De passage au Marine Cabaret de Sorel-Tracy
Shawn Phillips se souvient de sa collaboration avec les Beatles


Par Stéphane Martin, mercredi 30 août 2017

La légende folk rock, Shawn Phillips, était de passage au Marine Cabaret de Sorel-Tracy samedi dernier pour un spectacle avec la formation québécoise The NexXx. Le SorelTracy Magazine a profité de l’occasion afin de solliciter une entrevue avec le musicien originaire du Texas. Il a gentiment accepté de revenir sur sa collaboration avec les Beatles et de nous parler de son affection envers le Québec.

Stéphane Martin : L’année 2017 marque le cinquantième anniversaire de l’album Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band des Beatles. Ils en ont fait un grand événement avec une sortie du disque remasterisé au mois de juin. Ce que certains ignorent, c’est que vous étiez de la partie en 1967. On entend votre voix sur les chœurs de la chanson Lovely Rita. Comment tout cela est-il arrivé ?

Shawn Phillips : À l’époque, je me tenais avec les gars. J’enseignais à George à jouer du sitar [avant Ravi Shankar].  Un soir, il nous a dit qu’ils ajoutaient du piano sur certaines chansons et il nous a simplement invités avec lui. Nous étions avec un autre ami, Steve Sanders, et nous sommes tous allés au studio. Comme prévu, les gars y ajoutaient différentes parties sur différents morceaux. Il y a eu ce moment où Paul a dit qu’il fallait ajouter des chœurs sur Lovely Rita.  David Crosby était là aussi et Paul a dit : « David et Shawn, vous allez au micro et je vais vous dire ce que vous avez à faire ». Voilà comment c’est arrivé, on était ensemble et c’était l’heure de faire des chœurs sur une chanson et c’est tout.

Je me souviens également que plus tard, Paul a commencé à intégrer la toute première partie de piano sur A Day in the Life. Je crois qu’ils ont mis 22 pistes de piano au total et ce soir là, il en était à ajouter les premiers accords.

Stéphane Martin : Quand ils ont sorti l’album remasterisé cette année, est-ce que cela vous a rappelé des souvenirs ?

Shawn Phillips : Non pas du tout, c’est du passé. Vous savez, ce n’était qu’un moment entre amis, entre musiciens. Tu ne penses pas à ça en le faisant. Tu ne te dis pas qu’il s’agira d’un grand moment de l’histoire de la musique, ou quoi que ce soit. Il n’y a pas de concept de ce genre à ce moment précis.

J’étais aussi en studio quand ils ont pris la photo pour la pochette de l’album. Le photographe [Michael Cooper] était un de mes amis et j’étais avec lui ce jour-là.

Stéphane Martin : Maintenant, j’aimerais vous entendre parler du Québec. J’ai lu quelque part que vous y aviez habité pendant quelques années, est-ce que c’est vrai ?

Shawn Phillips : Oui, tout à fait. J’ai passé 4 hivers au Québec. Je me souviens être allé à un concert avec John McGale et les routes étaient sinueuses et glacées. On roulait à 30 km/h et il ne fallait surtout pas toucher aux freins. C’était une belle aventure.

Pour moi le Québec c’est d’abord la musique que les gens écoutent, même s’ils ne parlent pas anglais. Ils finissent par traduire, mais avant tout il y a la musique. Une chose que je peux dire sur le Québec c’est qu’on m’a toujours considéré comme un professionnel et qu’on a toujours respecté mon travail. Voilà pourquoi j’y reviens chaque année.

Stéphane Martin : Depuis quelques années quand vous venez au Québec, vous êtes accompagné du groupe The NexXx. Comment cette collaboration avec ces artistes québécois a-t-elle débuté ?

Shawn Phillips : Ils m’ont envoyé une vidéo dans laquelle ils interprétaient ma chanson Woman. Ils attendaient de moi que je leur dise si j’aimais ou pas. J’ai écouté attentivement ce qu’ils faisaient et j’ai eu envie de faire de la musique avec eux. J’ai envoyé un CD avec toutes les chansons que je souhaitais faire en spectacle. Quand je suis revenu au Québec pour le tout premier spectacle que nous allions faire ensemble, à la toute première pratique j’ai découvert que nous n’avions pas besoin répéter davantage, tout était parfait. Ils ont travaillé fort et je me suis dit que ça ne pouvait qu’aller mieux et devenir meilleur et encore meilleur avec le temps. On passe tellement de temps ensemble que lorsque je reviens, c’est comme retrouver une famille.


Shawn et Serge Leduc

Sur ce point, le guitariste de la formation The NexXx, Serge Leduc, est intervenu. « Ce que Shawn ne dit pas, c’est que lorsqu’il nous a donné le fameux disque avec ses chansons, il nous a donné carte blanche avec tous les arrangements. Il n’interfère jamais avec les gens qui veulent explorer. Dans notre cas, c’était un peu plus rock et il a dit que c’était parfait. Il a besoin de se réinventer tout le temps. Pour Shawn, c’est une façon d’avoir du plaisir à rejouer son matériel ».

    
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Shawn Phillips : Je donne aux musiciens la structure de base et ils y mettent leur vision. L’énergie avec eux est extraordinaire. Pour moi, jouer seul pendant deux heures avec une guitare acoustique, c’est ennuyeux à mourir. C’est pourquoi j’utilise la technologie [échantillonnage par ordinateur] quand je ne joue pas avec des musiciens, car je peux être un groupe par moi-même.

Âgé de 74 ans, Shawn Phillips présente son nouvel album Continuance. Il s’agit du 25e disque réalisé dans la fulgurante carrière du musicien. Pour son 75e anniversaire, Shawn Phillips souhaite être invité à jouer au Festival de jazz de Montréal.

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