LE SORELTRACY MAGAZINE     *  Dernière mise à jour : dimanche 21 août 2011 09:38

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NÉCROLOGIE

NOUS JOINDRE



           
LA CHRONIQUE, DE JOCELYN DANEAU
 

dimanche 21 août 2011

Obi-Wan Kenobi et McKinsey nous parlent. Écoutons !

À l’adolescence, Tracy était mon univers et la ville était suffisamment grande pour mes préoccupations de l’époque : le sport, les filles et les « parties ». Les études? (pause) C’est venu plus tard. Sorel, un univers parallèle de l’autre côté de la rivière, était au départ le lieu de mes ennemis sportifs pour devenir l’endroit où j’ai rencontré ma première copine sérieuse. J’étais à cette époque, intimement et naïvement convaincu que Sorel-Tracy était le centre de l’univers. D’ailleurs quand je suis parti pour l’université, comme les marins de l’Antiquité, je croyais tomber dans le néant aux frontières de la ville, emporté par des torrents d’eau. J’exagère. Mais Sorel-Tracy était mon univers et j’y étais comme aujourd’hui, toujours très confortable. 

À l’université au fil de mon travail d’étudiant, j’ai pris conscience que si nous avions tendance à nous isoler sur le plan socioculturel (est-ce différent en 2011?), il en allait autrement sur le plan économique. Aujourd’hui comme hier, notre structure économique régionale est ouverte sur le monde. Pour plusieurs de nos concitoyens, consciemment ou non, leur aire de marché c.-à-d. leur terrain de jeu, c’est l’univers. 

Ainsi, à l’aide de quelques hypothèses raisonnables et des données de l’Institut de la Statistique du Québec (ISQ), j’ai calculé grossièrement que plus de 30 % des emplois de notre région étaient dédiés exclusivement aux exportations hors Québec. C’est plus de 5 500 emplois sur les 19 423 que l’ISQ identifie en 2009, pour la MRC Pierre-de-Saurel. À elle seule par exemple, Rio Tinto (QIT) compte 1 400 emplois dont « 90 % des produits sont destinés à l’exportation ». 

C’est peut-être un cliché d’écrire que l’apport de QIT à notre vie socio-économique est majeur. Mais c’est une vérité fondamentale d’écrire que QIT est branché sur l’univers et que nous sommes branchés sur QIT et donc, sur l’univers. Notre monde devient de plus en plus ouvert, complexe, volatile, à géométrie variable et il évolue à la vitesse « grand V ».  

Par exemple, le 15 septembre 2008 est le jour où la banque d’affaires Lehman Brother a déclaré faillite aux É.-U. C’est aussi la date commodément identifiée comme étant le début de cette récession économique qui n’en finit pas, surtout aux É.-U. et dans certains pays d’Europe. De l’automne 2008 au printemps 2009, le cours des matières premières c’est effondré mondialement et QIT a alors décidé de suspendre ses opérations à l’été 2009, pour quelques semaines. 

Depuis ce temps, les prix des matières premières remontent graduellement grâce entre autres, à la demande asiatique. Mais nous sommes toujours, nous ici à Sorel-Tracy, à la merci de la faillite d’un pays comme la Grèce qui pourrait entraîner une chute de la valeur de l’Euro qui… entraînerait une chute du cours des matières premières et donc, influencerait les choix des gestionnaires de Rio Tinto (QIT) et donc, notre niveau de vie. Ce qui précède n’est pas académique. C’est réel. 

Vous aimeriez avoir une indication quant à l’avenir de QIT? Voici un truc, oubliez les confidences au Tim Horton ou les potins de votre mère entendus à la table à cartes. À la place, consultez le London Metal Exchange (LME) pour y voir l’évolution du prix des métaux. Suivez ce lien – LME Steel Billet – c’est GRATOS et vous obtiendrez la valeur des contrats à terme de 15 mois sur les billettes d’acier (ou lingot). C’est une indication parmi des milliers d’autres. Pas besoin d’être un expert, une simple observation de la courbe vous donnera une indication de ce que les investisseurs sont prêts à payer dans 15 mois, pour l’un des produits vedettes de QIT, les « billettes d'acier SORELSTEEL ».   

Ne craignez pas les variations, c’est le « contango » qui compte. Autrement dit, tant que la courbe montre une pente ascendante comme aujourd’hui, vous pouvez dormir en paix. Ceci étant, le prix de la billette d’acier sur le marché de Londres est passé de 850 dollars américains (USD) la tonne métrique (TM) en août 2008 à 300 USD/TM en octobre 2008. 
Une chute vertigineuse qui a donné des sueurs froides à plusieurs, pas seulement aux gestionnaires de Rio Tinto (QIT). En octobre 2009, ce prix tournait autour de 350 USD/TM. Actuellement (19 août 2011), la billette d’acier sur le LME se transige autour de 610 USD/TM.  

Pourquoi est-ce que je vous raconte toute cette histoire? C’est que dans le flot d’information quotidienne que je traite professionnellement (à me noyer), mon œil a été attiré par un bref article de McKinsey. Qui est McKinsey?  C’est la meilleure firme de consultants au monde. C’est à eux que les grands de ce monde s’adressent quand ils ont un problème. Depuis 1926, l’image de marque de McKinsey, c’est la crédibilité. 

Cet article traite des 5 forces de fonds qui « vont restructurer l’économie mondiale dans les années qui viennent ». J’ai simplement tenté de faire des liens entre ces forces et notre vie socio-économique régionale, ouverte sur l’univers. Ne nous trompons pas, nous sommes tous embarqués dans le Grand jeu. Autrement dit, les chocs économiques mondiaux ont des impacts directs sur notre niveau de vie, notamment sur la pérennité de nos emplois et les rendements de nos fonds de pension.  

Quelles sont ces cinq forces que McKinsey énumère et qu’elle étudiera spécifiquement au cours de l’année qui vient? Je vous en donne les libellés en traduction libre. Pour certaines, même partiellement, vous les connaissez déjà. Dans la deuxième partie de cette chronique, je tenterai brièvement et humblement d’examiner ces forces en regard de la structure socio-économique de notre région. 

La première de ces forces, c’est le transfert du pouvoir politico-économique vers l’Asie, particulièrement en Chine et au Inde (libellé d’origine : « The great rebalancing »). La seconde, c’est la nécessité d’améliorer la productivité de notre travail (« The productivity imperative »). Troisièmement, toute la complexité de nos vies sera graduellement mais irrémédiablement interconnectée en réseau (« The global grid »). Quatrièmement, il y aura « collision » entre l’utilisation des ressources de la planète et la protection de l’environnement (« Pricing the planet »). La cinquième force, c’est la confrontation entre les exigences de la globalisation de l’économie et les prérogatives et responsabilités des états (« The market state »). 

Mckinsey se concentre uniquement sur les aspects économiques. Les tendances socioculturelles sont pour l’instant mises de côté. Par exemple, la montée de la droite aux États-Unis ou de l’extrême droite en Europe est ignorée tout comme la mondialisation du crime et de la mafia. Ces phénomènes ont pourtant un impact économique majeur. 

Ces forces identifiées par McKinsey ne sont pas des vérités absolues. Mais elles sont les composantes maîtresses d’une grille d’analyse nous permettant d’appréhender ce que pourrait être notre demain. Il ne faut pas les négliger. Par exemple, le 2 janvier 2011, le journal anglais The Observer publiait un article intitulé : « 20 prédictions pour les 25 prochaines années ». La prédiction no 2 se libellait ainsi, à propos de l’économie de la Grande-Bretagne : « Les révoltes populaires contre les banquiers seront impossibles à endiguer ». Nous venons déjà d’assister en partie et en direct, à la réalisation du premier acte de cette prédiction. 

En terminant, je laisse le mot de la fin à Obi-Wan Kenobi, le plus célèbre des Jedi : « Que les Forces soient avec nous ».

Jocelyn Daneau
Fier citoyen de Sorel-Tracy!
Site internet : http://jocelyndaneau.com/

Suggestion :   En vue de la seconde partie de cette chronique, je vous suggère de lire ou relire ma chronique du 19 juillet 2011 sur l’évolution de la démographie de Sorel-Tracy

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