LE SORELTRACY MAGAZINE     *  Dernière mise à jour : dimanche 20 octobre 2013 15:26

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dimanche 20 octobre 2013

Jean Tremblay : Sorel-Tracy, une marque de commerce

Le « programme électoral » que présente Jean Tremblay est surtout un document d'orientations affirmatif à saveur idéologique, pour électeurs situés à droite du spectre politico-économique. Ce n’est pas un programme électoral au sens traditionnel du terme. À la limite, on pourrait même y voir l’embryon d’une nouvelle façon de penser la ville, comme entité utilitaire pour citoyens affairistes. 

Essentiellement deux dimensions y sont abordées : l'entrepreneuriat privé comme outil privilégié de développement socio-économique et un concept bancal, la "gestion rigoureuse". Stephen Harper et surtout Maxime Bernier applaudiraient à tout rompre.  

Entrepreneuriat  

En matière de développement économique, Jean Tremblay privilégie surtout l'entrepreneuriat privé. Présentées comme une panacée, les multiples contraintes associées à l'implantation d'une dynamique entrepreneuriale ne sont pas abordées, en commençant par la disponibilité en nombre des entrepreneurs eux-mêmes. De même, il ne présente pas cette orientation sous l’angle d’un profond changement de culture à Sorel-Tracy et sa collision prévisible et inévitable avec notre actuel modèle de développement économique, représenté notamment par le CLD Pierre-de-Saurel. De plus, Jean Tremblay ignore le fait que le « dynamisme entrepreneurial au Québec est en retrait de celui du Canada » et que notre population locale vieillissante n’est pas par définition, portée sur le lancement de nouvelles entreprises. 

Jean Tremblay sans réelle explication, propose d'établir un incubateur industriel et des partenariats avec nos (grandes) entreprises. Ces moyens recouvrent une multitude de facettes qu'il serait trop long d'élaborer. Ceci étant, ces concepts sont supportés par une vaste littérature et s’il s’agissait de recettes miracles, plusieurs villes y seraient déjà engagées, dont Sorel-Tracy. 

Ce qui est très intéressant dans le « programme électoral » de Jean Tremblay, c’est ce qu’il ne dit pas. Il s’y dégage une énergie très forte et une volonté manifeste de vouloir prendre en main le développement économique de notre région. Laquelle a grandement manqué de leadership en la matière. Il y a donc une place à prendre qui est actuellement libre. 

Gestion rigoureuse 

Jean Tremblay nous présente "Gestion rigoureuse" comme un territoire connu, mais il s'y perd rapidement. Manifestement, il est en développement pour ce qui est de gérer et améliorer les façons de faire dans une organisation de 228 personnes comme celle de Sorel-Tracy. Laquelle est autrement plus complexe qu’une petite entreprise. 

Par exemple, il pose l'hypothèse erronée que 85% de dépenses de notre ville sont incompressibles. S'il est raisonnable de penser qu'une organisation de par sa mission, renferme des dépenses de ce type, il est tout aussi erroné de se cantonner dans ce paradigme. Les organisations sont par nature, des bibittes construites selon des processus de travail horizontaux. Une fois compris ce phénomène qui n’apparait pas dans les organigrammes, la barrière du "85%" tombe et tout s’étale sur la table en termes de rationalisation des opérations. 

Autre orientation discutable, Jean Tremblay introduit le concept de "gaspillage zéro" comme mode gestion de l'appareil municipal. On sait et la littérature est abondante sur le sujet, qu'il s'agit surtout d'un état d'esprit en matière d'amélioration continue. Tel que présenté dans ce « programme électoral », cette façon de faire suggère son corollaire, le "zéro défaut". Ce dernier induit alors le "zéro risque" et finalement, le "zéro mouvement" c.-à-d. des employés sclérosés par la peur de faire des erreurs. Ce qui est le contraire absolu de l'effet recherché. Prudence. 

Par ailleurs, la démarche d'amélioration continue proposée pour notre appareil municipal, si elle intéressante sur le plan de l’idée et du concept, souffre elle aussi des mêmes défauts d’intention. Globalement, une administration publique complexe où l'on retrouve une proportion importante d'ouvriers manuels multitâches, n'est pas une chaine de production où l'on fabrique un seul et unique produit de façon répétitive. Prudence. 

Lecture suggérée : La qualité, c’est gratuit, Phillipe Crosby, Économica, 1999, 313p. Un classique.  

Collaboration 

Section intéressante, c'est ce qui s'approche le plus d'un programme électoral. On sent que Jean Tremblay veut ici aussi, résolument s’engager au lieu de simplement s’impliquer. C’est excellent. 

On y retrouve notamment une idée forte : améliorer l’image de notre ville. Cependant, l’impression laissée est que la réputation de notre ville est finalement un problème mineur, qui se réduit au spectacle déplorable des séances télévisées du conseil municipal. 

Leadership et vision 

« Je vois un milieu prospère qui ne laisse personne en compte ». Généralement, un énoncé de vision frappe l’imagination (ex. : le Maître chez nous de Jean Lesage). Ce que nous propose Jean Tremblay est commun au sens où tous les politiciens de la Terre pourraient en revendiquer la paternité, à gauche comme à droite. Jean Tremblay devra développer une pensée plus originale s’il veut une adhésion à ses idées. 

Conclusion 

En introduction de son « programme électoral », Jean Tremblay écrit : « Je suis pourtant convaincu que je suis le seul qui possède l’expérience, la crédibilité et la vision qui fera de Sorel-Tracy la ville dont nous rêvons tous. » 

Donc, apprenons que la ville de Sorel-Tracy est divisée en deux : Jean Tremblay et les autres. Pour un candidat maire qui dévolue un chapitre complet de son « programme électoral » à l’idée  de « collaboration », cela sonne drôle. 

Pour ce qui est de l’expérience qu’il s’autoproclame posséder, Jean Tremblay nous démontre seulement qu’il se gouverne en fonction d’une idéologie de droite, basée sur l’entrepreneuriat et donc, l’entreprise privée comme finalité de notre vie communautaire. Une ville, c’est beaucoup plus que ça, tout en sachant (c’est le cliché classique) que pour distribuer de la richesse, il faut la créer. 

La crédibilité ne s’attribue pas. Elle est exclusivement donnée par nos pairs. Elle est fragile. Elle prend des années à se construire et peut nous être retirée en une fraction de seconde, en un clic de souris. 

La vision d’une prospérité collective accrue proposée par Jean Tremblay ne peut que susciter l’adhésion. Cependant, sur la maîtrise de celle-ci et les moyens proposés pour y arriver, il y a encore énormément de travail à faire pour ce candidat maire plein de volonté. 

Note : J’ai modifié le Saurel – O – Mètre électoral 2013 en conséquence. 

Cette chronique complète donc le cycle d’analyse des programmes électoraux des candidats maires 2013 de Sorel-Tracy, à l’exception de Réjean Dauplaise. Ces programmes sont exclusivement les documents papier disponibles (incluant les sites internet) des candidats maires, comme reflet de leur pensée. J’espère que le tout vous a été utile.  

Important et fondamental : le 3 novembre 2013, on vote en masse. 

Jocelyn Daneau
Courriel : jocelyndaneau@gmail.com
Blogue - Sorel-Tracy dans l’univers :
http://wp.me/2JVSB

Saurel-O-Mètre électoral 2013 - SOME 2013
Explications : http://wp.me/P2JVSB-2S

Grille d’analyse (résultats) du SOME 2013 – Version 8 (9 octobre 2013)
Voir :
http://jocelyndaneaudotorg.wordpress.com/?attachment_id=930

Lecture suggérée : François Lambert de passage à la Maison de la musique
La passion des affaires d’un dragon, le 2 Rives, 18 octobre 2013.

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