Le Café St-Thomas qui nous manquera

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l'opinion, ni n'engage le SORELTRACY MAGAZINE.
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Le Café St-Thomas qui nous manquera
Par : Jocelyn Daneau

Descendre le pont Turcotte et enfiler la rue Roi en direction du centre-ville historique de Sorel-Tracy n’est certes pas, la plus belle avenue du monde comme le sont les Champs-Élysée; mais c’est à coup sûr, le plus beau tronçon de notre ville, qui ne doit rien à d’autres et qui, immanquablement débouchait sur le St-Thomas avec en été, sa terrasse toujours fréquentée. Cette vision d’ancrage dans ma ville me manquera, comme ce sympathique resto.

Ce qui faisait le charme unique du Café St-Thomas, c’était son ambiance conviviale et son petit côté pub anglais, genre British; un endroit où le silence et le bruit se mêlaient harmonieusement, pour respecter le droit de chacun à la conversation, une rareté dans ce monde de bruit. De l’accès par la rue George en franchissant le hall d’entrée du St-Thomas, j’avais toujours l’impression en jetant un regard par la fenêtre, vers le Carré Royal, de me retrouver dans cette magnifique ville de Londres, que j’ai trop brièvement fréquenté comme touriste.

L’atmosphère du St-Thomas, c’était une configuration intimiste de « box » avec ses plafonds bas, diffusant une lumière dont l’intensité, qui de jour et de nuit, favorisait l’échange et la confidence en toute discrétion, tout en étant avec le « monde ». Je n’étais pas un régulier du St-Thomas, mais nous y allions régulièrement, moi et mes amis de chaque jeudi soir, que la vie nous ramène toujours comme un moment de bonheur.

Côté bouffe, considérant le succès dans la durée du St-Thomas, c’était toujours comme « Un souper presque parfait » avec des prix tout à fait corrects. Côté accueil et service, même avec les escaliers à monter à répétition, restons dans le Britannique, c’était là aussi, presque du « Downton Abbey »; impeccable, c’est peu dire. Bonne bouffe, excellent service, atmosphère agréable, ne soyons pas surpris que tout un chacun déplore depuis, la perte d’un endroit que l’on peut quasiment qualifier d’institution.

La fin d’un projet comme celle d’un voyage, surtout dans un contexte de réussite, laisse appréhender une étape de deuil. Mais celui-ci est d’autant plus pénible, sachant qu’il advient de façon abrupte, brutale. Laissons du temps au temps même si de nos jours, dans nos sociétés, nous expédions nos morts comme s’ils revenaient le lendemain.

Mais la vie doit continuer. Alors comblons rapidement cet espace devenu subitement vacant par les vicissitudes de la vie, dans ce centre-ville de Sorel-Tracy en manque d’amour depuis trop longtemps, mais que tous sans exception dans nos contradictions, disons aimer. C’est un coin de rue magnifique, une fenêtre sur nous-mêmes, en particulier pour les visiteurs, songeons-y.

Reconstruire le St-Thomas? Pourquoi pas, surtout si la formule qui a fait son succès est respectée ou s’en approche. Les clients reviendront dans la joie. Mais on le sait, on ne refait pas le passé, surtout pas à l’ère de la réglementation envahissante; laquelle étant censée améliorer nos vies, mais ne fait que l’uniformiser.

En terminant, sans me faire le porte-parole de personne, je suis convaincu que plusieurs se joindront à moi pour remercier chaleureusement les propriétaires et les employés du Café St-Thomas (sans oublier les gens du Salon de coiffure et du dépanneur adjacent) pour toutes ces années où un produit de grande qualité nous a été offert.

Merci!!!

Jocelyn Daneau, jocelyndaneau@gmail.com

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