mardi 19 juillet 2011
Sorel-Tracy
sera-t-il en lice en 2021 pour
un prestigieux prix de l’ONU?
« En 2021, Sorel-Tracy
sera la première ville
carboneutre au Canada »,
c’est l’énoncé (1) de vision que
je proposais la semaine dernière
pour clore ma chronique.
Rappelons que j’estimais que la
vision retenue, comme pivot
central pour guider notre Agenda
21 local (A21 pour la suite),
n’était pas suffisamment
opérationnelle.
À court terme, notre A21 se
cantonne dans ce que l’on
appelle, l’écoblanchiment : les
montants investis dans le
marketing vert (dans notre cas,
des publicités dans les journaux
locaux en début d’année) sont
supérieurs aux actions vertes.
À long terme, notre A21 propose
un cadre d’analyse qui n’est pas
suffisamment robuste pour
prendre des décisions
importantes. Pour le démontrer,
j’ai utilisé un cas, la décision
de notre ville d’acquérir ou
non, les installations de SDD/Conporec
pour 4,6 millions de dollars.
Bref, quelles sont les
conditions gagnantes pour rendre
crédible un A21, version
carboneutre? Quels seront les
bénéfices à devenir les premiers
citoyens carboneutres au Canada
c.-à-d. des gens qui compensent
la pollution qu’ils génèrent par
des gestes environnementaux.
Notez au passage que A21 ne doit
pas être un système de
répartition de la pauvreté.
J’ai de la difficulté à saisir
des actions comme la
construction de logements
sociaux, l’amélioration du
système de santé, etc. sous le
couvert de notre A21 actuel. Il
y a d’autres instances pour ce
faire. A21 doit être un
système pour générer de la
richesse sociale aujourd’hui et
demain en vue de la répartir
pour notre bénéfice à tous.
La première condition pour
devenir carboneutre (ou tous
autres projets urbains) se
décline sous 2 aspects
fondamentaux. Un, il faut que
les porteurs du projet forment
une équipe d’élus crédibles,
soudés et centrés sur les mêmes
objectifs. Deux, il faut
rassurer les citoyens à l’effet
que les finances de la ville
sont sous contrôles ou en voie
de l’être. Autrement dit,
A21 ne doit pas être considéré
comme une dépense mais comme un
investissement social pour
l’avenir.
La seconde condition : obtenir
des appuis. Le premier,
incontournable, c’est celui de
la majorité de la population. À
défaut, un projet débute sur de
bien mauvaises bases. L’exemple
de l’appui des gens à la cause
des Éperviers ou du retour des
Nordiques est éloquent. Je
sais, l’environnement c’est
moins « glamour ». Mais
le sport ne nous fait pas manger
tandis que les changements
climatiques pourraient nous en
priver.
La troisième condition : mettre
en œuvre à court terme, de
gestes qui réduisent l’émission
des gaz à effet de serres.
Déjà, nous recyclons avec les
bacs bleus. Mais, il faut des
gestes supplémentaires qui
soient porteurs. Une
suggestion, les réunions du
conseil de ville pourraient
rapidement devenir carboneutre;
idem pour le prochain festival
de la Gibelotte. Planetair
propose des techniques simples
pour y arriver (2). Vous savez
que les installations
canadiennes de la firme
d’avocats Stikeman-Elliot sont
certifiées carboneutres depuis
2009 (3)?
Quatrièmement, doter la ville de
Sorel-Tracy d’un plan avec des
étapes, des responsables, des
objectifs et des livrables. Le
maître mot ici est « rigueur ».
Un des premiers gestes à poser,
certifier l’appareil municipal
de Sorel-Tracy selon la norme
ISO 14000 sur la gestion
environnementale. Si nous
voulons être pris au sérieux,
crédible, ce type de démarche
est à envisager. Cette
certification nous placerait
immédiatement dans un club
sélect. À ma connaissance,
aucune ville canadienne ne
détient cette certification. La
Société de transport de Calgary
est certifiée ISO 14 000.
Cinquièmement, il faut mesurer
nos progrès dans notre course
pour neutraliser notre empreinte
de carbone. Plusieurs moyens
s’offrent à nous. Par exemple,
la démarche du Global
Reporting Initiative (4) est
déjà utilisée par le
Fondaction de la CSN.
De plus, il nous faudra adhérer
à un mécanisme de compensation
pour l’émission des gaz à effets
de serre (ex. : Planetair) ou à
une bourse du carbone.
Sixième condition, il nous
faudra collectivement comme
citoyens de Sorel-Tracy se
mobiliser et développer une
pensée, des attitudes et des
réflexes en accord avec les
valeurs et les exigences d’un
encadrement de type A21. Il
faudra aussi des employés
municipaux motivés et impliqués
dans les différentes démarches.
Enfin, il nous faudra convaincre
les autres membres de notre
collectivité : écoles,
entreprises, CLSC, autres villes
de la MRC, etc. C’est la
gestion du changement.
À la lumière de ce qui précède,
est-ce que SDD/Conporec va nous
permettre de réduire notre
empreinte de carbone? « OUI »,
son processus de
bio-méthanisation des déchets
est une source considérable de
crédits de carbone. Est-ce que
nous avons besoin de devenir
propriétaires des installations
de SDD/Conporec? À l’évidence,
« NON ».
Notez que je ne comprends
toujours pas pourquoi la ville
s’est lancée dans cette démarche
d’achat. Mais ce n’est pas
l’objet de cette chronique tout
comme la décision bizarre
d’attribuer à long terme, un
contrat d’enfouissement des
déchets.
Combien pour devenir carboneutre?
Je dirais 1,5 M$ sur 10 ans.
Mais nous avons déjà des frais
pour l’actuel A21 et nous
devrions nous éviter une dépense
de 4,6 M$.
Quels sont les bénéfices de
devenir en 2021, la première
ville carboneutre au Canada?
Premièrement sur un plan
personnel, il est de la
responsabilité de chaque citoyen
de réduire son empreinte de
carbone. Un jour par la force
des choses, l’homme devra cesser
de « scraber » son
garde-manger, d’empoissonner
l’eau qu’il boit et l’air qu’il
respire. Sinon, il devra penser
à déménager.
Deuxièmement, de façon
terre-à-terre, c’est une
question d’image de marque pour
notre ville. Les différentes
certifications environnementales
qui sont accessibles pour qui
veut les obtenir, sont une carte
de visite incroyable. Les
spécialistes du marketing
parlent alors de « branding ».
Dans les années qui viennent,
les gens et les entreprises
voudront être de plus en plus
associés à des gagnants. Il
faut le devenir. La compétition
entre les villes sera féroce
(par exemple, le parc industriel
de Suhzou en Chine est certifié
ISO 14 000). Je suis convaincu
qu’un projet comme l’Écomonde
pourrait trouver son financement
plus rapidement en s’inscrivant
dans une démarche collective
ayant un but précis, être
carboneutre. Qui sait, un jour
Sorel-Tracy pourrait se
qualifier pour gagner le
prestigieux prix de « Champion
of the earth » (5) des
Nations-Unis.
En conclusion, c’était un bref
aperçu des efforts à consentir
pour avoir un A21 crédible et
utile. Êtes-vous prêts? Sinon,
il nous faut arrêter
immédiatement de payer
pour notre A21 actuel.
Personnellement, je suis partant
pour devenir carboneutre à
l’horizon 2021.
Jocelyn Daneau
Fier citoyen de
Sorel-Tracy!
Site internet :
http://jocelyndaneau.com/
Pour commentaire
sur cette chronique :
http://jocelyndaneau.wordpress.com/2011/03/27/une-annee-plus-tard-quelques-reflexions-et-une-proposition/
(1) première partie, voir plus
bas : L’Agenda 21 local de
Sorel-Tracy : Conporec, Bouddha
et les Carboneutres
(2) voir :
http://planetair.ca/modules/smartcontent/page.php?pageid=20
(3) voir :
http://www.cnwtelbec.ca/en/releases/archive/April2009/06/c7707.html
(4) voir :
http://www.globalreporting.org/Home
(5) voir :
http://www.iso.org/iso/fr/pressrelease.htm?refid=Ref994 |