mercredi 03 novembre 2010
Blocage
des sentiers de motoneige:
L’UPA est
responsable du resserrement de
l’ASRA
Saint-Hyacinthe, 3 novembre 2010.
Actuellement, le blocage des
sentiers en territoire agricole
en réaction à la réforme de
l’Assurance Stabilisation des
Revenus Agricoles (ASRA) fait
couler beaucoup d’encre. Mais
au fait, pourquoi réforme-t-on
l’ASRA?
Eh bien, cette
histoire commence en 1998 lors
du sommet de St-Hyacinthe où
étaient réunis, Laurent
Pellerin, président de l’UPA à
l’époque, Lucien Bouchard ancien
premier ministre et l’industrie
agricole. Sous le thème de
«la conquête des marchés»
ils visent doubler les
exportations agricoles avec le
porc comme fer de lance. Le
résultat ne se fait pas
attendre, car le cheptel porcin
passera de 3 800 000 têtes en
1998 à près de 8 000 000 en
2003. Qui dit porc, dit
céréale. On a donc pu voir les
céréales, surtout le maïs,
suivre la même courbe à la
hausse. Mais plusieurs
personnes, non invitées à ce
sommet, avaient prédit la chute
du prix du porc et surtout
l’incapacité du Québec à
produire un porc de commodité
concurrentiel en raison de sa
situation nordique. C’est
effectivement ce qui s’est
produit, car le porc, comme le
maïs, a chuté…demeurant
déficitaire presque chaque année
depuis 12 ans.
La beauté de la
chose c’est que ces deux
productions sont sous ASRA…donc
lorsque le marché est plus bas
que le coût de production…l’état
vous rembourse la différence au
2/3. Eh bien, la formule
était si bonne que la Financière
agricole s’est endettée de plus
1 milliard de dollars en raison
des coûts de remboursement de l’ASRA
qui ont littéralement implosé.
Tous auront compris que cette
dette de 1 milliard sera
remboursée autant par les
motoneigistes, les agriculteurs
que le reste de la population.
Il faut rajouter
à cela un autre élément. L’UPA
et ses fédérations ont augmenté
leurs prélevés dans chaque
secteur sous ASRA presque
annuellement, faisant ainsi
augmenter les coûts de
production. Ces prélevés, fixés
par le syndicat seul, sont
remboursés aux 2/3 par l’ASRA
lors des années
déficitaires.Finalement, comment
passer sous silence que l’UPA
détenait le contrôle de la
Financière agricole depuis sa
fondation jusqu'à récemment.
Elle en avait la présidence de
façon automatique en plus de
posséder la moitié des sièges au
conseil d’administration. Donc
elle a pu voir se creuser, année
après année, le gouffre de l’ASRA
sans intervenir pour corriger le
tir.
L’UPA
doit répondre
La question que
pose l’Union paysanne est :
serions-nous en train de parler
d’une réforme de l’ASRA si ce
n’avait été de la lubie de l’UPA
et de l’industrie de doubler la
production porcine en 1998? En
parlerions-nous en ce moment si
des correctifs avaient été
appliqués dès le début des
années 2000? Quel genre
d’agriculture aurions-nous si
Claude Béchard, ministre lors de
la réforme, avait pris la
décision de refiler la facture
de 1 milliard à l’UPA?
L’UPA
doit rendre des comptes
Il faut le dire
sur toutes les tribunes : l’UPA
est responsable de la situation
actuelle et les agriculteurs se
retrouvent coincés au milieu. Il
serait peut-être temps de
bloquer ses bureaux de Longueuil
et ceux en régions. De plus, sa
signature au bas d’un document
démontre qu’elle avait pris
l’engagement de ne pas bloquer
les sentiers à nouveau chose
qu’elle renie aujourd’hui.
Il est maintenant
temps pour l’UPA de réparer ses
erreurs. «L’UPA et
ses fédérations doivent faire le
ménage dans leurs prélevés et
les abaisser afin d’en retourner
une partie aux agriculteurs»,
souligne Frédéric
Sauriol secrétaire général de
l’Union paysanne. Les chiffres
parlent de plus de 130 millions
de dollars prélevés annuellement
dans les poches des agriculteurs
afin de faire tourner leurs
machines…des réductions de
prélevés seraient un pas dans la
bonne direction.
Le gouvernement a
aussi ses torts. En tardant à
mettre fin à l’hégémonie de
l’Union des producteurs
agricoles, il a ainsi tardé à
remettre l’agriculture sur ses
rails. La fin du monopole doit
devenir une priorité. De plus,
il existe d’autres façons de
sauver de l’argent dans l’ASRA.
«En plafonnant les
aides aux très gros intégrateurs
à 1 000 000 de dollars, cela
aurait libéré plusieurs millions
de dollars pour les fermes de
moins de 250 000$ de revenus»,
précise Benoit Girouard
président Union paysanne.
Finalement, les Contrats
d’Agriculture Multifonctionnelle
(CAM), cheval de bataille de
l’Union paysanne, sont toujours
en attente et pourraient ouvrir
une fenêtre de plus pour les
régions et les agriculteurs
touchés.
Benoit Girouard,
président Union paysanne
Fréderic Sauriol,
secrétaire Union paysanne
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