LE SORELTRACY MAGAZINE     *  Dernière mise à jour : mercredi 30 juin 2010 09:28

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           Par Hélène Goulet

CHRONIQUE : DE QUOI J'ME MÊLE !
Par Hélène Goulet
 

Dur, dur, de lâcher prise…

Mardi 8 juin 2010

Nous sommes dans un van familial. Les vieux en arrière (i.e. mon chum et moi), le jeune en avant.

Et au volant.

Montréal, échangeur Turcot, un samedi midi. Rien de trop beau pour l’apprentissage…

Ya du trafic, mais le jeune conduit bien.

Le IPod joue à fond la caisse, la musique résonne dans mon oreille droite, je suis assise juste à côté du haut-parleur.

Oui, le jeune conduit bien, il possède son permis depuis un petit bout de temps, mais… disons qu’il conduit un peu trop vite pour son géniteur assis au fond du van, géniteur qui, malgré les mois d’expérience de son fils en conduite, estime qu’il a encore des croutes à manger. Ce père a beau tenter de se distraire en me faisant de beaux yeux, mais je sens que ces beaux-yeux-là ont beaucoup plus tendance à regarder anxieusement vers l’avant.

Le jeune, lui, jacasse avec sa sœur assise à côté de lui, tout à fait relax.

Oups, le trafic bloque. Le jeune freine à la dernière minute.

Le pouls du père, à côté de moi, frappe des coups de circuit à répétition.

- Eh, ralentis, ne freine pas comme ça à la dernière minute, tu vas beaucoup trop vite… Fais attention, sacrebleu !

- Relaxe, mon beau, il va apprendre par lui-même, on a tous fait ça dans notre jeunesse.

- Mais, Hélène, ça peut être dangereux, il conduit trop vite, trop près des autos en avant !

- D’accord avec toi, mais je suis sûre qu’il ne t’écoutera pas.

Petit aparté ici : en effet, la musique empêchait le jeune d’entendre ce qui se criait à l’arrière. Le IPod et les haut-parleurs, ça a été inventé pour empêcher les jeunes d’entendre leurs parents.

Bref, on appellera ça une anecdote parentale. Je suis sûre que vous avez tous vécu de telles situations. En tout cas, je l’ai aussi vécue avec Clo, ma progéniture adorée, mais un peu moins quand elle était au volant comme apprenti-conductrice.

C’est simple, même assise sur le siège du passager, j’avais le pied dans le fond du plancher, pesant sur un frein, imaginaire malheureusement, tout le long du trajet. J’essayais de me retenir de ne pas crier.

- Attention, y a un char, là, à 500 mètres (je tentais de l’avertir à l’avance)!

- Ben oui, la mère, stresse-pas, répondait-elle du haut de ses 16 ans-et-demi.

Et je ne vous parle pas de MA « cluch » qu’elle triturait à qui mieux-mieux, puisque j’ai toujours conduit une voiture manuelle.

Je pleurais quasiment en regardant le bras de transmission… mon beau bras de transmission, sniff, sniff.

Finalement, nous arrivions toujours à la maison saines et sauves.

Et, invariablement, survenait la question-qui-tue : « Maman, me prêtes-tu l’auto ce soir? »

Quoi ? Te laisser MON auto ? Je n’ai jamais aimé cette question.

C’est là qu’il faut lâcher prise, mes amis. Dur, dur, de lâcher prise ? Oui. Mais nécessaire, malheureusement.

C’est comme ça que nous avons appris, et c’est comme ça qu’ils vont apprendre, c’est dans la nature des choses, même si nos enfants seront toujours nos enfants et qu’on imagine 10 000 scénarios apocalyptiques lorsqu’ils nous empruntent « le char ».

Des fois, malheureusement, un de ces scénarios se concrétise, mais bon, en général, pas trop souvent.

J’ai moi-même fait des expériences de conduite qui auraient pu virer à la catastrophe, mais j’ai été chanceuse.

Et, surtout, ça m’a donné des leçons de conduite. Des vraies. De celles qui rentrent dans la caboche pour longtemps.

On ne peut espérer que cette chance arrive à tous nos enfants, sans exception.

C’est la grâce que je souhaite à tous les parents.

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