LE SORELTRACY MAGAZINE     *  Dernière mise à jour : mardi 19 juillet 2011 12:26

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NÉCROLOGIE

NOUS JOINDRE



           
LA CHRONIQUE, DE JOCELYN DANEAU
 

mardi 19 juillet 2011

Sorel-Tracy sera-t-il en lice en 2021 pour un prestigieux prix de l’ONU? 

« En 2021, Sorel-Tracy sera la première ville carboneutre au Canada », c’est l’énoncé (1) de vision que je proposais la semaine dernière pour clore ma chronique.  Rappelons que j’estimais que la vision retenue, comme pivot central pour guider notre Agenda 21 local (A21 pour la suite), n’était pas suffisamment opérationnelle.  

À court terme, notre A21 se cantonne dans ce que l’on appelle, l’écoblanchiment : les montants investis dans le marketing vert (dans notre cas, des publicités dans les journaux locaux en début d’année) sont supérieurs aux actions vertes.   

À long terme, notre A21 propose un cadre d’analyse qui n’est pas suffisamment robuste pour prendre des décisions importantes. Pour le démontrer, j’ai utilisé un cas, la décision de notre ville d’acquérir ou non, les installations de SDD/Conporec pour 4,6 millions de dollars. 

Bref, quelles sont les conditions gagnantes pour rendre crédible un A21, version carboneutre?  Quels seront les bénéfices à devenir les premiers citoyens carboneutres au Canada c.-à-d. des gens qui compensent la pollution qu’ils génèrent par des gestes environnementaux.   

Notez au passage que A21 ne doit pas être un système de répartition de la pauvreté.  J’ai de la difficulté à saisir des actions comme la construction de logements sociaux, l’amélioration du système de santé, etc. sous le couvert de notre A21 actuel.  Il y a d’autres instances pour ce faire.  A21 doit être un système pour générer de la richesse sociale aujourd’hui et demain en vue de la répartir pour notre bénéfice à tous. 

La première condition pour devenir carboneutre (ou tous autres projets urbains) se décline sous 2 aspects fondamentaux.  Un, il faut que les porteurs du projet forment une équipe d’élus crédibles, soudés et centrés sur les mêmes objectifs.  Deux, il faut rassurer les citoyens à l’effet que les finances de la ville sont sous contrôles ou en voie de l’être.  Autrement dit, A21 ne doit pas être considéré comme une dépense mais comme un investissement social pour l’avenir. 

La seconde condition : obtenir des appuis.  Le premier, incontournable, c’est celui de la majorité de la population.  À défaut, un projet débute sur de bien mauvaises bases.  L’exemple de l’appui des gens à la cause des Éperviers ou du retour des Nordiques est éloquent.  Je sais, l’environnement c’est moins « glamour ».  Mais le sport ne nous fait pas manger tandis que les changements climatiques pourraient nous en priver.    

La troisième condition : mettre en œuvre à court terme, de gestes qui réduisent l’émission des gaz à effet de serres.  Déjà, nous recyclons avec les bacs bleus.  Mais, il faut des gestes supplémentaires qui soient porteurs.  Une suggestion, les réunions du conseil de ville pourraient rapidement devenir carboneutre; idem pour le prochain festival de la Gibelotte.  Planetair propose des techniques simples pour y arriver (2).  Vous savez que les installations canadiennes de la firme d’avocats Stikeman-Elliot sont certifiées carboneutres depuis 2009 (3)? 

Quatrièmement, doter la ville de Sorel-Tracy d’un plan avec des étapes, des responsables, des objectifs et des livrables.  Le maître mot ici est « rigueur ».  Un des premiers gestes à poser, certifier l’appareil municipal de Sorel-Tracy selon la norme ISO 14000 sur la gestion environnementale.  Si nous voulons être pris au sérieux, crédible, ce type de démarche est à envisager.  Cette certification nous placerait immédiatement dans un club sélect.  À ma connaissance, aucune ville canadienne ne détient cette certification.  La Société de transport de Calgary est certifiée ISO 14 000. 

Cinquièmement, il faut mesurer nos progrès dans notre course pour neutraliser notre empreinte de carbone.  Plusieurs moyens s’offrent à nous.  Par exemple, la démarche du Global Reporting Initiative (4) est déjà utilisée par le Fondaction de la CSN.  De plus, il nous faudra adhérer à un mécanisme de compensation pour l’émission des gaz à effets de serre (ex. : Planetair) ou à une bourse du carbone.  

Sixième condition, il nous faudra collectivement comme citoyens de Sorel-Tracy se mobiliser et développer une pensée, des attitudes et des réflexes en accord avec les valeurs et les exigences d’un encadrement de type A21.  Il faudra aussi des employés municipaux motivés et impliqués dans les différentes démarches.  Enfin, il nous faudra convaincre les autres membres de notre collectivité : écoles, entreprises, CLSC, autres villes de la MRC, etc.  C’est la gestion du changement. 

À la lumière de ce qui précède, est-ce que SDD/Conporec va nous permettre de réduire notre empreinte de carbone?  « OUI », son processus de bio-méthanisation des déchets est une source considérable de crédits de carbone.  Est-ce que nous avons besoin de devenir propriétaires des installations de SDD/Conporec?  À l’évidence, « NON ».   

Notez que je ne comprends toujours pas pourquoi la ville s’est lancée dans cette démarche d’achat.  Mais ce n’est pas l’objet de cette chronique tout comme la décision bizarre d’attribuer à long terme, un contrat d’enfouissement des déchets. 

Combien pour devenir carboneutre?  Je dirais 1,5 M$ sur 10 ans.  Mais nous avons déjà des frais pour l’actuel A21 et nous devrions nous éviter une dépense de 4,6 M$. 

Quels sont les bénéfices de devenir en 2021, la première ville carboneutre au Canada?   

Premièrement sur un plan personnel, il est de la responsabilité de chaque citoyen de réduire son empreinte de carbone.  Un jour par la force des choses, l’homme devra cesser de « scraber » son garde-manger, d’empoissonner l’eau qu’il boit et l’air qu’il respire.  Sinon, il devra penser à déménager. 

Deuxièmement, de façon terre-à-terre, c’est une question d’image de marque pour notre ville.  Les différentes certifications environnementales qui sont accessibles pour qui veut les obtenir, sont une carte de visite incroyable.  Les spécialistes du marketing parlent alors de « branding ».  Dans les années qui viennent, les gens et les entreprises voudront être de plus en plus associés à des gagnants.  Il faut le devenir.  La compétition entre les villes sera féroce (par exemple, le parc industriel de Suhzou en Chine est certifié ISO 14 000).  Je suis convaincu qu’un projet comme l’Écomonde pourrait trouver son financement plus rapidement en s’inscrivant dans une démarche collective ayant un but précis, être carboneutre.  Qui sait, un jour Sorel-Tracy pourrait se qualifier pour gagner le prestigieux prix de « Champion of the earth » (5) des Nations-Unis. 

En conclusion, c’était un bref aperçu des efforts à consentir pour avoir un A21 crédible et utile.  Êtes-vous prêts?  Sinon, il nous faut arrêter immédiatement de payer pour notre A21 actuel.  Personnellement, je suis partant pour devenir carboneutre à l’horizon 2021. 

Jocelyn Daneau
Fier citoyen de Sorel-Tracy!
Site internet : http://jocelyndaneau.com/

Pour commentaire sur cette chronique :
http://jocelyndaneau.wordpress.com/2011/03/27/une-annee-plus-tard-quelques-reflexions-et-une-proposition/



(1)  première partie, voir plus bas : L’Agenda 21 local de Sorel-Tracy : Conporec, Bouddha et les Carboneutres

(2) voir : http://planetair.ca/modules/smartcontent/page.php?pageid=20

(3) voir : http://www.cnwtelbec.ca/en/releases/archive/April2009/06/c7707.html

(4) voir : http://www.globalreporting.org/Home

(5) voir : http://www.iso.org/iso/fr/pressrelease.htm?refid=Ref994

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