LE SORELTRACY MAGAZINE     *  Dernière mise à jour : mardi 19 juillet 2011 12:27

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NÉCROLOGIE

NOUS JOINDRE



           
LA CHRONIQUE, DE JOCELYN DANEAU
 

mardi 19 juillet 2011

Une année plus tard : quelques réflexions et une proposition

Avec l’arrivée du printemps, cela fera une année que nous sommes revenus de notre exil de 25 ans sur la Rive-Sud de Montréal.  Je me souviens encore du regard incrédule de mon voisin-médecin lorsque je lui ai appris que nous retournions nous installer à Sorel-Tracy.  Faut dire qu’il connaissait notre ville par sa conjointe.  J’avais beau argumenter que c’était un choix éclairé, ses remarques chirurgicales sur notre coin de pays m’enfonçaient au même rythme que le poteau de ma pancarte « À vendre ». 

Des préjugés sur Sorel-Tracy, j’en ai entendu des tonnes depuis mon entrée à l’université en 1980 : des comportements discutables des ex-Éperviers de feu Rodrigue Lemoine au « bunker » des Hells, habillés en sacs de couchage, des tire-bouchons buveurs de « grosses bières » ou avec du jus de tomate aux syndicats rigides de la Marine, de Infoman à nos comportements supposément « tough » et notre mentalité bornée, etc.  En 1980, jeune naïf régional, je me demandais si le tout était fondé. En 2011, j’en ris.

Douze mois plus tard, nous sommes très contents d’être revenus. Madame mon épouse, bougie d’allumage de ce retour, est toujours au 6e ciel ! Son bonheur serait total si nos enfants résidaient à proximité, mais … Mais honnêtement, mes premières semaines sans être difficiles m’ont obligé à m’adapter. Sur la Rive-Sud, c’est l’anonymat. Ici, les gens se dévisagent continuellement pour savoir s’ils se connaissent et doivent se saluer. Sorel-Tracy n’est pas discrète. Tout le monde connait tout le monde et tout se sait. Chaque endroit est un lieu connu où tous peuvent échanger. Mais globalement, c’est une richesse à mettre de l’avant. J’y reviendrai.

Douze mois plus tard, je ne veux plus repartir. Sorel-Tracy finalement, a toujours été mon seul « chez moi ». En vélo, je revois avec joie les quartiers de mon enfance même si la décrépitude extérieure de Bernard-Gariépy m’attriste. En vélo, je rends des visites surprises à ma mère dans le Vieux-Sorel et je n’ai jamais autant « placoté » avec mon père, résident du cimetière de St-Joseph depuis bientôt 50 ans. 

Avons-nous quelques défauts collectifs, toujours présents 25 ans plus tard? Oui, mais c’est un sujet délicat aux réponses intuitives. Mais bon, je m’inclus et je m’assume. Nous avons toujours une mentalité d’assiégé. Nous sommes collectivement centrés sur notre « sorelitude » bien québécoise, c.-à-d. blanche, francophone avec un vieux fond catholique. État qui est amplifié je dirais, par notre situation géographique isolée et enclavée. Je ne suis pas sociologue. Mais dans notre imaginaire, nous avons toujours considéré le Richelieu ou la 30 comme une fin, sous l’angle d’une contrainte.

Certains pensent qu’un pont sur le St-Laurent nous reliant à la Rive-Nord serait libérateur. C’est une illusion. Notre avenir est ici avec ce que nous en ferons. C’est Napoléon qui disait à propos du déterminisme géographique: « Les états font la politique de leur géographie ». Il avait raison. Il est donc temps de prendre acte de notre situation géographique et d’en faire une force.  Par exemple, St-Tite est situé au bout du monde et son Festival western accueille annuellement plus de 500 000 personnes. 

L’autre truc que j’entends encore et qui m’énerve toujours : « Sorel-Tracy, c’est un t… »  C’est la version Sorel-Tracy et pessimiste du célèbre dicton américain : « Go west young man ». Je peux vous dire sur la Rive-Sud ou ailleurs, c’est différent … mais similaire. Je rajouterais que j’ai connu professionnellement des villes en Haïti et en Afrique et pour paraphraser Jean Chrétien : « Icitte, c’est la plusse belle ville du monde ». Seul le samedi soir à Ouagadougou, sans électricité, je vous assure que la pensée d’un simple plat de gibelotte vous renvoie des images fabuleuses.  Il faut être fier de notre ville, de notre coin de pays. 

Quelques remarques en vrac!  

Je suis surpris par la liberté dont dispose les entrepreneurs en construction pour le défrichage des terrains, … excusez, la coupe à blanc. Dans les (Dé) Boisées d’Angoulême, on dirait un « remake » de « Massacre à la tronçonneuse ». Une preuve de plus que notre Agenda 21 local n’est pas opérationnel sauf pour faire de l’écoblanchiment. 

Nous avons été surpris par la rudesse des relations interpersonnelles, surtout chez les détaillants. Là où nous étions habitués à une certaine déférence, ici c’est : « Tu le prends t’su ou tu l’prends pas? ». Dans un magasin, nous avons même été littéralement retenus « prisonniers » parce que nous ne voulions pas acheter la marchandise proposée. Malgré tout, nous avons décidé d'opter systématiquement pour l’achat local et pour l’instant, nous sommes très satisfaits.  Si nous voulons une communauté forte, c’est un moyen à privilégier. 

Vous conduisez vite et mal et je ne parle pas seulement des « casquettes ». Le respect des « Arrêt » n’est pas votre fort. La semaine, je traverse 2 fois par jour l’intersection Louis-Riel/boulevard Tracy. Celle-ci est proportionnellement aussi dangereuse que le coin St-Hubert/Ste-Catherine que je fréquente quotidiennement.  Sur Louis-Riel, c’est vitesse grand « V » avec dépassement.  Est-il exact que la Sureté du Québec a remplacé la police de Tracy? Je ne vois ni l’un ni l’autre. 

Est-ce que Sorel-Tracy est la capitale (mondiale) du gros chien? Je n’en ai jamais vu autant. Surtout chez les jeunes couples, on dirait qu’ils mesurent leur bonheur à la grosseur du pitou. Je cherche une explication!? 

J’ai été surpris par l’utilisation assez prononcée du comptant en lieu et place de la carte de crédit et même de la carte de débit. 

Je prends l’autobus (express) chaque jour pour Montréal.  Globalement, le service est nettement supérieur à celui du train de banlieue que j’ai utilisé pendant plusieurs années, sur la ligne Mont St-Hilaire.  C’est un « plus » qui raccourci la 30. 

Ceci étant, mes 25 ans d’absence traduisent mon manque de repères historiques. En 1985, Marcel Gauthier et Aurèle Racine étaient maires et j’en ai peu de souvenirs (notons qu’ils n’avaient pas à se produire mensuellement sur VOX). Je ne me suis pas préoccupé de la fusion en 2000 et les odeurs de Conporec me sont inconnues. 

Ma plus grande surprise depuis mon retour? C’est mon rôle de chroniqueur au Sorel-Tracy Magazine où j’y suis arrivé par accident. Je n’ai jamais été politisé au sens de m’impliquer en politique, surtout pas au municipal. Mais humblement, j’estime que sur les enjeux locaux et régionaux, nos élus manquent de vision et qu’ils ont grandement besoin d’être « challengés ».  L’évolution incontrôlée, depuis plusieurs années, de l’importante dette de la ville de Sorel-Tracy ou le cafouillis « MRCien » dans le dossier des matières résiduelles n’en sont que deux exemples. 

Une société ne progresse pas sans une remise en question continuelle.  Surtout pas dans le monde global qui s’annonce où les événements iront toujours plus vite que le temps qui passe. Devenir chroniqueur au STM est donc ma modeste contribution à notre vie municipale et régionale.  Pour ce faire, j’ai adopté les règles de rédaction du magazine français Le Point : rigueur, impertinence et indépendance d’esprit. 

En terminant, une année d’observation de notre collectivité me pousse vers une conclusion. Nous devons trouver des moyens pour améliorer et amener notre fierté locale et régionale à des niveaux jamais atteints. Dans une chronique antérieure, je suggérais de créer un « BUZZ Sorel-Tracy », j’en suis de plus en plus convaincu. C’est pourquoi, dans toutes mes communications externes, lorsque possible, j’exhiberai avec ma signature, ma fierté d’être résident de Sorel-Tracy. Je vous encourage à faire de même.

Jocelyn Daneau
Fier citoyen de Sorel-Tracy!
Site internet : http://jocelyndaneau.com/


Pour commentaire sur cette chronique :
http://jocelyndaneau.wordpress.com/2011/03/27/une-annee-plus-tard-quelques-reflexions-et-une-proposition/

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