle de notre horizon, des chèques et de la monnaie en papier et métallique. Ces moyens de paiement qui étaient présents dans nos sociétés et nos vies depuis des milliers d’années ont essentiellement été bâtis sur la confiance. Ils sont maintenant remplacés par des « bits » d’information numérique, sous la forme de carte de plastique, de transferts électroniques avec votre téléphone intelligent ou au poignet avec une montre.

 

Ce que l’actuelle pandémie fait, c’est simplement d’accélérer ce mouvement, d’autant plus que le COVID-19 aurait une durée de vie de 2 heures à 3 jours sur le plastique, selon l’étude que vous consultez. Le concept d’argent sale y puisse donc un 3e sens après celui de vecteur de transport des revenus et profit illicites du crime organisé, des bactéries de toutes sortes et maintenant du COVID-19.

 

Les experts s’accordent pour dire que la disparition du papier-monnaie est une intrusion de plus dans notre vie privée, par la trace électronique laissée par chaque transaction. Si cela nous facilite la vie en termes de paiement, elle complique grandement les activités de ceux et celles qui pour plusieurs raisons, veulent maintenir leur activité économique dans l’anonymat. Ceux aussi, dont le niveau de vie est basé sur la monnaie papier même en petites coupures et son recyclage ou qui possèdent déjà des montagnes de « cash » entassées dans des sacs de sport; ils sont présentement « pognés » avec ce qui était jusqu’ici, un joyeux problème.

 

Gageons cependant que le crime organisé voudra s’appuyer de plus en plus sur des transactions en monnaie virtuelle comme le Bitcoin. D’où la prolifération de ce type de monnaie, émis sans réglementation et basé uniquement sur la confiance, dans ce qui est devenu un « Far-West » monétaire. D’ailleurs, pandémie oblige, la Chine serait sur le point d’émettre, à ce qu’elle dit, la première monnaie numérique officielle au monde.

 

La mutation rapide du numéraire physique au numérique, accéléré par la pandémie et qui devait s’étaler sur plusieurs années dans l’ordre naturel des choses, est un profond changement dans nos habitudes de vie. D’autant plus que contrairement à la monnaie papier, anonyme par définition, notre empreinte numérique est déjà, quoi qu’on en dise, presque indélébile. Le temps des grosses liasses entourées d’un gros élastique est révolu.

 

Le certificat d’immunité

 

Comme mon ex-patron le disait, chaque fois qu’il y a un accident de travail, le Code de sécurité des travaux s’épaissit. De même, après le 11 septembre 2001, les contrôles de sécurité ont augmenté partout dans le monde; dans les aéroports et aux frontières, dans les villes avec la multiplication des caméras ou plus récemment, avec les contrôles d’identité dans les banques suite aux fuites de données chez Desjardins.

 

Actuellement, on parle du concept de certificat d’immunité. Ainsi, au moment de passer aux contrôles de sécurité d’un l’aéroport ou même pour entrer au travail, votre état de santé serait vérifié, du point de vue de votre potentielle de contamination à un virus quelconque. Cela pose énormément de questions, notamment quant à l’uniformité des processus de vérification de cette immunité, la qualité et la précision des tests, la sécurité de l’information recueillie, son utilisation, etc. Nous ne sommes pas sortis du bois.

 

Que se passerait-il si on vous empêchait par exemple, de prendre l’avion à Paris pour revenir à Montréal ou de rentrer au travail? Le tout soulève de multiples questions tant éthiques que légales et de finance personnelle, sans en oublier tous les impacts économiques.

 

Dans le même ordre d’idée, selon le Journal de Montréal (27 avril 2020) : « Le ministère de la Santé est en train d’analyser des outils controversés de géolocalisation pour téléphones » le tout en vue de suivre à la trace, les personnes contaminées au COVID-19 et ainsi, limiter leur déplacement. Des expériences similaires ont actuellement lieu dans plusieurs pays européens avec en toile de fond, les façons de faire en Corée du Sud et en Chine. Dans ce dernier cas, ce n’est rien de rassurant pour nos libertés individuelles.

 

Suggestion de lecture

 

Entrevue avec le philosophe André Comte-Sponville où la notion de Sanitairement correct est introduite : « Laissez-nous mourir comme nous voulons! ». Une lecture obligée.

 

Déconfinement

 

C’est aujourd’hui que le Gouvernement du Québec annonce les premières mesures de déconfinement. La rumeur veut que le monde scolaire soit la vedette du jour. On verra. Surtout que l’Ontario vient d’annoncer que ses écoles seront au moins fermées jusqu’au 31 mai 2020 et que le Gouvernement fédéral a des réserves concernant le concept d’immunité collective.

 

Ceci étant, ce plan de déconfinement doit être adapté à des régions comme celle de Pierre-De Saurel où il y a peu de cas confirmés de COVID-19. À suivre.

 

Suggestion pour Saurel

 

Samedi ensoleillé de promenade autour de ce que l’on appelait à l’époque, le Carré : les rues Roi, Augusta, Prince et George.

 

Si, au temps de mon adolescence, il était stratégique de se promener à contresens du trafic pour « wouère » qui était là. En ces temps de pandémie et de distanciation sociale, il serait opportun comme dans les épiceries à grande surface d’avoir un sens sur les 4 trottoirs du Carré. Je sais, c’est une entorse à autre liberté individuelle et fondamentale quant à notre droit de circuler. Mais dans le contexte, cela rendrait le centre-ville beaucoup plus agréable, plutôt que d’être obligé de se promener en étant continuellement obligé de se déporter dans la chaussée.

 

De plus, tant qu’à y être, considérant que le centre-ville est un brin moribond et qu’il devrait demeurer dans cet état pour quelque temps, dans le contexte actuel, pourquoi ne pas fermer les rues du Carré et transformer le tout en vaste promenade? On pourrait même y tenir une vaste exposition de photos, tant la ville regorge de photographes de talent sans oublier la vaste collection de la Société historique Pierre-de-Saurel.

 

Frustration de grand-père

 

Il est très frustrant de voir grandir rapidement notre petit-fille au travers d’une porte-patio. Comme tout le monde, nous avons l’impression qu’une partie de notre vie nous glisse entre les doigts; que des moments heureux ne reviendront jamais tant ils sont dans l’immédiat, d’une vie qui passe trop vite.

 

Ceci étant, il faudrait que les magasins de souliers pour enfant ouvrent bientôt, si nous ne voulons pas avoir une génération de « va-nu-pieds ».

 

Jocelyn Daneau, isolé, en attente de déconfinement, jocelyndaneau@gmail.com

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