LE SORELTRACY MAGAZINE     *  Dernière mise à jour : samedi 20 août 2011 10:59

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samedi 20 août 2011

Départ de Sorel-Tracy, des Franciscains

Les Franciscains, 88 années d’estime et d’entraide réciproques
dans la ville de Sorel-Tracy

La population de Sorel-Tracy est invitée à une grande célébration d’action de grâces mardi le 4 octobre 2011, à 14 h, à l’église Saint-Pierre de Sorel, en présence de Mgr François Lapierre, évêque du diocèse de Saint-Hyacinthe, qui tient à s’unir aux Franciscains pour remercier la population et rendre grâces au Seigneur.

Couvent des franciscains (1922-2011)


La fondation du couvent Saint-Pierre-Baptiste, appelé d’abord Collège missionnaire franciscain, remonte à juillet 1922, à la suite de démarches entreprises par le sorelois le P. Bonaventure Péloquin, ancien missionnaire de Chine, auprès de Mgr Bernard, évêque de Saint-Hyacinthe. Une soirée fut ensuite organisée à l’Hôtel de Ville, le 15 octobre suivant, par le maire Robidoux, en présence des curés des paroisses de Sorel et des autorités du diocèse. Mais ce n’était encore qu’une petite résidence de deux étages avec une demi-douzaine de frères se préparant à la vie missionnaire. En sa première forme, cette œuvre missionnaire se poursuivit de 1922 à 1946.

Le mot couvent, signifiant rassemblement ou fraternité, est le vrai mot à utiliser, pour des religieux non moines, même si le langage populaire d’ici utilise souvent le mot monastère, qui désigne la résidence des moines contemplatifs ou de moniales, comme les Clarisses. Alors, parlons du couvent de Sorel !

La construction du couvent actuel commença le 6 avril 1923, - bénédiction de la pierre angulaire, le 19 août, - et se termina le 6 octobre 1924. Il pouvait loger 10 religieux. L’histoire retient la mémoire de bienfaiteurs éminents : les familles Pontbriand, Letendre, Trempe, Grondin, Chalifoux, Matton et Ferland. C’est en ces lieux que fut fondée la revue missionnaire Les Missions Franciscaines, qui déménagea ensuite à Québec et finalement à Montréal, en 1969, où elle est encore bien vivante.

Au fil des décennies, les frères de famille au couvent St-Pierre-Baptiste furent très nombreux. Outre les tâches matérielles internes (cuisine, hospitalité, buanderie, chaufferie, quête, etc.) ils vivaient la vie en fraternité, en lien étroit avec le milieu. Le couvent compta dans ses rangs des frères exceptionnels. Les gens se souviendront particulièrement des pères Marie-Bernard Tétrault, Anastase Mailloux et du frère Daniel-M. Vidal, portier et quêteur.

Des œuvres à la portée du monde et de l’Église
En plus de l’Office divin et de la messe quotidienne, un des services fut l’accueil à la porterie. Bien des personnes y défilèrent pour s’informer, se recommander aux prières, recevoir de l’assistance matérielle et spirituelle. Des personnes de toutes les couches sociales : gens d’affaires, couples en difficultés, retraités, personnalités politiques en vue, célibataires, couples, clergé de la ville et itinérants. À la porterie s’annexait la pénitencerie pour la confession et l’accompagnement spirituel.

Les frères assuraient ainsi une présence quotidienne. Ce fut le siège de l’assistance spirituelle pour l’Ordre franciscain séculier des diocèses de Saint-Hyacinthe et Nicolet. Une autre forme de service fut l’aumônerie chez les Clarisses et autres communautés religieuses. Mentionnons aussi la prédication et l’assistance ministérielle aux paroisses et à l’hôpital de la ville.

Durant toutes ces années, il faut attribuer une mention spéciale aux mardis de Saint-Antoine, véritable institution à Sorel, tant au couvent qu’à la paroisse Saint-Maxime. 150 personnes y venaient treize mardis de suite, emplissant les corridors, le parloir, en plus de la chapelle. Souvent ces grands moments de prière franciscaine furent célébrés à l’extérieur.

Le Collège Didace Pelletier (1946-1965)


En 1946 naquit le Collège Didace-Pelletier, pour l’apprentissage de métiers, après avoir été précédé durant 10 ans d’un Collège missionnaire franciscain, qui offrait aux jeunes un ou deux ans d’études préparatoires à l’entrée au Collège séraphique de Trois-Rivières, pour le cours classique. À ce Collège Didace-Pelletier, on formait des frères pour les nombreuses missions du Canada, du Japon, de la Corée et du Pérou, relevant des Franciscains de l’Est du Canada.

Nommé directeur du Collège d’apprentissage de métiers en 1950, le P. Gilbert Laverdure obtint le permis de reconstruire. Le chantier s’ouvrit le 8 septembre 1952. C’était un immeuble mesurant 200 pieds de longueur par 62 de largeur, pouvant recevoir 100 pensionnaires. Il ouvrit ses portes le 18 janvier 1954 et fut béni le 1er avril 1954 par le Ministre général Augustin Sépinski. Le nom du collège lui vient du premier frère récollet canadien, menuisier et constructeur de chapelles à Percé, Plaisance (Terre-Neuve), Montréal et Trois-Rivières.

Une équipe de frères laïcs de la stature du Frère Didace y enseigna la menuiserie et l’ébénisterie (Eugène Bilodeau, puis Léandre Aubin), la cordonnerie (Libérato Joly), la lingerie et la confection de vêtements liturgiques (Wilfrid-Lionel Soucy), la reliure (Paul-Émile Bernier), la cuisine (Guy Gagnon, Cyprien Dubé et Archange Gouin). Ils se relayaient, le soir, à la surveillance des dortoirs.

Sur le toit du Collège fut installée une immense statue en bois de Notre-Dame-du-Fleuve, œuvre du sculpteur Médard Bourgault, de Saint-Jean-Port-Joli. Elle avait 20 pieds de haut, pesait 2000 livres et coûtait 3,000.00 $. Elle fut transportée vers Sorel, grâce à la générosité de Marine Industries des Simard, à la suite d’une campagne de publicité menée par la radio CJSO. La statue étendait les mains en signe de protection vers les navigateurs du fleuve Saint-Laurent. Elle fut bénite en 1954, par Mgr Arthur Douville.

Ce Collège Didace-Pelletier suivait le programme officiel des Écoles d’arts et métiers du Québec, ajoutant le cours secondaire en 1959. Il fut reconnu comme École secondaire indépendante par le Département de l’Instruction publique le 28 juin 1961. Les lettres patentes de son incorporation civile sont datés du 28 mai 1962 (information tirée du livre de Gonzalve Poulin, OFM, La Paroisse Saint-Maxime de Sorel 1946-1971, Sorel 1971, p.18-20).

Voici une illustration des activités de ce Collège, qui offrait des conférences mensuelles très courues. En 1965, par exemple, le Dr Léon Grondin traitait de son voyage au Pérou, le P. Norbert Bettez des ravages de l’alcoolisme, le P. Hector Fréchette de la Terre sainte, M. Robert Descôteaux, de l’apostolat des laïcs, le P. Anselme Descary de l’histoire du Pérou, Pat Girard de sa fracassante conversion, Jean-Jacques Poliquin, maire de Sorel, de l’histoire de Sorel (information tirée de la revue Nouvelles et documents, 1965, p.168).

Avec un édifice neuf, des locaux fonctionnels et un programme d’étude adapté au but qu’elle poursuivait, l’École secondaire Didace-Pelletier pouvait entrevoir un avenir de stabilité et de succès. Mais la réforme de l’éducation, appliquant les recommandations du Rapport Parent, obligea le Collège à fermer ses portes en juin 1965. Les locaux furent occupés l’année suivante par les élèves-infirmières de l’Hôtel-Dieu, puis loués à la Commission scolaire régionale Carignan en septembre 1966. On y aménagea 46 locaux pour professeurs et élèves. Chaque matin 800 étudiants et étudiantes convergeaient vers l’école et le soir 400 adultes, faisant ainsi de ces lieux l’un des principaux centres intellectuels de la ville (information tirée de la revue Nouvelles et documents, 1967, p.47)

La paroisse St-Maxime (1946-1990)



Le 26 février 1946, l’évêque de St-Hyacinthe, Mgr Arthur Douville, demanda au Provincial des Franciscains, le P. Damase Laberge, de s’occuper d’une paroisse de Sorel. Demande acceptée le 29 mai, et décret d’érection canonique de la paroisse Saint-Maxime, signé le 30 septembre 1946. Elle était nommée ainsi en souvenir du 5e évêque du diocèse Mgr Maxime Decelles. Statistiques : 682 familles. Les curés furent les pères Ludolphe Ayotte, Rosaire Rhéaume, Bertrand Saint-Pierre, Florian Philibert, Jogues Massé, Jean-Paul Lainesse, Jean-Jacques Gareau et Augustin Laneville.

Voici quelques réalisations qui eurent lieu dans la paroisse. Plusieurs travaux d’aménagement furent réalisés au temps du père Gareau : un oratoire au jubé, avec un ostensoir dans la fenêtre d’un petit phare, en l’honneur de la circulation maritime à proximité; un local insonorisé pour accueillir les enfants lors des célébrations ; une immense fresque à la grandeur de l’église illustrant saint François et son amour de la création ; de nouveaux vitraux de l’église sur le thème du Cantique à Frère Soleil ; beaucoup de restauration aussi. Les bancs d’église furent décapés par des chômeurs de Marine Industries et bien vernis ; les murs extérieurs furent recouverts en bardeaux de vinyle blanc et un campanile fut construit à côté de l’église. L’utilisation de l’audio-visuel en liturgie avait déjà comme but l’économie de papier et une meilleure participation des fidèles.

L’on faisait une introduction aux eucharisties et une projection après la communion, sur les textes rédigés par le prédicateur et illustrés à même une banque de 10,000 diapositives. Lors des mariages et des funérailles apparaissaient les images des gens concernés. À chacune des 5 messes de Noël, il y avait des crèches vivantes, avec 24 personnages costumés, et bien sûr une Crèche de Noël géante faite de personnages fabriqués à partir de grosses poupées. Une semblable imagination liturgique était déployée durant la semaine sainte et à Pâques !



La vie paroissiale était florissante : Mouvements de prière, la Rencontre, le Renouement conjugal, le Puits de Jacob, le Cursillo, les mouvements traditionnels et une vingtaine d’associations pieuses. Il y avait aussi la Société coopérative Foyers Unis, la visite des écoles primaires, beaucoup de mouvements comme l’A.F.E.A.S., le club des jeunes travailleurs, un centre de loisirs, l’organisation de grands bazars. Il y eut en 1980 le parrainage de naufragés de la mer, lors de l’épisode des Boat people ; accueil de six familles, 31 personnes, par les paroissiens. Levée de fonds et intégration complète de ces nouveaux arrivants. Pour le 8e centenaire de saint François, en 1982, prédication en équipe de quatre frères dans la grande région de Sorel-Tracy. Etc.

Après une épopée de 44 ans de pastorale renouvelée en cette paroisse Saint-Maxime, les Franciscains durent la quitter en 1990.

Notre histoire continue
Une page d’histoire finit de s’écrire avec la fermeture du couvent Saint-Pierre-Baptiste et la relocalisation des frères dans d’autres maisons. Nous portons le souvenir d’hommes et de femmes qui ont franchi notre seuil pour chercher un peu d’écoute, beaucoup de réconfort, de l’aide matérielle et des outils de diffusion de l’esprit de saint François. Et cela ne peut mourir !

Merci des Franciscains
Les Franciscains remercie sincèrement la population. Surtout ceux qui ont résidé en ce couvent durant les dernières années, Roland Désilets, gardien, Henri Éthier, Vivalde Robert, Rufin Turcotte, André Comtois et François De Ruijte, tous remercient cordialement les priants, les amis, les bienfaiteurs et les bénévoles, les membres de l’Ordre franciscain séculier, les Clarisses, les riches et les pauvres qui les ont fréquentés durant presque un siècle.

Par la force des circonstances, nous devons fermer nos portes, mais pas celles de notre cœur. Nous vous demandons de rester avec nous partenaires d’un même projet évangélique, au sens où saint François le souhaitait. Il était mobilisé par l’urgence d’apporter Dieu au monde, au milieu de la Cité. C’est avec un pincement au cœur, mais dans l’action de grâces et l’espérance, que nous laissons derrière nous 88 années d’estime et d’entraide réciproques.

Roland Bonenfant

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