LE SORELTRACY MAGAZINE     *  Dernière mise à jour : lundi 12 décembre 2011 20:12

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LA CHRONIQUE, DE JOCELYN DANEAU
 

lundi 12 décembre 2011


Réputation et gouvernance : un maire sans repères

« Il faut 20 ans pour bâtir une réputation et 5 minutes pour la détruire. Si vous le comprenez, vous ferez dorénavant les choses différemment. » C’est à l’Oracle d’Omaha, monsieur Warren Buffet (81 ans), célèbre investisseur multimilliardaire américain et grand mécène que l’on attribue la paternité de cette citation. Quel conseil aurait-il donné à Réjean Dauplaise s’il avait été informé de la demande d’entrevue d’Infoman? Probablement, celui-ci : « L’intégrité de la réputation de la ville de Sorel-Tracy doit être absolument protégée. Vous en êtes le premier gardien. Gouvernez-vous en conséquence ». 

Depuis une vingtaine d’années, les organisations tant privées que publiques ont développé dans le cadre de leur planification stratégique, des outils reliés à la gestion du risque. Dans la nomenclature de ces risques, l’un des plus importants est celui de réputation. Il est en effet reconnu depuis plusieurs années que la réputation est l’actif le plus précieux d’une organisation. Certains chercheurs avancent même que la réputation est équivalente à 75% de la valeur d’une entreprise.  

Auparavant, les organisations évoluaient dans un environnement socio-politico-économique relativement stable. L’évaluation du risque était alors une activité mineure qui se réalisait souvent sur le bout d’une table. Maintenant avec la mondialisation et des temps de réaction de plus en plus courts, cette activité est devenue une (quasi) science avec ses recettes, sa littérature, ses gourous et j’en passe. Autrement dit, de plus en plus d’organisations tentent d’anticiper les risques et de les mitiger c.-à-d. d’en réduire la portée.  

Qu’est-ce que la RÉPUTATION? C’est une perception de l’autre : bonne ou mauvaise. Selon le Larousse, c’est la façon dont nous sommes considérés. La réputation est intangible, c.-à-d. qu’elle est basée sur des impressions. Et les impressions sont souvent irrationnelles, quelques fois manipulées par les actions des individus. La RÉPUTATION, c’est l’essence de l’Homme et de la Femme, seul(e) ou en groupe, … regroupés dans une ville. 

Le risque de réputation s’évalue selon différentes méthodes qui pour aucune, ne sont des sciences exactes et dont je vous fais grâce des détails. Au-delà de ces méthodes, les résultats débouchent immanquablement sur ce que l’on appelle, la PRIME RÉPUTATIONELLE. Celle-ci est équivalente à la valeur monétaire ou à l’effort mis en œuvre pour réduire ou éliminer un risque. Par exemple, la différence entre le prix d’une cravate en soie et une autre en polyester est la valeur monétaire de la prime réputationnelle que vous payez pour établir votre réputation auprès d’un éventuel employeur. 

Il s’agit d’un cas simple. Mais dans le monde d’aujourd’hui où les sources de risque se multiplient presque à l’infini, les situations deviennent rapidement ultra complexes. C’est pourquoi la réputation des individus et des organisations est un puissant facteur de risque. Selon le Conference Board des États-Unis, 35% des décisions d’investissements sont basées sur des facteurs comme la réputation et l’image.

En ce sens, la réputation d’une ville comme Sorel-Tracy doit faire l’objet d’une attention particulière et quotidienne. Il en va de notre capacité à nous positionner comme un lieu où il fait bon vivre et investir pour s’épanouir tant socialement qu’économiquement. Tout doit être fait pour protéger notre réputation et la bonifier. 

Il faut donc comprendre qu’en termes de gestion du risque de réputation, le passage du maire Dauplaise à Infoman est un événement déplorable. Même si à long terme, notre réputation n’est pas irrémédiablement entachée. Même si les citoyens et les décideurs/investisseurs sont capables de faire la part des choses. Mais à choisir, nous n’avions pas besoin de nous donner en spectacle. Il faut être conscient qu’une réputation est plus facile à maintenir qu’à restaurer.  

Que font les organisations pour gérer le risque de réputation et donc, diminuer la prime réputationelle? Généralement, elles mettent en place ce que l’on appelle une régie d’entreprise ou un code d’éthique (ex. : Métro). Dans le cas de Québécor, son code d’éthique est clair quant à son objectif : « La réputation de la Compagnie ainsi que la confiance que lui témoignent ceux avec qui elle fait affaire sont indissociables de son succès. » On remarque immédiatement, les mots « réputation », « confiance » et « succès » tissés serrés dans un tout cohérent.  

Au niveau municipal québécois, tous les élus vivent désormais sous le couvert d’un code d’éthique. Celui-ci porte notamment sur les comportements à adopter dans un contexte de gestion des affaires d’une ville (Ex. : équité dans l’attribution d’un contrat). Comme tout code d’éthique, il sous-tend que la personne concernée doit faire preuve de jugement dans ses comportements, y incluant dans ses relations avec la presse et toutes autres institutions. Manifestement, le maire Dauplaise ne comprend pas le sens du mot « jugement » attaché à sa fonction. Jean-René Dufort l’Infoman a même déclaré à son sujet : « Quand on lui parle, on sent que c’est un cirque qui le dépasse. » 

Alors, comment en est-on arrivé à laisser notre réputation collective se faire malmenée à la grandeur du Québec dans un show télévisé? Il existe globalement, 2 avenues de réponse. 

D’une part, nous pouvons envisager qu’il y a de graves lacunes de gouvernance à la ville de Sorel-Tracy. La « gouvernance », c’est simplement « L’art de se gouverner soi-même ». Tant les principaux fonctionnaires de la ville que l’entourage politique immédiat du maire, les Potvin, Bibeau et Lemieux ont failli à la tâche en laissant faire cette entrevue. Ils sont complices par omission et maintenant, coupables après le fait pour ne pas en dénoncer le résultat.  

D’autre part, si l’hypothèse précédente ne se vérifie pas. Il faut en venir à la conclusion que le maire Dauplaise est imperméable aux conseils de son entourage. Il est ce qu’on appelle dans les organisations, un « électron libre » ou un « loose cannon » (une expression anglaise souvent utilisée en français). Dans ce type de situation, les organisations n’hésitent pas à encadrer formellement l’individu en cause, à l’assigner à de « nouveaux défis » ou à la limite, à le « démissionner ». Dans le cas qui nous occupe, j’en viens à la conclusion qu’il faut neutraliser le maire pour lui éviter de faire encore plus de dommage.  

La grande question est : « COMMENT »? 

Je suggère la mise en place d’un comité de gouvernance qui encadrera les activités du maire Dauplaise et ce, jusqu’en novembre 2013. 

Idéalement, ce comité de gouvernance devrait être composé de l’ensemble des conseillers municipaux de Sorel-Tracy. Malheureusement, notre conseil municipal n’a pas la crédibilité requise étant incapable de se gouverner lui-même. Il est entaché de dysfonctionnements profonds où les rancœurs personnelles sont devenues un mode de vie en équipe. Bref, vous comprendrez que nous tournons en rond et ce sont les citoyens qui écopent. 

J’en appelle donc au député de Richelieu, monsieur Sylvain Simard. Il doit user de sa fonction et de son prestige pour imposer ce comité de gouvernance au maire Dauplaise.  

Ce n’est pas antidémocratique. Le cas le plus célèbre d’un comité de gouvernance imposé à une personnalité est celui du « Cabinet de guerre » qui a supervisé l’ensemble des décisions de Winston Churchill pendant TOUTE la durée de la 2e Guerre mondiale. Ce géant du 20e siècle, plus grand que nature, avait lui aussi la réputation d’être un « loose cannon ». 

Le comité de gouvernance envisagé pourrait être composé du directeur général de la ville de Sorel-Tracy, de citoyens reconnus pour leur sagesse et des rares élus qui ne se nourrissent pas des faiblesses du maire. 

Globalement, je suis désolé d’en venir à proposer une telle solution. Mais en ces temps de grandes turbulences économiques où la concurrence pour les investissements privés et publics est féroce, nous n’avons pas le choix. La réputation de la ville de Sorel-Tracy comme milieu de vie socio-économique doit être notre première priorité.

Jocelyn Daneau
Saurelois, fier citoyen de Sorel-Tracy!
Adresse courriel :
jocelyndaneau@gmail.com
Site internet :
www.jocelyndaneau.com
Sur TWITTER: http://twitter.com/#!/JocelynDaneau

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